mercredi 30 mai 2012

Conférence médiathèque de Bourges


Merci à Mme PUYNEGE-BATARD pour son aimable invitation à la médiathèque de Bourges. Un public réduit, mais de toute évidence intéressé par le personnage de Rousseau.

mercredi 16 mai 2012

Rousseau, le Voile Déchiré

Voilà, il fallait bien que cela arrive... Après tant d'années de vie commune, la sortie prochaine (en juin) du "Voile Déchiré" marquera la fin de mon aventure en compagnie de Rousseau. Bien sûr, dans les mois qui viennent, j'irai à la rencontre des lecteurs. J'aurai donc l'occasion d'échanger autour du roman et de cette passion qui me tient depuis près de vingt ans.
Mais au fond de moi, la séparation est déjà faite. Et depuis le début des manifestations liées au tricentenaire de sa naissance, le Genevois s'est peu à peu éloigné de moi pour retourner vers les autres, à Genève, à Montmorency, à Chambéry, dans tous ces lieux consacrés où on l'exhibe depuis quelques mois au grand public. 
Je pense très sincèrement que les lecteurs qui ont apprécié "la comédie des masques" prendront plaisir à découvrir "le voile déchiré". Quant aux nouveaux lecteurs, qu'ils se rassurent : si les deux romans sont complémentaires, ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme des suites, mais plutôt comme une succession d'éclairages sur le philosophe genevois. Encore que... Davantage que le philosophe, c'est de l'homme dont je parle dans ces deux récits : de ses amitiés, des haines qu'il a endurées, des amours qu'il a connus... 
De cette petite histoire qui a donné naissance à la grande.
On me demande souvent quelle est la part de fiction dans ce que je raconte. Peu importe ! La fiction ne peut-elle pas dégager une vérité humaine ? Ne peut-elle s'emparer du mystère qui plane depuis plus de deux cents ans sur ce que certains ont appelé l'affaire infernale ?
Je sais bien qu'on me reprochera mon regard sur ces grandes figures de notre patrimoine. Sur Voltaire, sur Diderot, sur d'Alembert et les autres... D'ailleurs, après la sortie de la Comédie des Masques (qui vient de paraître chez Folio, voir ci contre), j'ai reçu bien des courriers de spécialistes qui prétendaient le tout, et aussitôt son contraire... Ce sera encore le cas dans les mois qui viennent, parions-le.
Cela n'a guère d'importance. Ce qui compte le plus, ce sont ces réactions de lecteurs, souvent trompés par leurs souvenirs scolaires, et qui sont surpris de découvrir ce destin tellement romanesque...
A bientôt, je l'espère, pour partager vos premières impressions.
OM

samedi 12 mai 2012

Lancement de "Rousseau, le voile déchiré" à Chenonceau

Avec Nathalie Iris (télématin) et Stéphane Watelet (directeur Ed Télémaque)

En bonne compagnie...

La presse face à l'expo "Rousseau heureux à Chenonceau"

instruments de physique exposés
Une journée ensoleillée, des journalistes venus en nombre, une expo "Rousseau heureux à Chenonceau" commentée par M. Vasseur (quel bonheur !!!), un accueil très chaleureux de Mme Menier, propriétaire et conservatrice du château. Sans compter la présence de M. Babelon, membre de l'Institut de France et conservateur de l'abbaye de Chaalis...
Pouvait-on imaginer mieux pour le lancement du 2nd tome ?

samedi 5 mai 2012

Les salons parisiens (8)

