samedi 31 janvier 2015

Grands textes du XVIIIè siècle (1)

 Rousseau, le Contrat Social (1762)

 Pour Rousseau, la souveraineté est l'exercice de la volonté générale, d'une volonté citoyenne consciente de l'intérêt général. Cette souveraineté est inaliénable. Elle ne saurait donc être confiée à des représentants. Les révolutionnaires passeront cette précision sous silence...



Diderot, article "autorité politique", Encyclopédie (1751)

D'où vient l'autorité du roi ? Depuis Louis XIV, il était entendu qu'elle était d'origine divine. Se référant au droit naturel, Diderot envisage pour sa part une autre hypothèse.



Voltaire, article "guerre", Dictionnaire philosophique (1764)
Voltaire met son talent de rhéteur au service d'une dénonciation de la guerre (celle dite de 7 ans vient de s'achever) et condamne au passage l'attitude de l'Eglise ainsi que celle des philosophes métaphysiciens.



vendredi 30 janvier 2015

Des femmes dans l’espace public en France au XVIIIe siècle

  

L'historienne Annie Duprat nous propose une réflexion intéressante sur la condition féminine au XVIIIè siècle. 
Détail amusant pour moi qui ai consacré ces deux dernières années à la trop méconnue Louise d'Epinay : lorsque l'historienne mentionne Emilie, Emilie, elle précise que l'ouvrage d'Elisabeth Badinter est consacré à Emilie du Châtelet et Emilie (???) de Condorcet...

Pauvre Louise... 

mardi 27 janvier 2015

Marion Sigaut et le « combat contre l’obscurantisme »

         

Dans cette intervention plus que passionnée, Marion Sigaut revient une fois encore sur la condamnation à mort du chevalier de La Barre, s'en prenant cette fois aux enseignants ("vous avez fini de mentir comme ça ?" vitupère-t-elle) en même temps qu'à Voltaire ("menteur pathologique").
Concernant ce dernier, évidemment, on donnera raison à la polémiste. Dans tous ses opuscules, pamphlets et autres libelles, Voltaire n'a cessé, sa vie durant, de mentir. Comme l'ont montré plusieurs de ses biographes, il a d'ailleurs toujours usé et abusé du mensonge pour arriver à ses fins.
Faut-il pour autant le lui reprocher ? 

Avant d'en décider, rappelons tout d'abord qu'il n'est intervenu dans cette affaire judiciaire (comme dans celles de Calas et Sirven) que parce qu'elle servait son objectif véritable : à savoir laïciser la justice comme on l'a déjà expliqué ici. Pourtant, me direz-vous, Marion Sigaut nous explique avec force qu"'il n'y avait aucune interférence entre l'institution ecclésiastique et l'institution judiciaire...que cela soit dit". Vraiment ? Pourtant, un brin candide, elle se contredit deux minutes plus tard en précisant que lors de la triste affaire d'Abbeville, Mgr de la Motte a fait placarder son monitoire "sur ordre de la justice", menaçant par la même occasion les habitants de la ville de "damnation éternelle" s'ils ne venaient pas déposer... Notre historienne devrait de toute évidence prendre un peu de hauteur (à la manière du micromegas de Voltaire...) et comprendre qu'au lieu de définir précisément leurs compétences, l'ordonnance de 1670 laissait aux juges le pouvoir de décider ce qui tombait sous le coup de la loi. De fait, jusqu'en 1789, nos tribunaux ont continué de punir l'hérésie, le blasphème, le sacrilège, l'adultère, la fornication, en l'occurrence des crimes spirituels...
Le chevalier de la Barre est mort de cette confusion... 
Mort décapité pour un délit (s'il l'a commis ?) qui aurait mérité un bon coup de pied aux fesses...
Tout le combat de Voltaire en matière de justice se trouve dans ce simple constat...  
A titre personnel, je crois donc qu'on peut pardonner au patriarche de Ferney les effets rhétoriques, les approximations et les mensonges dont il était si friand dans son combat contre cet obscurantisme-là.  Et quitte à se montrer charitable, on conseillera par la même occasion à Marion Sigaut de lire et de s'interroger sur l'Esprit des lois, ouvrage dans lequel Montesquieu avance cette célèbre définition : "les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses"...

