samedi 6 octobre 2012

Le château de la Chevrette (3)

L'achat du château de la Chevrette par Monsieur Lalive de Bellegarde (1731) illustre la volonté de ce financier issu de la roture d'imiter le mode de vie des aristocrates versaillais. A l'instar de Claude Dupin à Chenonceau, Monsieur Lalive est avant tout en quête d'honorabilité. Pendant les vingt ans où il y demeurera, Monsieur de Bellegarde n'aura de cesse d'embellir cet édifice déjà centenaire. Il commence par l'ajout d'un pavillon à droite de la cour d'honneur, où il fait probablement installer ses appartements.
A sa mort en 1751, son fils Denis poursuit les travaux en faisant construire un bâtiment en avant-corps au centre de la façade, puis un nouveau pavillon à l'extrémité gauche du château. Vers 1757, la Chevrette forme enfin ce E majuscule (et majestueux) qu'on lui connaît.
Dans ce nouveau pavillon se trouvent deux appartements : le premier, composé d'un petit salon particulier, d'un cabinet de toilette, d'une chambre à coucher et d'un boudoir fut vraisemblablement occupé par Louise d'Epinay. Le second appartement, composé d'une antichambre et d'une chambre à coucher accueillit certainement Grimm, l'amant de Louise. A toutes fins utiles, rappelons que Denis occupait alors l'ancien appartement de son père dans le pavillon de droite. 
A l'intérieur, mentionnons l'immense salon de réception. Parqueté, lambrissé sur tout le pourtour, il est éclairé par deux grandes croisées et une porte croisée qui donnent sur le parc. Au milieu du salon, par un jeu de contrepoids, on peut abaisser des panneaux qui séparent la pièce en deux. Gageons que l'effet produit devait être spectaculaire.
C'est en ce lieu que se noua le psychodrame (en 1756-57) qui fait le sujet de "la comédie des masques". C'est de ce même lieu que je vous écris aujourd'hui, même s'il est détruit depuis plus de deux siècles...

1 commentaire:

  1. Merci pour cet excellent article et, d'une manière générale, pour votre blog. Rousseau le mérite même s'il prête parfois - et fort gentiment - à sourire !

    Cordialement.

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