Chez le prince de Conti, avec le jeune Mozart
Si le monde de la finance, et notamment celui des fermiers généraux, détient la puissance de l'argent, il ne jouit pourtant pas de la considération à laquelle il aspire. Partout dans le royaume, on condamne son avidité, et dans certains cahiers de doléances, on le qualifie même de "sangsue qui ne s'engraisse qu'à force de sucer le sang". 
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'aristocratie parisienne, même désargentée, n'éprouve souvent que du mépris à l'égard de ces parvenus. Car la fortune ne suffit pas pour s'attirer la considération des grands. On reconnaît évidemment à cette haute bourgeoisie des qualités : le travail, la modération, la bienfaisance. Mais d'autres vertus, telles que le courage, la fierté, la grandeur d'âme, demeurent pour beaucoup l'apanage de l'ancienne noblesse. Si les deux élites se côtoient (dans les cercles, à l'Opéra, dans les soupers...), si les financiers acquièrent tout au long du siècle des charges anoblissantes, s'ils arborent souvent les mêmes attributs vestimentaires (l'épée, notamment), il faudra pourtant attendre les années 1780 pour que la société française devienne une société de classes (les riches, les autres) et non plus d'ordres (la noblesse d'épée et de robe, le tiers).
salon de Mme Geoffrin
Jusqu'à la Révolution, on ne joue en fait qu'une comédie d'égalité, comme  le montre l'exemple suivant : lors d'un bal organisé à Versailles en 1739, l'ordonnateur des divertissements constate que la salle ne peut accueillir tous les invités. Il est donc contraint de renvoyer certains d'entre eux. Qui choisit-il ? En premier lieu, les fermiers généraux et leurs épouses...
Les plus avisés des fermiers généraux sont évidemment conscients de cet état de fait puisque Claude Dupin en personne écrit que "l'égalité des conditions serait dans la société source de fainéantise et de misère". Pour autant, ils continuent de mimer le mode de vie aristocratique en achetant d'immenses demeures (la Chevrette, Chenonceau), en y créant des salons souvent prestigieux, en y organisant des fêtes somptueuses, en cultivant les arts et les lettres, en devenant enfin les mécènes des grands auteurs de l'époque.
C'est dans ces salons que vont lentement mais sûrement fusionner les deux mondes, essentiellement par le biais de mariages entre gens de condition et enfants de financiers fortunés.
A la fin de l'ancien régime, sur 80 000 nobles, il n'en reste plus qu'un millier dont les origines remontent à l'ancienne chevalerie. Et conjointement, l'argent en tant que valeur s'est définitivement imposé aux détriment d'anciennes valeurs (désormais désuètes...)  telles que l'honneur et la dignité...

jeudi 3 mai 2012

Les salons parisiens : Louise Dupin (7)

Louise Dupin
Epouse du fermier général Claude Dupin, Louise Dupin tient l'un des plus célèbres salons parisiens du XVIIIè siècle. L'hôtel Lambert (situé sur l'île Saint-Louis) puis le château de Chenonceau (acquis en 1733) accueilleront tour à tour les hôtes les plus prestigieux : des auteurs tels que Voltaire, Buffon et Fontenelle, mais également l'aristocratie de cour avec la comtesse de Forcalquier, la princesse de Rohan, Milady Hervey pour n'en citer que quelques-uns. Ducs, ambassadeurs, détenteurs du cordon bleu (ordre du St Esprit), on rencontre dans son cercle ce que Paris compte de plus éminent.
C'est en 1745 qu'elle prend Rousseau à son service en qualité de secrétaire. Louise Dupin travaille alors à plusieurs ouvrages, l'un sur les femmes, l'autre sur l'amitié, et Rousseau s'emploie à revoir sa copie mais également à lui fournir les documents indispensables. On s'est souvent étonné de voir le Genevois aussi effacé dans la maison Dupin, notamment quand on se souvient qu'il n'était même pas autorisé à paraître les soirs où elle recevait sa société. 
En fait, l'épouse du fermier général ne voit en lui qu'un de ces nombreux gratte-papier désireux d'entrer dans le monde des lettres, mais finalement condamnés à ce semi-parasitisme dans une grande maison parisienne. Ainsi, on peut comparer la situation de Rousseau (entre 1745 et 1751) à celle de Grimm, lui aussi secrétaire du comte de Friese au cours de ces mêmes années. 
Si j'ai quelque peu "maltraité" Louise Dupin dans La Comédie des Masques, c'est parce qu'elle manquait d'aspérités et que sa réputation était sans tache. Maîtresse de maison parfaite, elle joue à merveille le rôle qui lui est dévolu : ainsi, en pratiquant le mécénat, en acquérant de magnifiques demeures, en se constituant des collections de tableaux, en recevant les invités les plus illustres, le milieu des financiers montre qu'il rivalise avec le mode de de vie de l'aristocratie parisienne.
Château de Chenonceau
A l'instar de Mme Geoffrin voire de Louise d'Epinay, Louise Dupin renonce également à toute prétention au "bel esprit"ou à l'"esprit savant".  Elle renonce donc à publier, et aucun de ses ouvrages ne paraîtra de son vivant. 
A cette époque que l'on qualifie souvent de féministe, la femme du monde s'expose inévitablement au ridicule lorsqu'elle s'avise de rivaliser avec les hommes dans les domaines les plus sérieux. Pour ne l'avoir pas compris (ou accepté ?), Madame du Châtelet ( qui traduisait alors Newton en français), fut l'objet des pires moqueries.
Moins émancipée, Louise Dupin accepta finalement de s'en tenir à son rôle : celui d'une des plus grandes salonnières du siècle.