lundi 26 janvier 2015

Daniel Roche - A propos des Lumières

 Spécialiste de l'Ancien Régime, Daniel Roche est professeur honoraire au Collège de France. Auteur de nombreux et passionnants ouvrages sur le XVIIIè siècle (voir ci-dessous), il nous livre ici un témoignage tout en nuances sur le mouvement des Lumières.
Daniel Roche


Pourquoi insistez-vous sur les aspects économiques et sociaux des Lumières ?

Les Lumières ne constituent pas un mouvement d'idées homogène qui aurait abouti à la Révolution Française. Il s'agit là d'une vision rétrospective qui ne correspond en rien à la réalité historique. Entre 1650 et 1789, on ne trouve aucun mouvement d'idées cohérent, ni en Europe, ni en France ni ailleurs. Les Lumières sont un  mouvement hétérogène où des idées diverses circulent (...)

Mais qui a accès alors aux idées philosophiques ?

Une minorité, même si le XVIIIè siècle, pour des raisons d'abord liées à la Réforme et à la Contre-Réforme, a favorisé l'alphabétisation et la scolarisation. Les domestiques - pas tous - commencent à savoir lire. Quant aux classes dirigeantes, elles fréquentent les collèges et les universités. Mais il ne faut pas oublier que la finalité des universités, au XVIIIè siècle, est de produire des juges, des curés, des médecins, et au-delà des philosophes, mais certainement pas d'abord des philosophes ! (...) Il en va de même des idées politiques : grâce aux journaux, aux brochures, aux chansons et aux gravures, elles pénètrent profondément le tissu social.

Jusqu'au petit peuple ? Le mouvement des Lumières était-il essentiellement bourgeois ?

La recherche a montré qu'il n'y avait pas de coïncidence sociale : les Lumières ne concernent pas une classe en particulier. Certes, une classe éclairée va se constituer aux XVIIè et XVIIIè siècles, mais en puisant en grande partie dans le clergé, dans la noblesse, dans les représentants de la bourgeoisie, souvent à l'exclusion des milieux du commerce et du profit. Si bourgeoisie des Lumières il y a, elle est plutôt un mouvement de juristes, de médecins, mais ce n'est pas, à quelques exceptions près, une bourgeoisie de capitalistes.

(extraits d'une interview accordée au Point - mars/avril 2010)




vendredi 23 janvier 2015

Je suis Louis XVI...





Voilà de bien tristes énergumènes... On y entend notamment l'ignoble Sixte-Henri de Bourbon-Parme cracher son fiel sur les "caricaturistes honteux" de "l'infâme papier" Charlie Hebdo, puis expliquer le plus benoîtement du monde : "Moi, j'aime bien les musulmans qui se défendent quand on attaque leurs références"...
Les corps devaient encore être tièdes lorsque ces propos ont été tenus.
Quant à Marion Sigaut... Son soutien et sa présence à un tel rassemblement m'étonnent à peine. Immonde... Très petite personne...
Et dire qu'il y a huit jours à peine (voir article du 14 janvier), j'écrivais les mots suivants : "Aujourd'hui, ils se taisent, gênés sans doute par le sursaut républicain qui a fait frissonner la France durant quelques jours (...) Mais demain ? Dans  quelques jours, dans quelques semaines, dans quelques mois, ils se réveilleront et reprendront leur travail de sape..."
Ces gens-là n'auront même pas eu la décence d'attendre...

le prince de Bourbon-Parme  





La contrebande de sel au XVIIIè siècle

Un ouvrage fort intéressant sur le XVIIIè siècle, écrit par deux historiens berrichons, et analysant le problème de la contrebande de sel en Berry et Nivernais.
Ces quelques lignes, extraites du chapitre III, nous font comprendre l'"imbroglio fiscal" qui mit sur les routes du royaume tant de faux-sauniers.

