lundi 29 août 2011

Rousseau sur les planches...

 http://www.billetreduc.com/55120/evt.htm

C'est au festival d'Avignon qu'Alain Lawrence a donné les premières représentations de son Rousseau. Le spectacle devrait très prochainement être monté en province, mais également auprès des publics scolaires. 
Un homme que j'ai trouvé aussi passionné qu'attachant...

Les contacts peuvent être pris à l'adresse suivante
Théâtre 94
135, rue du Faubourg du Temple
75010 PARIS

ou par mail : Theatre94@gmail.com


samedi 27 août 2011

Salons

Je serai présent les 12 et 13 novembre aux Littérales de TROUY (Cher), puis le 4 décembre au salon des auteurs et des éditeurs à DHUIZON (Loir-et-Cher).
Au plaisir de vous retrouver. OM


mercredi 24 août 2011

Les philosophes au pouvoir (3)

En 1774, la nomination de Turgot avait suscité l'enthousiasme dans le clan des encyclopédistes. 
Mais si l'on en juge au courrier qu'il envoie à son gendre et à sa fille, un homme comme Diderot a surtout songé à l'intérêt qu'il pouvait en tirer : "Il ne méconnaîtra pas ceux qu'il a connus. Voyez-le, voyez-le sans délai et nommez-vous. Je lui ai rappelé l'intérêt qu'il avait pris à vous lorsqu'il était question de vous faire un état. Il ne vous ôtera certainement pas aujourd'hui ce qu'il aurait souhaité pouvoir vous accorder hier."
D'autres, tels que Condorcet, multiplient les requêtes auprès du nouveau ministre : trouver un financement pour une expédition maritime de Bernardin de St-Pierre, distribuer des faveurs et des distinctions aux proches du clan...
Comme on le constate, cet enthousiasme des encyclopédistes est également intéressé...
Mais contrairement à ce que certains peuvent imaginer, Turgot ne se laissera jamais instrumentaliser. Avant tout désireux d'imposer ses réformes (même impopulaires) au plus vite, il ne prendra pas la précaution de ménager ses anciennes amitiés au sein de la secte encyclopédiste. Ainsi, en refusant d'accéder aux demandes pourtant pressantes de Diderot, il s'en fait très rapidement un ennemi.
Jacques Necker
Durant cette période qui aurait dû les voir plus unis que jamais, les encyclopédistes vont surtout achever de se brouiller. Alors que Julie de Lespinasse, d'Alembert, et les habitués de la rue St-Dominique restent favorables à Turgot, d'autres comme Diderot et Grimm se rangent au côté de son principal opposant, une étoile montante dans le domaine politique : le Genevois Necker tient déjà un cercle d'influence à Paris et il attend patiemment son heure en espérant la chute de Turgot.
Quand il sera nommé aux Finances, en 1776, les philosophes approuveront une nouvelle fois l'arrivée aux affaires d'un "ministre-philosophe" (l'expression est de Diderot).
Durant cette période, quels que soient les hommes en place, ils sont souvent proches des milieux fréquentés et investis par les encyclopédistes. Etrangement, ces derniers demeurent pourtant passifs et inactifs lorsqu'il s'agit d'actionner les manettes du pouvoir.  Ainsi, le grand Voltaire se contente de solliciter quelques faveurs pour le pays de Gex : "l'exemption des impôts et du logement des soldats", "que nous ayons à Ferney un poinçon affecté à nos fabriques"... D'autres comme d'Alembert ou Diderot continuent de théoriser alors qu'il faudrait agir.
L'impression qui en ressort est que, durant moment crucial de l'accession au pouvoir, plusieurs de ces hommes ont manqué de hauteur de vue, de force, ou même d'idées...


jeudi 18 août 2011

Les philosophes au pouvoir (2)

Malesherbes
Chargé de gérer la Maison du roi, Malesherbes doit également s'occuper du ministère de Paris et de la question du protestantisme dans le royaume. Dès sa prise de fonction, il fait élargir quelques prisonniers de la Bastille et de Vincennes et recommande à Louis XVI de renoncer aux lettres de cachet. Mais la mission principale que Turgot lui a confiée est de réduire le nombre de pensions et de gratifications distribuées par le gouvernement. Et quand il s'agit de trancher, Malesherbes s'en montre hélas incapable. "J'en suis incapable par le caractère" reconnait-il d'ailleurs.
Concernant les protestants, il veut leur accorder le droit à un mariage légitime. Mais il se heurte aussitôt à l'opposition déterminée de l'Eglise catholique.

