Si on n'ignore plus rien des auteurs des Lumières, il nous reste tout à apprendre sur les hommes : sur leurs passions, leur courage et leur générosité, mais également sur leurs ambitions, leurs haines et leurs noirceurs.
Ecrit au gré de mes humeurs, ce blog raconte mon amour du XVIIIè siècle.
"Nul ne peut constamment porter un masque. La feinte ne se soutient pas, et on revient promptement à son caractère" C'est ce qu'écrit Sénèque dans son ouvrage Sur la clémence.
Marion Sigaut aura pourtant fait illusion pendant près de dix ans. Jusqu'à aujourd'hui...
Comme il y a prescription, je peux rapporter les faits tels qu'ils se sont produits à l'époque : la dame en question m'a contacté via ce blog, en mars 2013, pour se plaindre d'un article la concernant, se plaignant d'un "jugement insultant" que j'avais émis sur sa personne (en l'occurrence, vous pouvez relire ici l'article qui lui était consacré).
Sans doute penaud d'avoir été désobligeant, je lui ai apporté une réponse que je croyais courtoise et qui s'achevait par ces mots : "Pour finir, je m'en voudrais d'avoir émis le moindre "jugement
insultant" à votre encontre. Si vous vous êtes sentie offensée par l'un
de mes propos, je vous prie de m'en excuser."
Elle m'a relancé ensuite, en privé, avant de livrer tout mon pedigree (adresse privée + mail) en pâture à ses fans afin qu'ils prennent le relais de son harcèlement. Ces gens-là ont fait le travail, croyez-moi, et malgré mes signalements, seul le temps a permis d'aplanir cette triste situation.
Inutile d'entrer dans les détails : son éditeur vient de mettre au grand jour la véritable nature de cette dame qu'il qualifie justement de "fausse" et mauvaise". C'est d'autant plus regrettable qu'elle a alimenté ce blog avec quelques très belles interventions, et que sans ces réactions quasi épidermiques, nous aurions pu échanger sur le XVIIIè entre gens de bonne compagnie.
Pour finir, cette morale de La Fontaine qui apportera, grand bien lui fasse, quelque sujet de réflexion à notre historienne :
"La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva."
Marion Sigaut s'est récemment émue de la condamnation de son éditeur Alain Soral, coupable d'avoir diffusé sur son site un clip de rap jugé antisémite.
Si l'indignation de l'historienne nous semble légitime, on s'étonne pourtant qu'elle ne l'ait exprimée en d'autres occasions, notamment lorsqu'elle commentait les déboires judiciaires des penseurs des Lumières. En leur temps, Voltaire, Diderot, Rousseau, Marmontel, La Mettrie et consorts ont en effet subi les mêmes avanies, les uns jetés en prison, les autres condamnés à l'exil.
Mais jamais aucun d'entre eux n'a tiré une larme à notre historienne...
En moins de 24 heures, Eric Zemmour sera passé du rang d'icône des médias à celle de boutefeu fasciste, raciste, et antirépublicain...
En cause cette interview donnée il y a quelques mois à un journal italien, et dans laquelle il déclarait :
"Les musulmans ont leur code civil, c'est le Coran (...) Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes ne vivent, en France, et ne veulent vivre, à la française."
Initiée par l'inénarrable Jean-Luc Mélenchon, la cabale lancée aujourd'hui contre Zemmour confortera ceux qui, depuis quelques mois, accusent le chroniqueur de RTL et iTélé de puiser sa réflexion chez les Soral, Sigaut et autre Belghoul...
(voir ici cet article extrait du Monde dans lequel on reprochait au journaliste ses délires sur la fameuse théorie du genre prétendument enseignée à l'école). De fait, il s'agirait d'une nouvelle preuve que Zemmour est devenu "l'idiot utile d'une extrême droite contre-révolutionnaire".
Ite missa est, le voilà définitivement condamné à l'opprobre et au bûcher...
Paradoxalement, et en dépit de toutes ses approximations, je soulignerais plutôt dans cette analyse l'étroite frontière qui sépare le républicain Zemmour du trio précédemment nommé. Ils ont certes pour point commun de dénoncer la présence sur le sol français d'un "peuple dans le peuple", mais au moment d'identifier l'origine de ce mal, leur avis diverge.