"La gabelle représentait une source de revenus fort importante pour le trésor. En 1774, elle produit cinquante-huit millions et de mi de livres ; les pays de grande gabelle versent la majeure partie de cette somme énorme, soit environ quarante millions... Cet impôt sur le sel accablait la population mais, en plus, l'incohérence et l'iniquité attachées à sa perception le rendaient particulièrement impopulaire et incitaient à la contrebande. En effet, la gabelle pesait particulièrement lourd sur les vieilles terres capétiennes alors que les terres nouvellement conquises ne subissaient que peu ou pas d'imposition. La France se retrouvait ainsi divisée en six "pays". De l'un à l'autre, le prix du sel variait de façon inconsidérée. (...) Dans les pays exemptés de gabelle, le prix d'un minot de sel allait de une à neuf livres, tandis que dans les pays de grande gabelle, il pouvait atteindre plus de soixante livres."
"La guerre du sel en Berry et Nivernais", de Françoise BEZET et Henri-Claude MARTIN, Ed la Bouinotte

mardi 20 janvier 2015

L'histoire de France enseignée à nos enfants (4)

J'entendais dernièrement une historienne (du moins se présente-t-elle ainsi...) vanter la qualité des manuels d'histoire de son enfance. 
Vous trouverez ci-dessous quelques pages extraites de l'ouvrage Histoire de France, publié en 1949, et destiné aux élèves de cours élémentaire.
Je vous laisse apprécier la courte présentation qu'il fait de l'épisode révolutionnaire...
 Cette page consacrée à Joseph Bara, jeune domestique tué par des voleurs en décembre 1793, reprend tous les poncifs de l'hagiographie révolutionnaire.
 Les soldats de la Révolution sont bien évidemment des "héros que nous devons admirer" ! La question 3 reprend : "Pourquoi les admirons-nous ?"
Pauvre Louis XVI ! Qualifié de "peu intelligent" dans la page précédente, on découvre maintenant qu'il fut "faible et lâche toute sa vie"...

lundi 19 janvier 2015

L'histoire de France enseignée à nos enfants (3)

J'entendais dernièrement une historienne (du moins se présente-t-elle ainsi...) vanter la qualité des manuels d'histoire de son enfance. 
Vous trouverez ci-dessous quelques pages extraites de l'ouvrage Histoire de France, publié en 1949, et destiné aux élèves de cours élémentaire.
Je vous laisse apprécier la courte présentation qu'il fait de l'épisode révolutionnaire...


samedi 17 janvier 2015

L'histoire de France enseignée à nos enfants (2)

J'entendais dernièrement une historienne (du moins se présente-t-elle ainsi...) vanter la qualité des manuels d'histoire de son enfance. 
Vous trouverez ci-dessous quelques pages extraites de l'ouvrage Histoire de France, publié en 1949, et destiné aux élèves de cours élémentaire.
Je vous laisse apprécier la courte présentation qu'il fait du règne de Louis XVI...

 

L'histoire de France enseignée à nos enfants (1)

J'entendais dernièrement une historienne (du moins s'annonçant comme telle...) vanter la qualité des manuels d'histoire de son enfance. 
Vous trouverez ci-dessous quelques pages extraites de l'ouvrage Histoire de France, publié en 1949, et destiné aux élèves de cours élémentaire.
Je vous laisse apprécier la courte présentation qu'il fait du règne de Louis XV.
Un roi "mal élevé", "égoïste", "paresseux", uniquement tourné vers les "plaisirs" (la "chasse" et la "cuisine"), et responsable de tous nos déboires militaires en Inde et au Canada.
N'en jetez plus, la cour est pleine !

vendredi 16 janvier 2015

Voltaire au secours de Charlie...

