En guise de mise en bouche pour accompagner la sortie de De Profundis
(pour lire les chapitres qui précèdent)
22
Ils avaient avalé leur décoction d’un trait, et lorsque Brissart s’en servit une seconde rasade, Arno lui tendit son bol avant de s’allonger sur le canapé.
- Quand on y prend goût, c’est qu’on recherche l’oubli, fit remarquer son compagnon.
- Je n’ai pourtant pas assez souffert pour éprouver un tel besoin, répondit Arno d’une voix pâteuse.
Brissart hocha la tête, un vague sourire aux lèvres, et but une nouvelle gorgée.
- Tu as cette chance, mon ami, et je t’envie. Si je n’avais pas découvert le dessous des cartes, peut-être trouverais-je encore un attrait à cette triste partie que je suis contraint de jouer.
- Vous châtierez ce Legall. Ensuite, tout rentrera dans l’ordre, c’est vous-même qui l’avez dit.
- Dans l’ordre…, répéta Brissart avant de revenir d’un pas hésitant jusqu’au mur le plus proche et de plaquer son œil contre le judas. Il demeura un long moment sans parler, à observer ce qui se passait dans la pièce voisine, puis il posa son front contre la paroi et émit un petit rire qui fit tressauter ses épaules.
- Rentrer dans l’ordre… C’en est presque comique, si tu savais… Lorsque mes affaires m’amènent à Versailles, auprès du Contrôleur Général, je dois bien souvent me retenir pour ne pas vomir mes restes de repas sur ses souliers vernis. Et dire que ces glorieux se prétendent les meilleurs d’entre nous, qu’ils se vantent d’œuvrer pour le bien public quand ils ne songent plus qu’au leur. Ah ! Si tu les avais vus à l’œuvre sur le champ de bataille, à Lauffeld ou Maestricht, lâchant les intestins dans leur culotte au moment de mener l’assaut… Les misérables ! Combien d’entre eux savent encore monter à cheval, commander une troupe ou même manier l’épée ? Leurs ancêtres donnaient leur vie pour le suzerain, alors que ces gueux revêtus ne rêvent plus que d’amasser biens et fortune ! Cette épée qu’ils portent au côté n’est rien qu’un ornement de bibliothèque, et plutôt que de risquer une égratignure, ils trahiraient jusqu’à l’honneur de leur nom. Tu crois sans doute que j’exagère ? Eh bien, tu te trompes ! Je prends mes ordres de ces fripons, je collecte l’impôt pour leur compte, et toujours davantage malgré la misère qui sévit dans nos campagnes. Même le roi, entends-tu ! Oh ! En public, il feint évidemment de plaindre les pauvres gens, mais en réalité, il détient des parts dans nos affaires, et chaque année, il prélève pour son propre compte une part toujours plus large des recettes.
Comme Arno demeurait sans voix, le regard embrumé par la drogue, Brissart le prit par le bras et l’aida à se relever.
- Viens, il faut que je te montre quelque chose…
Le soutenant du mieux qu’il pouvait, il l’accompagna jusqu’au judas situé sur le pan de mur opposé. Arno appliqua son œil sur l’ouverture, fronçant les sourcils pour accommoder son regard à la pénombre qui régnait dans la pièce voisine. C’était un petit cabinet sans fenêtre, tendu d’étoffes or et rouge, et éclairé par une unique girandole sur pied qui dominait un canapé d’angle. Allongée sur le dos, une jeune femme tenait blotti contre elle un vieil homme vêtu d’une chape blanche et noire qu’il avait relevée sur ses genoux. Elle lui parlait à l’oreille, très doucement, et le religieux se pâmait d’aise, la tête enfouie dans le creux de sa gorge. Insensiblement, elle faisait glisser ses mains sur le ventre de l’homme, toujours plus bas, jusqu’à atteindre ses cuisses et disparaître sous les pans de sa chape. Lorsqu’elles atteignirent leur but, l’homme se raidit un court instant avant de retomber en arrière, un sourire béat sur ses lèvres épaisses.