Pour Zemmour, c'est l'Islam...
Avant de se soumettre aux lois républicaines, au "code civil", le musulman voudrait obéir au Coran. Essentialiste et suprémaciste, il aimerait que la loi religieuse (ou charia) se substitue aux lois civiles du pays qu'il habite. Et sans un pouvoir politique qui impose avec fermeté ses coutumes, ses valeurs et ses lois (républicaines, rappelons-le), la perspective du chaos menacerait à court terme notre pays...
Plutôt que de gloser sur ce raisonnement, je préfère le mettre en perspective en rapportant ci-dessous un extrait de l'article Théocratie, écrit (pour l'Encyclopédie) par le baron d'Holbach en 1751 :
"THÉOCRATIE, s. f. (Hist. anc. et politiq.) c’est ainsi que
l’on nomme un gouvernement dans lequel une nation est soumise
immédiatement à Dieu, qui exerce sa souveraineté sur elle, et lui
fait connaître ses volontés par l’organe des prophètes et des
ministres à qui il lui plaît de se manifester (...) En général l’histoire et l’expérience nous prouvent que le sacerdoce
s’est toujours efforcé d’introduire sur la terre une espèce de théocratie ;
les prêtres n’ont voulu se soumettre qu’à Dieu, ce souverain invisible
de la nature, ou à l’un d’entre eux, qu’ils avaient choisi pour
représenter la divinité ; ils ont voulu former dans les états un état
séparé indépendant de la puissance civile ; ils ont prétendu ne tenir que de la Divinité les biens dont les hommes
les avoient visiblement mis en possession. C’est à la sagesse des
souverains à réprimer ces prétentions ambitieuses et idéales, et à
contenir tous les membres de la société dans les justes bornes que
prescrivent la raison et la tranquillité des états.... "
Paul Thiry d'Holbach
Surprenant, non ?
250 ans ont passé, mais ceux qu'on pointe du doigt demeurent les mêmes : autrefois, les prélats catholiques qui imposaient en sous-main leur volonté politique à Versailles ; aujourd'hui, les imams musulmans qu'on imagine terrés dans de sordides caves de banlieues, et exhortant les fidèles à la guerre sainte.
Autre temps, autres moeurs, et pourtant d'Holbach et Zemmour ont cela de commun : tous deux désignent l'ennemi à la vindicte populaire. Le combat du baron d'Holbach trouva son épilogue pendant la période révolutionnaire de 1789. Espérons que celui de Zemmour ne s'achèvera pas dans le même bain de sang...
NB : ce soir, vendredi 19/12, la bien-pensance a réagi : Zemmour est viré d'I Télé...
Il faut reconnaître l'efficacité du travail de sape entrepris par Alain Soral (président de l'association Egalité et Réconciliation)
contre la République, ses valeurs, ses symboles et ses institutions.
Défenseur de ce qu'il nomme "la droite des valeurs", il joue à merveille son rôle de rabatteur de voix pour le Front National. Sa cible prioritaire ? L'électorat musulman, qu'il capte à la criée, mois après mois, en exacerbant ses peurs et ses rancoeurs. Pour le seconder dans ses basses oeuvres (mais après tout, la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?), il choisit et manipule remarquablement ses pions.
Alain Soral
A Marion Sigaut,
il a confié le soin de réécrire le passé, de faire de l'Ancien Régime un âge d'or et de ressasser les antiennes contre-révolutionnaires autrefois entendues chez Joseph de Maistre, Augustin Barruel ou Edmund Burke. Inutile d'insister...
Avec Farida Belghoul, en revanche, le sociologue a effectué une belle prise de guerre.
