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lundi 22 octobre 2012

Balade littéraire dans le Paris du XVIIIè siècle (3)

Entre Saint-Roch et le Palais-Royal, plusieurs adresses méritent d'être mentionnées.

 Faisant face à la Place du Palais-Royal, on trouve tout d'abord le célèbre café de la Régence (en 1, près de l'angle de la rue St Thomas du Louvre et de la rue St-Honoré). Fréquenté par Rousseau et Diderot, il était le rendez-vous préféré des joueurs d'échecs.
La rue de Richelieu (2-3-4-5-7), qui longe le Palais-Royal, a elle aussi hébergé d'illustres personnages. C'est là que vécut le fermier général La Polinière, célèbre mécène de Rameau. Moins connu peut-être (mais lointain ancêtre de mon éditeur !), le receveur général Watelet habitait au nord du Palais, à l'angle de la rue de Richelieu et de la rue Neuve St-Augustin. Donnant sur la Palais, au n°46, se situait le café de Foy, lui aussi fréquenté par les Encyclopédistes. Enfin, au n°39 (7 sur ce document), la maison où mourut Diderot en 1784. 

Non loin de là (8), rue des Moulins, habitait d'Holbach (qu'on croise dans le tome 1 : la comédie des masques).

Un peu plus à l'ouest, rue Sainte-Anne (9), se trouvait l'hôtel particulier du philosophe et fermier général Helvétius.

Rousseau et Thérèse ont vécu quelque temps (vers 1745) rue Neuve des Petits Champs (10).

Toujours rue Sainte-Anne se trouve une maison (11) appartenant au marquis de Girardin, qui accueillera Jean-Jacques dans son château d'Ermenonville (en 1778).

Beaucoup plus haut dans la rue de Richelieu a disparu un hôtel ayant appartenu à Voltaire (12) et dans lequel sa nièce Mme Denis vécut jusqu'en 1790.

De l'autre côté du Palais-Royal (13), on croise la maison dans laquelle mourut le navigateur Bougainville.

Enfin, dans la future rue de Valois (14, vers l'actuelle Banque de France), Voltaire vécut durant deux années dans l'hôtel de Fontaine-Martel avec la baronne de Fontaine-Martel, alors âgée de plus de 70 ans. 

jeudi 18 octobre 2012

Balade littéraire dans le Paris du XVIIIè siècle (2)

Les grands salons parisiens, généralement tenus par la haute bourgeoisie financière, se concentrent dans le Faubourg Saint-Honoré et le Faubourg Saint-Germain. Dans sa description historique de la ville de Paris, Piganiol de la Force explique : "Jamais on n'a tant bâti dans Paris et dans ses faubourgs que pendant la minorité de Louis XV". En 1715, sur 20000 maisons qui sont à front de rue, il y en 4000 qui comportent une porte cochère. Elles se situent le plus souvent dans ce "Paris neuf des classes oisives et de leur domesticité"(Daniel Roche).

Ainsi, dans la rue Saint-Honoré, célèbre artère qui borde la Palais-Royal, les Tuileries, Saint-Roch et la place Vendôme (voir zone hachurée), on trouve tout d'abord l'Hôtel des Lalive (qui hébergèrent leur fils Denis d'Epinay et son épouse Louise). Il se situe à côté de la Place Vendôme, en face de l'entrée du couvent des Capucins. Lorsque Denis d'Epinay est rayé de la liste des fermiers généraux (en 1762), son épouse Louise s'installe dans la rue Sainte-Anne.
Un peu plus à l'ouest, en face du Couvent des Filles de l'Assomption (reconnaissable à sa coupole), se situe l'Hôtel de Madame Geoffrin. C'est ici, qu'à partir de 1750 (après la mort de son initiatrice Mme de Tencin), elle tint ses célèbres dîners du lundi et du mercredi.
rue Saint-Honoré, rive droite
 Précisons au demeurant que cette même Place Vendôme héberge alors des habitants extrêmement fortunés. Si les Dupin l'ont quittée en 1740 (pour la rue Plâtrière), on y croise d'autres fermiers généraux tels qu'Olivier de Montluçon ou Nicolas de la Garde, des receveurs des finances et même le chancelier d'Aguesseau.

Moins prestigieuse, la rive gauche accueille pourtant deux célèbres salonnières du XVIIIè siècle. En 1746, Mme du Deffand vient loger dans un grand appartement du couvent de Saint Joseph. Sur le plan de Turgot (au bas de l'image, rue Saint-Dominique), on distingue un vaste bâtiment ramassé autour de deux grands cours. Une partie de ce couvent était indépendante de celle où vivaient les soeurs et bénéficiait d'une entrée séparée sur la rue Saint-Dominique. On y louait des logements à des femmes seules, veuves ou séparées.
rue Saint-Dominique, rive gauche

 Une centaine de mètres plus haut, au coin de la rue Saint-Dominique et de la rue de Bellechasse, on trouve la maison que loue Mademoiselle de Lespinasse après sa rupture avec Madame du Deffand en 1764 (cf croix sur le plan). Elle loue les deuxième et troisième étages pour un loyer annuel de 950 livres. Au deuxième se trouvent le salon, une chambre à coucher, un salon de toilette et la chambre du personnel. Au troisième, la cuisine ainsi qu'une autre chambre. C'est ici que s'installe d'Alembert en 1765. C'est ce lieu modeste qui deviendra le centre intellectuel de Paris jusqu'à la mort de Louis XV. 
 (à suivre)

 

dimanche 14 octobre 2012

Balade littéraire dans le Paris du XVIIIè siècle (1)

L'Almanach Royal constitue évidemment une source de renseignements indispensable pour qui veut effectuer ce voyage dans le temps.
Rousseau connut de nombreux logements au cours de ses différents séjours à Paris. Les plus marquants demeureront :

-l'Hôtel St Quentin, situé rue des Cordiers, près de la Sorbonne. C'est ici qu'il rencontrera Thérèse Levasseur à son retour de Venise en 1744.

-Il déménage en 1747 et vient s'installer dans l'Hôtel Saint-Esprit, rue Plâtrière. Il est alors secrétaire de Mme Dupin, dont l'hôtel particulier se trouve dans la même rue (à côté de la communauté des Filles de Saint-Agnès et en face de l'Hôtel des Postes). C'est au cours de cette période qu'ont lieu les dîners hebdomadaires au Panier Fleuri, rue des Augustins, en compagnie de Diderot et Condillac.

-Début 1750, Rousseau se met en ménage avec Thérèse à l'Hôtel du Languedoc, rue de Grenelle Saint-Honoré. Il y demeure jusqu'en avril 1756, date à laquelle il emménage à l'ermitage de Montmorency.

Rousseau va rester absent de la capitale durant quatorze ans. Après cette longue période d'errance, il revient à Paris le 24 juin 1770. Il s'installe dans le même hôtel qu'en 1747, rue Plâtrière. A la fin de la même année, il emménage dans un deux pièces de cette même rue (au n°60 ?). Son adresse est alors "rue plâtrière proche l'Hôtel des Postes". C'est là que Bernardin de Saint-Pierre viendra lui rendre ses visites  à partir de 1772. 
la rue plâtrière, non loin de la place des Victoires et du Palais-Royal