Aux mânes de Julie de Lespinasse
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D'Alembert |
Après la mort de Julie, en mai 1776, d'Alembert rédige cette lettre bouleversante d'émotion. En voici les premières lignes :
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O vous qui ne pouvez plus m'entendre, vous que j'ai si tendrement aimée, vous dont j'ai cru être aimé quelques moments, vous que j'ai préférée à tout, vous qui m'auriez tenu de tout si vous l'aviez voulu ; hélas ! s'il peut vous rester encore quelques sentiments dans ce séjour de la mort après lequel vous avez tant soupiré et qui, bientôt, sera le mien, voyez mon malheur et mes larmes, la solitude de mon âme, le vide affreux que vous y avez fait et l'abandon cruel où vous me laissez ! Mais pourquoi vous parler de la solitude où je me vois depuis que vous n'êtes plus là ! Ah ! Mon injuste et cruelle amie, il n'a pas tenu à vous que cette solitude accablante n'ait commencé pour moi dans le temps où vous existiez encore. Pourquoi me répétiez-vous, dix mois avant votre mort, que j'étais toujours ce que vous chérissiez le plus, l'objet le plus nécessaire à votre bonheur, le seul qui vous attachât à la vie lorsque vous étiez à la veille de me prouver si cruellement le contraire ? Par quel motif que je ne puis comprendre ni soupçonner, ce sentiment si doux pour moi, que vous éprouviez peut-être encore dans le dernier moment où vous m'en avez assuré s'est-il tout à coup changé en éloignement et en aversion ? Qu'avais-je fait pour vous déplaire ? Que ne vous plaigniez-vous à moi, si vous aviez à vous en plaindre ? Vous auriez vu le fond de ce coeur qui n'a jamais cessé d'être à vous..."
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Julie de Lespinasse |
Les accents raciniens que prennent la douleur et l'incompréhension donnent de d'Alembert une image qu'on ne soupçonnait pas jusqu'alors. Dans le 2nd tome, j'aborde cet épisode méconnu de son existence. Et, je dois bien le reconnaître, ce sont des pages délicieuses à écrire...
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