- C’est le prieur du couvent des Grands Carmes, souffla Brissart à l’oreille d’Arno, un descendant de ces vénérables ermites qui ont participé autrefois aux saintes croisades. Entre ses temps de jeûne et de prière, il aime à passer des mains du Seigneur notre Père à celles, tout aussi expertes, de mes jeunes louves…
- Vous devriez dénoncer ce pourceau à ses supérieurs ! réagit Arno en reculant d’un pas.
- Ses supérieurs ? persifla Brissart. Mais quels supérieurs ? L’archevêque peut-être, ou encore le lieutenant de police ? Détrompe-toi, ils sont tous au fait de ce qui se passe dans ma maison, ils l’encouragent même dès lors que je leur livre de temps à autre quelques noms de renégats jansénistes surpris en fâcheuse posture.
- Vergogna ! bredouilla Arno en serrant les poings. Assez ! J’en ai assez vu !
Comme il titubait au milieu de la pièce, Brissart le prit à bras-le-corps et l’aida à reprendre place dans le canapé.
- Là ! Tu as raison, mon ami, laissons-là ce vieux bouc, il n’en vaut vraiment pas la peine.
- Dans ce cas, pourquoi m’avoir montré cette infamie ?
- Pourquoi ? Mais le voilà, Lavasina, cet ordre dont tu me parlais… C’est d’ailleurs lui qui a fait de moi ce que je suis devenu aujourd’hui…
Il balança un moment, puis avança de quelques pas jusqu’à la croisée, entrouvrant du doigt un battant pour examiner le jardin à l’arrière de la maison.
- C’est étrange… Dans cette ville, même la végétation se flétrit. Autrefois, mes fleurs embaumaient pourtant l’air de leur parfum. Aujourd’hui elles ne sentent plus rien…
Il tira lentement le rideau, replongeant la petite pièce dans la pénombre.
- Sur ton île, j’en suis certain, l’air doit être moins corrompu qu’ici…
- J’étais venu pour me délasser en votre compagnie, non pour deviser des senteurs du maquis.
- Tu as eu tort, comme moi d’ailleurs, lorsque je t’ai proposé cet emploi auprès de ma personne…
Arno cessa de frotter ses tempes endolories et releva la tête, interloqué.
- Je ne comprends pas ?
Brissart s’était retourné vers lui et le fixait avec une lueur indéchiffrable dans le regard.
- Vraiment ? C’est que ton âme est encore noble, Samaritain. Mais vois-tu, j’ai pris le temps de réfléchir. Si tu demeures auprès de moi, elle finira inévitablement par se flétrir, elle aussi. Et je m’en voudrais, crois-moi, d’autant que…
- D’autant que… ? répéta Arno pour l’inciter à achever.
L’autre détourna à nouveau la tête en direction de la croisée et reprit plus bas :
- Depuis peu, Versailles bruisse de rumeurs au sujet de ton pays. On parle d’un certain Paoli qui se serait fait élire à la tête de vos clans et qui réunirait une armée pour renvoyer les Génois en Italie. C’est là-bas qu’est ta place, et non à mes côtés…
- Encore un saltimbanque, ou même un agent à la solde de l’Angleterre ! réagit Arno. Il déguerpira dès que ses maîtres le lui ordonneront.
- À voir l’inquiétude de nos ministres, je me dis que cet homme est déterminé, en fait, et qu’ils éprouveront bien des difficultés pour le corrompre.
Un léger coup contre la porte interrompit soudain leur conversation. Sans attendre de réponse, une jeune femme venait de se glisser dans la pièce, un plateau de fruits à la main et une bouteille de vin dans l’autre. Elle déposa le tout sur la table basse et renouvela les bougies avant de s’éclipser.
- Ah, voilà de quoi nettoyer nos palais ! s’exclama Brissart. Allons, Samaritain, trêve de bavardages, prenons encore un peu de bon temps avant de nous séparer !
