jeudi 18 octobre 2012

Balade littéraire dans le Paris du XVIIIè siècle (2)

Les grands salons parisiens, généralement tenus par la haute bourgeoisie financière, se concentrent dans le Faubourg Saint-Honoré et le Faubourg Saint-Germain. Dans sa description historique de la ville de Paris, Piganiol de la Force explique : "Jamais on n'a tant bâti dans Paris et dans ses faubourgs que pendant la minorité de Louis XV". En 1715, sur 20000 maisons qui sont à front de rue, il y en 4000 qui comportent une porte cochère. Elles se situent le plus souvent dans ce "Paris neuf des classes oisives et de leur domesticité"(Daniel Roche).

Ainsi, dans la rue Saint-Honoré, célèbre artère qui borde la Palais-Royal, les Tuileries, Saint-Roch et la place Vendôme (voir zone hachurée), on trouve tout d'abord l'Hôtel des Lalive (qui hébergèrent leur fils Denis d'Epinay et son épouse Louise). Il se situe à côté de la Place Vendôme, en face de l'entrée du couvent des Capucins. Lorsque Denis d'Epinay est rayé de la liste des fermiers généraux (en 1762), son épouse Louise s'installe dans la rue Sainte-Anne.
Un peu plus à l'ouest, en face du Couvent des Filles de l'Assomption (reconnaissable à sa coupole), se situe l'Hôtel de Madame Geoffrin. C'est ici, qu'à partir de 1750 (après la mort de son initiatrice Mme de Tencin), elle tint ses célèbres dîners du lundi et du mercredi.
rue Saint-Honoré, rive droite
 Précisons au demeurant que cette même Place Vendôme héberge alors des habitants extrêmement fortunés. Si les Dupin l'ont quittée en 1740 (pour la rue Plâtrière), on y croise d'autres fermiers généraux tels qu'Olivier de Montluçon ou Nicolas de la Garde, des receveurs des finances et même le chancelier d'Aguesseau.

Moins prestigieuse, la rive gauche accueille pourtant deux célèbres salonnières du XVIIIè siècle. En 1746, Mme du Deffand vient loger dans un grand appartement du couvent de Saint Joseph. Sur le plan de Turgot (au bas de l'image, rue Saint-Dominique), on distingue un vaste bâtiment ramassé autour de deux grands cours. Une partie de ce couvent était indépendante de celle où vivaient les soeurs et bénéficiait d'une entrée séparée sur la rue Saint-Dominique. On y louait des logements à des femmes seules, veuves ou séparées.
rue Saint-Dominique, rive gauche

 Une centaine de mètres plus haut, au coin de la rue Saint-Dominique et de la rue de Bellechasse, on trouve la maison que loue Mademoiselle de Lespinasse après sa rupture avec Madame du Deffand en 1764 (cf croix sur le plan). Elle loue les deuxième et troisième étages pour un loyer annuel de 950 livres. Au deuxième se trouvent le salon, une chambre à coucher, un salon de toilette et la chambre du personnel. Au troisième, la cuisine ainsi qu'une autre chambre. C'est ici que s'installe d'Alembert en 1765. C'est ce lieu modeste qui deviendra le centre intellectuel de Paris jusqu'à la mort de Louis XV. 
 (à suivre)

 

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