S'il est truffé d'approximations, l'article de Guy Konopnicki (paru ce jour dans Marianne) prouve qu'un très méchant homme peut écrire une oeuvre très profitable !
D'ailleurs, les ventes de son Traité sur la Tolérance explosent aujourd'hui en librairie...
Pour redécouvrir l'homme Voltaire, on relira l'intéressant ouvrage de Michel Cuny :  Voltaire, l'or au prix du sang (les textes reproduits le sont avec l'autorisation de l'auteur).

mercredi 14 janvier 2015

Aux intégristes de tout bord...

Cela fait plusieurs années que je le regarde croître, ce cancer qui ronge notre République, qui sape nos valeurs et gangrène nos institutions. 
Comme l'hydre, cette maladie monstrueuse possède plusieurs têtes, parfois séduisantes, souvent souriantes et affables, mais toujours dangereuses.
Au cours de ces dernières années, j'ai mis des noms sur ces visages : Alain Escada, Marion Sigaut, Christine Boutin, Farida Belghoul... D'autres encore qui, comme le Lucifer de la Vulgate, prétendent nous apporter la lumière alors que leur monde n'est qu'obscurité.

Jouant de nos peurs et de notre ignorance, ils instillent jour après jour leur venin dans des terres et des esprits laissés en friche par une République faible et malade.
L'une qualifie l'homosexualité d'"abomination", l'autre accuse les enseignants de déshabiller en plein cours les enfants de maternelle afin de les initier à la sexualité, la troisième égrène ses mensonges sur l'Ancien Régime, crachant au passage son fiel sur les grandes figures des Lumières. 
Ils ne sont pas Charlie, eux...


Aujourd'hui, ils se taisent, gênés sans doute par le sursaut républicain qui a fait frissonner la France durant quelques jours. Comme le serpent lové sur lui-même, ils attendent...
Mais demain ? Dans quelques jours, dans quelques semaines, dans quelques mois, ils se réveilleront et reprendront leur travail de sape...  
Les récents événements ont contraint nos femmes et nos hommes politiques à sortir de leur apathie et de leur médiocrité pour se montrer dignes, momentanément, de ce qui a fait la France de 1789. Liberté, égalité, fraternité sont des mots inscrits au fronton de nos écoles. Fondateurs de notre loi républicaine, ils dénient de facto toute légitimité à la loi religieuse. 
A toute loi religieuse, quelle qu'elle soit... J'aimerais tant que cela dure...

A ce titre, je rappelle qu'avant la Révolution, les Parlements du Royaume étaient en droit de punir non seulement le blasphème, mais également le concubinage, l'hérésie, la luxure et l'adultère... La Barre, Lenoir, Diot, la liste est longue de ceux qui l'ont payé de leur vie. Comme aujourd'hui... 
Et il s'en trouve pour souhaiter ce retour en arrière. Et il s'en trouve pour se laisser séduire par leurs discours !
Dans une épître aux Corinthiens, Saint Paul nous l'annonçait déjà : 
   "Ces sortes de gens sont de faux apôtres, des fraudeurs, qui se déguisent en apôtres du Christ.
  Cela n’a rien d’étonnant : Satan lui-même se déguise en ange de lumière."

mercredi 7 janvier 2015

Article Fanatisme de l'Encyclopédie (A. Deleyre)


En ce jour sombre, rendons un modeste hommage aux victimes du fanatisme religieux, aux Sirven, La Barre, Calas, à tous les martyrs de ce que Deleyre (dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert) appelle pudiquement un "zèle aveugle et passionné qui... fait commettre des actions ridicules, injustes et cruelles."



FANATISME, s. m. (Philosophie.) c’est un zèle aveugle et passionné, qui naît des opinions superstitieuses, et fait commettre des actions ridicules, injustes, et cruelles ; non seulement sans honte et sans remords, mais encore avec une sorte de joie et de consolation. Le fanatisme n’est donc que la superstition mise en action.  