Lorsqu’il se réveilla de sa torpeur, Arno s’aperçut qu’il était seul dans la pièce. En se redressant, il vit par l’entrebâillement des rideaux que le soleil était déjà bas dans le ciel et qu’il n’allait pas tarder à se coucher. Le jeune homme ouvrit grands les yeux et s’efforça de se mettre debout. Il avait donc dormi tout ce temps ! Comment était-ce possible ? Et où était Brissart ? Il tendit l’oreille, à l’affût d’un bruit dans la maison.
- Il y a quelqu’un ? appela-t-il après avoir ouvert la porte.
Un bruit de pas résonna sur le dallage, en provenance de l’entrée, et l’un des commis apparut bientôt au détour du couloir.
- Ah ! Vous êtes revenu à vous ! Monsieur nous avait demandé de ne pas vous déranger.
- Et où se trouve-t-il ? l’interrogea Arno.
- Monsieur est sorti avec ses demoiselles. Elles doivent jouer une petite saynète dans un théâtre des environs. Mais n’ayez crainte, votre cheval vous attend à la grille. Monsieur vous fait dire qu’il y a des écuries à deux pas de l’immeuble où vous demeurez. Le curé de Saint-Jacques-la-Boucherie est un ami de Monsieur, et son palefrenier est un homme de confiance. Il prendra le plus grand soin de votre monture, soyez-en assuré.
Le domestique tendit à Arno sa veste et son justaucorps, et après l’avoir mené au râtelier où pendait son épée, il le raccompagna encore jusqu’à la sortie.
- Une dernière chose, dit-il alors qu’Arno enfourchait sa monture. Monsieur attend de vos nouvelles demain à midi. Au plus tard, a-t-il précisé…
Demain…, songea Arno tout en s’engageant parmi les promeneurs qui déambulaient sur le boulevard tout proche. Plus qu’une journée, la dernière, et il pourrait enfin rentrer chez lui…
Un peu revigoré par la fraîcheur nocturne, le jeune homme prit une large inspiration et tenta de rassembler ses idées, de se remémorer cet après-midi en compagnie de Brissart. Le financier l’avait entretenu de la Corse, de sa capacité à lutter contre l’oppression. Il parlait de Paoli avec tant de ferveur, tant d’émotion, qu’Arno s’en était trouvé bouleversé, des larmes plein les yeux. Durant ces quelques heures, ils avaient échangé sans retenue, comme l’auraient fait deux vieux amis.
Et maintenant qu’il avait repris ses esprits, Arno se sentait honteux de son attitude, de ce qu’il avait partagé avec cet homme, honteux surtout des sentiments qu’il avait éprouvés à son endroit.
Pour cet homme qui devait mourir demain.
23
Le conseil de guerre eut lieu dans la matinée, en présence de la Vaudry et de Spada, qu’un courrier était allé mander à la Cour des miracles.
- Ce sera un jeu d’enfants, décréta le gredin après avoir écouté les explications d’Arno. Il est inutile d’attendre plus longtemps. Envoyez un commissionnaire pour l’attirer ici, nous ferons le coup ce soir. On postera deux hommes sur la place afin d’assurer nos arrières. Avec Scevola et Gueule d’ange, nous surprendrons Brissart à l’étage. Toi, Lavasina, tu veilleras en bas avec son homme de main, ce Blayac.
- Seul ? demanda Arno.
- Eh bien, bastardu, cela te fait donc peur ? Que je sache, il te reste bien une main valide pour te battre, non ?
Comme la Vaudry fronçait les sourcils, Arno préféra ne pas réagir à la provocation.
- Et les corps ?
- On les jettera aussitôt à la rivière, intervint la matrone. Il ne doit rester aucune trace de leur passage dans ma maison. Aucune, m’entendez-vous ? Après cela, mes gaillards, il vous faudra décamper au plus vite et disparaître à jamais.
- Avec mon vieil ami, on ne prendra que quelques instants pour se faire nos adieux, promit Spada sans quitter son adversaire des yeux.
Arno soutint son regard sans ciller.
- Ne crains rien, Spada, on ne se séparera pas comme ça…
La brute s’arracha à son fauteuil, un sourire au coin des lèvres, et cracha dans le foyer de la cheminée avant de prendre congé.
