Louise Dupin |
Epouse du fermier général Claude Dupin, Louise Dupin tient l'un des plus célèbres salons parisiens du XVIIIè siècle. L'hôtel Lambert (situé sur l'île Saint-Louis) puis le château de Chenonceau (acquis en 1733) accueilleront tour à tour les hôtes les plus prestigieux : des auteurs tels que Voltaire, Buffon et Fontenelle, mais également l'aristocratie de cour avec la comtesse de Forcalquier, la princesse de Rohan, Milady Hervey pour n'en citer que quelques-uns. Ducs, ambassadeurs, détenteurs du cordon bleu (ordre du St Esprit), on rencontre dans son cercle ce que Paris compte de plus éminent.
C'est en 1745 qu'elle prend Rousseau à son service en qualité de secrétaire. Louise Dupin travaille alors à plusieurs ouvrages, l'un sur les femmes, l'autre sur l'amitié, et Rousseau s'emploie à revoir sa copie mais également à lui fournir les documents indispensables. On s'est souvent étonné de voir le Genevois aussi effacé dans la maison Dupin, notamment quand on se souvient qu'il n'était même pas autorisé à paraître les soirs où elle recevait sa société.
En fait, l'épouse du fermier général ne voit en lui qu'un de ces nombreux gratte-papier désireux d'entrer dans le monde des lettres, mais finalement condamnés à ce semi-parasitisme dans une grande maison parisienne. Ainsi, on peut comparer la situation de Rousseau (entre 1745 et 1751) à celle de Grimm, lui aussi secrétaire du comte de Friese au cours de ces mêmes années.
Si j'ai quelque peu "maltraité" Louise Dupin dans La Comédie des Masques, c'est parce qu'elle manquait d'aspérités et que sa réputation était sans tache. Maîtresse de maison parfaite, elle joue à merveille le rôle qui lui est dévolu : ainsi, en pratiquant le mécénat, en acquérant de magnifiques demeures, en se constituant des collections de tableaux, en recevant les invités les plus illustres, le milieu des financiers montre qu'il rivalise avec le mode de de vie de l'aristocratie parisienne.
Château de Chenonceau |
A l'instar de Mme Geoffrin voire de Louise d'Epinay, Louise Dupin renonce également à toute prétention au "bel esprit"ou à l'"esprit savant". Elle renonce donc à publier, et aucun de ses ouvrages ne paraîtra de son vivant.
A cette époque que l'on qualifie souvent de féministe, la femme du monde s'expose inévitablement au ridicule lorsqu'elle s'avise de rivaliser avec les hommes dans les domaines les plus sérieux. Pour ne l'avoir pas compris (ou accepté ?), Madame du Châtelet ( qui traduisait alors Newton en français), fut l'objet des pires moqueries.
Moins émancipée, Louise Dupin accepta finalement de s'en tenir à son rôle : celui d'une des plus grandes salonnières du siècle.
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