jeudi 18 août 2011

Les philosophes au pouvoir (2)

Malesherbes
Chargé de gérer la Maison du roi, Malesherbes doit également s'occuper du ministère de Paris et de la question du protestantisme dans le royaume. Dès sa prise de fonction, il fait élargir quelques prisonniers de la Bastille et de Vincennes et recommande à Louis XVI de renoncer aux lettres de cachet. Mais la mission principale que Turgot lui a confiée est de réduire le nombre de pensions et de gratifications distribuées par le gouvernement. Et quand il s'agit de trancher, Malesherbes s'en montre hélas incapable. "J'en suis incapable par le caractère" reconnait-il d'ailleurs.
Concernant les protestants, il veut leur accorder le droit à un mariage légitime. Mais il se heurte aussitôt à l'opposition déterminée de l'Eglise catholique.

Pour sa part, Turgot va tenter d'appliquer ses principes libéraux: fin de certains privilèges, de nombreux monopoles, mais également de corporations. Très vite, il se met la Ferme Générale à dos, en même temps que le clergé et bon nombre d'aristocrates. L'un de ses premiers grands actes administratifs consiste à libéraliser le commerce du grain, alors qu'il était étroitement réglementé jusqu'alors. Mais à la suite d'une mauvaise récolte, suivie d'une période de disette dans certaines régions, des émeutes éclatent un peu partout dans le royaume, puis à Paris au mois de mai 1775.
Peu à peu, les opposants à Turgot (les privilégiés de l'impôt, notamment) parviennent à se faire entendre par le roi, et leurs plaintes se font chaque jour plus nombreuses.
Conscient de ses insuffisances, c'est pourtant Malesherbes qui, le premier, propose sa démission au mois de mai 1776. Jamais avare de ses bons mots, Madame du Deffand dit de lui : "Le Malesherbes est un sot, bon homme sans talent".  Quelques jours plus tard, Turgot est démis de ses fonctions.

Il nous reste à voir comment ce double échec sera accueilli par le clan des philosophes...

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