- Un drôle de teigneux, ton gaillard ! maugréa la Vaudry dès qu’il fut sorti.
- Vous serez bientôt débarrassée de sa présence, assura Arno en posant sa main sur celle de la maquerelle. Et de la mienne, par la même occasion… Mais avant cela, je dois honorer une promesse que j’ai faite à l’une de vos pensionnaires.
- La petite Victoire, j’imagine ? répliqua l’autre d’un ton méfiant.
- Je voudrais vous racheter sa liberté…
La Vaudry s’esclaffa :
- Ah, c’est donc cela ! Le damoiseau s’est amouraché d’une de mes filles… Diable, mais c’est que cette aventure risque de te coûter cher, mon gaillard ! Attends que je calcule : si l’on compte l’ordinaire, la chemise de nuit, les déshabillés de mousseline, deux robes de soie ainsi qu’une pelisse pour l’hiver, on obtient…
- Laissons cela ! intervint Arno. L’argent n’est pas un problème, mais il faudra surtout lui retrouver une place dans une boutique du faubourg. C’est là le service que j’attends de vous.
La maquerelle posa sur Arno un regard surpris.
- Tu veux la renvoyer dans la rue ? Et c’est ainsi que tu comptes lui rendre service ? Malheureux, tu n’as pas compris que la petite s’est entichée de toi, elle doit s’imaginer que tu l’emmèneras dans tes bagages !
- Comment ? répéta Arno, incrédule. Mais je n’ai jamais rien dit qui lui ait permis d’entretenir un tel espoir !
La Vaudry poussa un long soupir désappointé avant de reprendre son verre de liqueur et de l’avaler d’un trait.
- À d’autres ! Je commence à vous connaître, vous autres ! Tu l’auras fait rêver avec tes contes à dormir debout, et ces pauvres filles se laissent malheureusement abuser par les cajoleurs de ton espèce…
Heurté par l’insinuation, Arno se releva et repoussa le fauteuil d’un mouvement brusque.
- Achevons là, Madame, sans quoi nos mots finiraient par dépasser notre pensée. D’autant que nous avons des dispositions à prendre pour ce soir, il serait temps de s’en préoccuper. Pour l’heure, je regagne ma chambre. Faites-moi appeler lorsque le dîner sera servi.
Au moment de franchir le seuil de la porte, Arno entendit la maquerelle grommeler entre ses dents :
- Grand diseur, petit faiseur… Espérons qu’il saura se montrer à la hauteur le moment venu.
Le jeune homme parvint à se contenir mais il se hâta de quitter la pièce au plus vite.
Il avait fait les cent pas, encore contrarié par la scène qu’il venait de vivre, puis il s’était affalé sur son lit sans même prendre la peine de quitter ses souliers. Assurément, il ne méritait pas de tels reproches, et encore moins d’une personne telle que la Vaudry. Un petit faiseur ? Alors qu’en moins de trois semaines, il était parvenu à démêler l’écheveau de cette enquête ! Bah, dans quelques heures, il ferait ravaler ses paroles à cette entremetteuse ! Lui s’occuperait de Blayac pendant que les autres régleraient son compte à Brissart. À bien y réfléchir, c’était mieux ainsi. Au moins, Roccu et les autres ignoraient tout des souffrances qui minaient leur adversaire, ils n’éprouveraient donc aucun scrupule à agir ni à l’achever le cas échéant.
Quant à Victoire… Arno examina sa conscience, cherchant à quel moment il s’était mal comporté avec la jeune femme, s’interrogeant même sur les paroles qu’il avait prononcées devant elle, avant de conclure qu’il n’avait pas à rougir de ses actes et qu’au contraire, cette fille devait lui être reconnaissante de ses bontés.
