samedi 1 juillet 2017

L'armée sous Louis XV (2)

Lucien Mouillard, né en 1842 et mort en 1912, est un historien français, spécialisé notamment dans l'histoire militaire.
Je reproduis ci-dessous quelques extraits de son excellent ouvrage "Régiments sous Louis XV".
Vous l'aurez compris, on travaille déjà sur la documentation du prochain roman...  




L'infanterie était sous la direction de trois directeurs généraux, assistés de huit inspecteurs qui rendaient compte au roi. Dans le système en usage avant 1762, nous avons vu que toute la charge administrative était supportée par les capitaines surveillés par les commissaires des guerres. La fonction des inspecteurs se bornait donc il constater l'aptitude de ces officiers. C'est au moment de l'inspection générale que les colonels, pour mériter un rapport favorable à leur régiment, venaient en aide volontairement, à leurs capitaines trop pauvres pour maintenir leur compagnie comme l'exigeaient les ordonnances.
(...)
Armement (de 1720 à 1753).
Le soldat d'infanterie recevait de son capitaine, en 1740, un fusil haut de 4 pieds 10 pouces 10 lignes, monté sur bois de noyer, du calibre de 18 balles à la livre, qui lançait le projectile à 80 toises maximum. La charge de poudre était de 2 gros (8 grammes). En 1738, M. de Belidor fit adopter la cartouche d'infanterie que l'on fabriquait à l'intérieur des corps.
Le fusil donné par le roi au capitaine était armé de sa baïonnette, qui avait 18 pouces (49 cent.) de longueur. En outre, le soldat portait une épée longue de 26 pouces, à 2 tranchants, de médiocre qualité, suspendue au ceinturon par un pendant garni de 2 fourreaux.
Le cartouche ou demi-giberne était une boîte longue percée de 19 trous, recouverte d'une patte en cuir rouge ou noir et portée par une bandoulière en buffle d'un demi-pouce de large. En dessous de cette boîte à cartouche était attaché le fourniment, c'est-à-dire, une poire à poudre en bois recouverte de cuir bouilli et servant à amorcer le fusil et à conserver la provision de poudre. Quelques régiments faisaient usage d'une petite giberne portée sur le ceinturon et placée sur le ventre ; c'était ce qu'on appelait (être armé à la Corse). En outre, dans chaque compagnie le capitaine possédait dix outils propres à remuer la terre, 3 pelles, 3 pioches, 2 serpes, 2 haches, portés à tour de rôle par les 36 fusiliers qui portaient aussi 3 marmites en fer, 5 bidons, 5 gamelles, 5 tentes de toile avec leurs traverses, fourches, etc., un manteau d'armes et le pain pour 4 jours.
L'armement des grenadiers était le même, sauf que, au lieu d'épée, ils portaient le sabre d'abatis de 31 pouces de lame qui était de bonne qualité. Au lieu de la demi-giberne, ils faisaient usage d'une poche en cuir de vache souple appelée grenadière, parce que c'est dedans qu'ils mettaient autrefois les grenades qu'ils lançaient à la main. Outre leur sabre, ils portaient aussi une petite hachette à marteau qu'ils attachaient à une patte de la grenadière, comme on le voit dans l'image ci-contre qui représente les grenadiers du régiment Royal-Comtois en marche auprès du port d'Antibes (tableau peint, par J. Vernet en 1755), les outils à remuer la terre étaient remplacés dans leur compagnie par 10 grosses haches de charpentier. (...)

Habillement et équipement.

Tous les régiments d'infanterie française étaient uniformément vêtus d'un grand habit de drap gris blanc. Le major recevait l'étoffe nécessaire et le capitaine faisait confectionner les habits par le tailleur de la compagnie. Chaque régiment se distinguait par la façon de l'habit, de la manche, de la poche, autant que par la garniture et la couleur des parements. Il n'y avait donc qu'une uniformité relative entre les divers régiments.
Le roi accordait une aune 1/4 de drap Lodève et 1/8 d'aune de drap de couleur pour les parements, 4 aunes 2/3 de serge d'Aumale pour les doublures. La veste et la culotte exigeaient 2 aunes 2/3 de tricot ou 3 aunes 3/4 de cadix agnane gris blanc suivant l'usage du corps. La veste croisait sur la poitrine et généralement avait 2 rangs de boutons. On donnait aussi des caleçons de toile pour tenir lieu de doublure à la culotte.
Le justaucorps ou grand habit croisait par derrière, avec 2 gros plis sur le côté. Il devait être taillé de telle sorte que les pans tombaient à un pouce de terre, l'homme étant à genoux ; mais à l'user, le drap s'allongeait toujours. La manche, taillée en botte, était garnie d'un haut parement fort large qui pouvait se rabattre sur les mains.
La veste était de 9 pouces plus courte que l'habit. Chaque soldat devait recevoir une paire de guêtres en toile pour l'été, en laine pour l'hiver.
Le havresac en usage était une double poche de toile renfermant un autre sac de peau ou de toile dans lequel le soldat abritait 2 chemises, 1 mouchoir, 1 cravate, une culotte, une paire de souliers, une paire de guêtres et le trousseau de toilette. Dans les bivacs, ce grand bissac ou sac à 2 poches servait à s'étendre à terre. Quelques capitaines le faisaient passer à l'huile de lin chaude, pour le rendre imperméable.
Le chapeau en feutre de laine pesait 9 ou 10 onces. Il était bordé d'un galon métallique jaune ou blanc selon la couleur des boutons de l'habit. La cravate de crépon noir, faisait deux fois le tour du cou et emprisonnait le col de l'habit. Les sergents portaient le même uniforme en drap plus fort et plus beau ; on leur accordait 3 aunes 3/4 de drap de Romorantin gris blanc pour le vêtement complet, 1/4 d'aune en drap de couleur pour le parement, 5 aunes 1/2 de serge d'Aumale pour doublures

Variations de l'effectif de l'infanterie française 
(de 1740 à 1775).
Avant la réforme de 1763, la compagnie d'infanterie sur pied de guerre se composait de 2 officiers, 2 sergents, 3 caporaux, 3 anspessades (ndlr : aide-caporal), 1 tambour et 31 fusiliers.
La compagnie de grenadiers comptait en plus 5 grenadiers et 1 sous-lieutenant. En temps de paix, la compagnie de fusiliers n'avait que 30 hommes, celle des grenadiers devait toujours être complète à 45 hommes. Un bataillon, unité tactique réunissait 17 compagnies dont 16 de fusiliers. Le nombre des grenadiers n'était donc que 1/17 du nombre des hommes d'un bataillon. On comprend que leur troupe fût vraiment d'élite, sans trop nuire à la consistance des autres compagnies.
L'effectif d'un bataillon en ligne était de 685 hommes. Le lieutenant-colonel commandait le premier ou l'unique bataillon. Le plus ancien capitaine était commandant du 2e bataillon. Si le colonel était le roi, ou un prince, il y avait un colonel lieutenant qui commandait le régiment à sa place.
Il existait, en 1740, 98 régiments français

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour commenter cet article...