dimanche 19 février 2023

Vaincre ou mourir : récit d'un "génocide"

 

Vaincre ou Mourir est un film réalisé par Nicolas de Villers, Vincent Mottez et Paul Mignot. Il retrace le combat du général Charette de la Contrie, né le 2 mai 1763 à Couffé dans le Pays Nantais, et mort fusillé, le 29 mars 1796, à Nantes, place Viarme.

 


 

Le général Charette, ex-marin de la marine royale, ancien combattant au côté des insurgents américains, est un héros malgré lui. Obligé par les paysans, en révolte face au gouvernement totalitaire du Comité de salut public, à se mettre à leur tête, il va se révéler un militaire d’exception qui va tenir tête à l’armée la plus puissante du monde.

 

Entre 1793 et 1796, jusqu'à 200 000 Poitevins du Bas-Poitou, Bretons du Pays Nantais, Angevins des Mauges, ont été massacrés par les troupes républicaines au cours d'une guerre civile qui s'étendit partout en France. Le terme de "Guerre de Vendée", inventé par la Convention, induit en erreur car la zone de l'insurrection, ou "Vendée militaire", dépasse les limites du département de la Vendée.

 

Entre le 26 juillet 1793 et le 2 décembre 1794, le Comité de salut public et la Convention ont conçu et mis en œuvre un système d’extermination et d’anéantissement visant à éliminer de la surface de la terre les Vendéens et à faire table rase de leur territoire. Ce système s’appuie sur trois lois jamais abrogées à ce jour, la dernière, en date du 7 novembre 1793, prévoit symboliquement de débaptiser la Vendée pour lui donner un autre nom, "Département vengé", et de repeupler son territoire.

 

Le point de départ du génocide est le décret du 1er août 1793 voté sur proposition de Barrère de Vieuzac après un discours incendiaire : « Ici, le Comité, d’après votre autorisation, a préparé des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle [...] Le ministre de la guerre donnera sur le champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit transportée en poste dans la Vendée… » Article VI : « Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts. » Article VII : « Les forêts seront abattues ; les repaires des rebelles seront détruits ; les récoltes seront coupées par les compagnies d’ouvriers, pour être portées sur les derrières de l’armée et les bestiaux seront saisis. » En novembre 1793, le général Louis-Marie Turreau de Lignières, dit Turreau, est nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest avec la charge de faire appliquer le décret du 1er août. Turreau divise l’armée en six divisions de deux colonnes chacune, qui ont pour mission de ratisser le territoire et d’exterminer la population. Ce sont les « colonnes infernales » qui vont se livrer au génocide des Vendéens. L’ordre du jour du général Grignon, commandant la 2e division est très clair : « Je vous donne l’ordre de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d’être brûlé et de passer au fil de l’épée tout ce que vous rencontrerez d’habitants. » Les rapports des généraux républicains commandant les Colonnes sont aussi particulièrement explicites : « Nous en tuons près de 2000 par jour. […] J’ai fait tuer ce matin 53 femmes, autant d’enfants. […] J’ai brûlé toutes les maisons et égorgé tous les habitants que j’ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser mes munitions… » D'autres détails se trouvent dans les livres de Reynald Secher mais aussi dans une proposition de loi du 21 février 2007 qui demandait la reconnaissance du génocide vendéen.

 

   «  Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m'aviez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes, qui, au moins pour celles-là n'enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé »-

Général François-Joseph Westermann in Jacques Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, t. II, H. Plon, 1851 p. 4

 

Reynald Secher

Ces crimes ont été redécouverts en 1985 par un jeune universitaire, Reynald Secher, qui a soutenu une thèse d’Etat à Paris IV Sorbonne sous le titre :

Contribution à l’étude du génocide franco-français : la Vendée-Vengé, thèse publiée sous le titre : La Vendée-Vengée : le génocide franco-français.

L'État, du moins certains de ses représentants, a essayé de l'empêcher de soutenir cette thèse car on s'apprêtait à fêter le bicentenaire de la révolution.

 

Pour lui, il s’agit d’un génocide car ce qui s’est passé en Vendée correspond bien à la définition du concept de génocide tel que défini par la Convention de Nuremberg en 1945. « Un génocide est l'un quelconque des actes ci-après commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : meurtre de membres du groupe ; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe».

 

Article publié dans le média « agence Bretagne presse »

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