Un peu rasséréné, il se laissa retomber sur son lit et ferma les yeux dans l’attente du déjeuner. Lorsque le clocher voisin sonna une heure, il se releva, surpris que personne ne soit venu le chercher. D’habitude, on était pourtant ponctuel dans cette maison ! Il sortit sur le palier, descendit la première volée de marches et tendit l’oreille en direction de l’office, d’où s’échappaient des bruits de voix et de vaisselle. Elles mangeaient donc sans lui ! Sautant les marches deux par deux, il traversa le couloir à grandes enjambées et fit irruption dans la petite salle, où toute la maisonnée venait d’achever son repas. En le voyant entrer, Zaïre et Lolotte avaient baissé le regard sur leur assiette vide. La Vaudry se tenait à l’extrémité de la table, les deux mains posées à plat sur son ventre rebondi. D’un mouvement de tête, elle intima à ses demoiselles de quitter la pièce.
- Des nouvelles du commissionnaire ? demanda Arno dès que les deux filles furent sorties.
- Brissart a confirmé qu’il serait là à la nuit tombée.
- Et Victoire ? Où est Victoire ? J’aimerais m’entretenir avec elle.
- Oh, ça… ! fit la Vaudry en haussant les épaules. Lorsque je lui ai fait part de ta proposition, l’ingrate a fondu en larmes avant de prendre ses jambes à son cou et de fuir la maison. On se demande, n’est-ce pas, ce que cette mijaurée a bien pu se mettre en tête…
Arno serra les dents sans répondre.
- Tiens ! reprit la maquerelle en poussant la marmite vers lui. Comme cette mésaventure nous a coupé l’appétit, à nous autres, voilà de quoi te remplir la panse ! Car j’imagine que toi, tu dois avoir une faim de loup…
Elle laissa ses mots en suspens, dans l’attente d’une réaction qui ne vint pas, puis elle repoussa sa chaise pour se lever à son tour.
- Prends tout de même garde à ton estomac, plaisanta-t-elle, ce serait dommage que tu tournes de l’œil au moment crucial.
Au passage, elle lui adressa un sourire dans lequel Arno lut tout le mépris qu’elle éprouvait à son endroit. Après son départ, il demeura un long moment immobile, les yeux dans le vide, pendant que le brouet refroidissait dans son assiette. Il l’avala finalement d’une traite, par goulées épaisses, pressé d’en finir et de gagner le sérail, où il patienterait jusqu’au soir.
Scevola arriva peu avant la tombée du jour, accompagné du seul blondin. Ils étaient armés jusqu’aux dents, l’épée au côté, mais également un poignard au ceinturon.
- Où est Spada ? s’inquiéta Arno.
- Il est là, bastardu, répondit une voix en provenance du couloir. Pour ne rien te cacher, j’ai été un peu retardé par une rencontre inattendue.
Il venait d’entrer dans la salle de compagnie, précédé de Victoire, dont les yeux rougis trahissaient les larmes qu’elle avait dû verser.
Déjà, Arno se précipitait vers elle.
- Mais comment… ?
- Ce n’est rien, Monsieur, bredouilla la jeune femme en détournant le regard. J’ai eu maille à partir avec quelques vauriens, votre ami passait dans le quartier, et il est venu à mon secours.
- C’est ça, confirma Spada avec un rictus qui découvrit ses dents gâtées. Il faudra d’ailleurs songer à me dédommager pour ce service, ma toute belle !
- Et ton larron ? intervint Scevola pour couper court à la querelle qui menaçait.
- Il ne devrait guère tarder, expliqua fébrilement Arno. Victoire va vous indiquer votre chambre à l’étage, elle ira ensuite se mettre à l’abri dans la remise sous le comble.
- Où est passée la maquerelle ? s’inquiéta Roccu.
- Elle est sortie boire une limonade avec les filles. En cas d’embûche, les habitués du Palais-Royal témoigneront qu’elle n’a pu prendre part à cette affaire. Allons, assez parlé, il n’y a plus de temps à perdre !
Alors que le petit groupe s’avançait vers les marches, Scevola s’arrêta auprès d’Arno et le serra contre lui en une brève étreinte.
- Voi dei nemici nostri
A noi date vittoria [1]
- N’aie crainte, mon ami, le rassura Arno, le ciel est de notre côté. Il est toujours du côté des justes. Dans moins d’une heure, puisque Dieu le veut, nous en aurons fini avec tout ça !
( à suivre )