Imaginez une immense rotonde, un panthéon à mille autels ; et placé au milieu du dôme, figurez-vous un dévot de chaque secte éteinte ou subsistante, aux pieds de la divinité qu’il honore à sa façon, sous toutes les formes bizarres que l’imagination a pu créer. A droite, c’est un contemplatif étendu sur une natte, qui attend, le nombril en l’air, que la lumière céleste vienne investir son âme ; à gauche, c’est un énergumène prosterné qui frappe du front contre la terre, pour en faire sortir l’abondance : là, c’est un saltimbanque qui danse sur la tombe de celui qu’il invoque ; ici c’est un pénitent immobile et muet, comme la statue devant laquelle il s’humilie : l’un étale ce que la pudeur cache, parce que Dieu ne rougit pas de sa ressemblance ; l’autre voile jusqu’à son visage, comme si l’ouvrier avait horreur de son ouvrage : un autre tourne le dos au midi, parce que c’est-là le vent du démon ; un autre tend les bras vers l’orient, où Dieu montre sa face rayonnante : de jeunes filles en pleurs meurtrissent leur chair encore innocente, pour apaiser le démon de la concupiscence par des moyens capables de l’irriter ; d’autres dans une posture toute opposée, sollicitent les approches de la divinité : un jeune homme, pour amortir l’instrument de la virilité, y attache des anneaux de fer d’un poids proportionné à ses forces ; un autre arrête la tentation dès sa source, par une amputation tout à fait inhumaine, et suspend à l’autel les dépouilles de son sacrifice.
Voyez les tous sortir du temple, et pleins du dieu qui les agite, répandre la frayeur et l’illusion sur la face de la terre. Ils se partagent le monde, et bientôt le feu s’allume aux quatre extrémités ; les peuples écoutent, et les rois tremblent. Cet empire que l’enthousiasme d’un seul exerce sur la multitude qui le voit ou l’entend, la chaleur que les esprits rassemblés se communiquent ; tous ces mouvements tumultueux augmentés par le trouble de chaque particulier, rendent en peu de temps le vertige général. (…)


Il est affreux de voir comment cette opinion d’apaiser le ciel par le massacre, une fois introduite, s’est universellement répandue dans presque toutes les religions ; et combien on a multiplié les raisons de ce sacrifice, afin que personne ne pût échapper au couteau. Tantôt ce sont des ennemis qu’il faut immoler à Mars exterminateur : les Scythes égorgent à ses autels le centième de leurs prisonniers ; et par cet usage de la victoire, on peut juger de la justice de la guerre : aussi chez d’autres peuples ne la faisait-on que pour avoir de quoi fournir aux sacrifices ; de sorte qu’ayant d’abord été institués, ce semble, pour en expier les horreurs, ils servirent enfin à les justifier. (…)