Pour sa part, Turgot va tenter d'appliquer ses principes libéraux: fin de certains privilèges, de nombreux monopoles, mais également de corporations. Très vite, il se met la Ferme Générale à dos, en même temps que le clergé et bon nombre d'aristocrates. L'un de ses premiers grands actes administratifs consiste à libéraliser le commerce du grain, alors qu'il était étroitement réglementé jusqu'alors. Mais à la suite d'une mauvaise récolte, suivie d'une période de disette dans certaines régions, des émeutes éclatent un peu partout dans le royaume, puis à Paris au mois de mai 1775.
Peu à peu, les opposants à Turgot (les privilégiés de l'impôt, notamment) parviennent à se faire entendre par le roi, et leurs plaintes se font chaque jour plus nombreuses.
Conscient de ses insuffisances, c'est pourtant Malesherbes qui, le premier, propose sa démission au mois de mai 1776. Jamais avare de ses bons mots, Madame du Deffand dit de lui : "Le Malesherbes est un sot, bon homme sans talent".  Quelques jours plus tard, Turgot est démis de ses fonctions.

Il nous reste à voir comment ce double échec sera accueilli par le clan des philosophes...

lundi 15 août 2011

Les philosophes au pouvoir (1)


Turgot
A la mort de Louis XV, le jeune Louis XVI, âgé d'une vingtaine d'années, appelle aux responsabilités deux personnalités proches du parti des philosophes.
D'un côté, Turgot qui prend en charge le ministère de la marine puis celui des finances.
De l'autre, Malesherbes qui devient secrétaire d'état de la maison du roi, équivalent de notre ministre de l'intérieur.
Malesherbes
Evidemment, les Encyclopédistes jubilent, Diderot et Voltaire en tête. N'ont-ils pas rêvé depuis des années, de voir les philosophes devenir des "conseillers du prince" ? Voltaire s'y est essayé avec Frédéric de Prusse, Diderot avec Catherine de Russie, et tous deux ont échoué.
Là, pour la première fois, ils tiennent l'occasion de voir leurs thèses s'exprimer en France. A propos de Malesherbes, Julie de Lespinasse écrit : "Oh ! pour le coup, soyez assuré que le bien se fera et qu'il se fera bien, parce que ce seront les lumières qui dirigeront la vertu et l'amour du bien public. Jamais, non jamais deux hommes plus vertueux, plus actifs, plus désintéressés, plus actifs n'ont été réunis..." De son côté, Voltaire s'exclame : "La France est-elle assez heureuse pour que M. de Malesherbes soit dans le ministère ? Voilà donc de tous côtés le règne de la raison et de la vertu."
Le gouvernement de Malesherbes durera moins d'un an. Celui de Turgot s'achèvera en 1776.
Il s'agit dans les deux cas d'une désillusion qui sonne le glas des espoirs du clan des philosophes.
Nous y reviendrons.

lundi 8 août 2011

Aux mânes de Julie de Lespinasse

D'Alembert
Après la mort de Julie, en mai 1776, d'Alembert rédige cette lettre bouleversante d'émotion. En voici les premières lignes :

" O vous qui ne pouvez plus m'entendre, vous que j'ai si tendrement aimée, vous dont j'ai cru être aimé quelques moments, vous que j'ai préférée à tout, vous qui m'auriez tenu de tout si vous l'aviez voulu ; hélas ! s'il peut vous rester encore quelques sentiments dans ce séjour de la mort après lequel vous avez tant soupiré et qui, bientôt, sera le mien, voyez mon malheur et mes larmes, la solitude de mon âme, le vide affreux que vous y avez fait et l'abandon cruel où vous me laissez ! Mais pourquoi vous parler de la solitude où je me vois depuis que vous n'êtes plus là ! Ah ! Mon injuste et cruelle amie, il n'a pas tenu à vous que cette solitude accablante n'ait commencé pour moi dans le temps où vous existiez encore. Pourquoi me répétiez-vous, dix mois avant votre mort, que j'étais toujours ce que vous chérissiez le plus, l'objet le plus nécessaire à votre bonheur, le seul qui vous attachât à la vie lorsque vous étiez à la veille de me prouver si cruellement le contraire ? Par quel motif que je ne puis comprendre ni soupçonner, ce sentiment si doux pour moi, que vous éprouviez peut-être encore dans le dernier moment où vous m'en avez assuré s'est-il tout à coup changé en éloignement et en aversion ? Qu'avais-je fait pour vous déplaire ? Que ne vous plaigniez-vous à moi, si vous aviez à vous en plaindre ? Vous auriez vu le fond de ce coeur qui n'a jamais cessé d'être à vous..."

Julie de Lespinasse
Les accents raciniens que prennent la douleur et l'incompréhension donnent de d'Alembert une image qu'on ne soupçonnait pas jusqu'alors. Dans le 2nd tome, j'aborde cet épisode méconnu de son existence. Et, je dois bien le reconnaître, ce sont des pages délicieuses à écrire...