Les sources particulières du fanatisme sont :
1°. Dans la nature des dogmes ; s’ils sont contraires à la raison, ils renversent le jugement, et soumettent tout à l’imagination, dont l’abus est le plus grand de tous les maux. Les Japonais, peuples des plus spirituels et des plus éclaires, se noient en l’honneur d’Amida leur dieu sauveur, parce que les absurdités dont leur religion est pleine leur ont troublé le cerveau. Les dogmes obscurs engendrent la multiplicité des explications, et par celles-ci la division des sectes. La vérité ne fait point de fanatiques. Elle est si claire, qu’elle ne souffre guère de contradictions ; si pénétrante, que les plus furieuses ne peuvent rien diminuer de sa jouissance. Comme elle existe avant nous, elle se maintient sans nous et malgré nous par son évidence. Il ne suffit donc pas de dire que l’erreur a ses martyrs ; car elle en a fait beaucoup plus que la vérité, puisque chaque secte et chaque école compte les siens.
2°. Dans l’atrocité de la morale. Des hommes pour qui la vie est un état de danger et de tourment continuel, doivent ambitionner la mort ou comme le terme, ou comme la récompense de leurs maux : mais quels ravages ne fera pas dans la société celui qui désire la mort, s’il joint aux motifs de la souffrir des raisons de la donner ? On peut donc appeler fanatiques, tous ces esprits outrés qui interprètent les maximes de la religion à la lettre, et qui suivent la lettre à la rigueur ; ces docteurs despotiques qui choisissent les systèmes les plus révoltants ; ces casuistes impitoyables qui désespèrent la nature, et qui, après vous avoir arraché l’œil et coupé la main, vous disent encore d’aimer parfaitement la chose qui vous tyrannise.
3°. Dans la confusion des devoirs. Quand des idées capricieuses sont devenues des préceptes, et que de légères omissions sont appelées de grands crimes, l’esprit qui succombe à la multiplicité de ses obligations, ne sait plus auxquelles donner la préférence (…)  
5°. Dans l’intolérance d’une religion à l’égard des autres, ou d’une secte entre plusieurs de la même religion, parce que toutes les mains s’arment contre l’ennemi commun. La neutralité même n’a plus lieu avec une puissance qui veut dominer ; et quiconque n’est pas pour elle, est contre elle. Or quel trouble ne doit-il pas en résulter ?  (…)


mardi 6 janvier 2015

L'ombre d'un doute: Louis XV, l'homme qui aimait trop les femmes France ...

 



Pour ceux qui, comme moi, n'ont pas eu la possibilité de voir l'émission présentée par Franck Ferrand.

Scènes de la vie quotidienne au XVIIIè siècle (2)

Après dîner (donc rarement avant 15-16 heures...), si la maîtresse ne se rend pas à la promenade, elle peut se retirer dans l'intimité de son boudoir et recevoir quelques proches qui lui font la conversation.
Dans la belle société, les pratiques de sociabilité impliquent l'apprentissage du chant et d'un instrument de musique (ici, la harpe). Dans l'attente d'une prochaine réception, la jeune femme s'exerce sous l'oeil attentif de son maître de musique.
 Cette même scène dans les Liaisons dangereuses de Stephen Frears.
Livrée à la solitude, la jeune femme peut consacrer l'après-dîner à son courrier (voyez ici la tablette insérée dans l'écran de cheminée) ou à la lecture. Sans doute s'agit-il d'un roman, genre féminin par excellence. Et pourquoi pas la Nouvelle Héloïse, best seller de la 2nde moitié du XVIIIème siècle ?
 Aux Tuileries, au Palais-Royal ou encore sur le boulevard comme ici, la promenade devient au XVIIIème siècle une activité incontournable de l'après-dîner.

dimanche 4 janvier 2015

Scènes de la vie quotidienne au XVIIIè siècle (1)


Dans cette scène de lever (par Antoine-Louis Romanet), les domestiques sont chargées de réveiller la maîtresse de maison. Cette dernière est coiffée d'une dormeuse.
Dans cette scène de bain, Romanet représente la baignoire glissée dans une alcôve. La jeune femme demeure vêtue d'une chemise et coiffée d'un bonnet. La domestique lui apporte une tasse de chocolat. En sortant de l'eau, la baigneuse retournera sans doute se coucher pour se reposer...
 Sur cette représentation, extraite de Barry Lyndon, on constate que à quel point Kubrick était attaché au sens du détail.
La matinée est consacrée à la toilette. Ici, pendant que la maîtresse de maison se fait coiffer, une marchande lui propose des rubans. (Freudenberg, la marchande de rubans)
Le maître de maison dispose lui aussi de son cabinet de toilette, où sont disposées les boîtes à onguent. Des tailleurs lui proposent de nouveaux justaucorps.
Une magnifique chaise-bidet époque Louis XV. Sur la haut du dossier, un compartiment renferme des flacons d'eau de toilette.