Militante d'extrême gauche et figure du mouvement beur dans les années 80, l'ancienne activiste s'est lancée tout récemment dans une nouvelle croisade contre la supposée "théorie du genre" qu'expérimenterait l'école républicaine sur nos enfants. Très présente sur internet, Mme Belghoul est également à l'origine des trop fameuses J.R.E (ou Journées de Retrait de l'Ecole), lancées il y a quelques mois pour protester contre ces présumées expérimentations. Dernier exemple en date (survenu
opportunément deux jours avant le 2nd tour des municipales...) à Joué-les-Tours, où une institutrice a été accusée d'avoir déshabillé deux enfants en classe et de les avoir ensuite incités à se toucher mutuellement le sexe pour prendre conscience de leurs différences... "Mentez, mes amis, mentez", conseillait autrefois Voltaire à ses amis encyclopédistes. Aussi abjecte que soit la méthode, il faut bien reconnaître que Farida Belghoul et Marion Sigaut suivent à la lettre les recommandations du maître fourbe. Quoique...
A bien y regarder, je me demande si les deux pasionarias n'en arrivent pas à se convaincre elles-mêmes des énormités qu'elles assènent. Voyez cette dernière conférence, donnée en février 2014, où elles nous exposent sans rire qu'une femme "n'est rien du tout" sinon un complément de l'homme dans le couple... Plus loin (vers 1h00), voyez encore comment elles crucifient littéralement ce brave homme qui s'interrogeait sur leur mode d'action, à savoir faire manquer des journées de cours à des enfants. Des "journées de sexe... et de genre" ricane Marion Sigaut, sans songer un seul instant au mal qu'elle a déjà pu causer à l'institutrice incriminée à Joué-les-Tours, à celui qu'elle causera chez des familles socialement fragiles.
Confortées par un sentiment d'entre-soi , les deux femmes osent tout, jusqu'à l'intolérable.
C'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît... L'une rêvait de revenir à la lumière, l'autre enrageait de n'être jamais sortie de l'ombre. Toutes deux ont été blessées par la vie, meurtries par leurs échecs personnels...
Et Soral a très habilement deviné le parti qu'il pouvait tirer de leurs souffrances...
Le travail de sape effectué par Alain Soral et son association pour affaiblir ce qu'il nomme le "système" prend aujourd'hui une tournure inédite (et médiatisée) avec la polémique initiée par sa dernière prise de guerre, Farida Belghoul, autour de la désormais fameuse théorie du genre.
Farida Belghoul
Par le biais des réseaux sociaux, puis d'une communication de proximité, l'ex militante de la Marche pour l'égalité a tout récemment lancé aux parents d'élèves un appel au boycott de l'école (une journée par mois) en signe de protestation face à la présumée introduction de cette théorie dans les programmes scolaires du primaire. Jugez-en plutôt :
"Le choix est simple, soit on accepte la ‘théorie du genre’ (ils vont
enseigner à nos enfants qu'ils ne naissent pas fille ou garçon mais
qu'ils choisissent de le devenir !!! Sans parler de l'éducation sexuelle
prévue en maternelle à la rentrée 2014 avec démonstration et
apprentissage de la masturbation dès la crèche ou la halte-garderie…),
soit on défend l'avenir de nos enfants".
Inutile de s'appesantir plus longuement sur de telles fadaises, qui jouent comme à l'accoutumée sur les peurs et le malheur des plus fragiles pour s'imposer dans les esprits et semer le trouble.
Au fond, bien qu'elles n'en soient certainement pas conscientes, Farida Belghoul et Marion Sigaut sont devenues les instruments d'un projet plus vaste, initié celui-là par le très intelligent Alain Soral.
A l'une on confie la tâche de réécrire le passé et de réhabiliter l'Ancien Régime, pendant que l'autre s'attaque à l'école, l'un des piliers de notre République. En dernier lieu, Alain Soral se charge de pointer du doigt les errances du "système", les méfaits de l'"oligarchie", et d'attaquer avec violence les hommes et les femmes qui les incarnent au sommet de l'état. Ainsi, profitant souvent de la médiocrité et du silence de ses adversaires (politiques et intellectuels confondus), il use de son talent oratoire pour délivrer, mois après mois, une analyse habile et séduisante de la situation de notre pays. On ne s'attardera guère sur cette omerta et ce discours unique qu'il ose interrompre avec fracas pour asséner certaines vérités qui crèvent les yeux. Là n'est pas la question...
Dans l'optique de ce qu'il nomme "réconciliation nationale", le polémiste prétend aujourd'hui fédérer "la gauche du travail" et "la droite des valeurs", le monde ouvrier et la France dite réactionnaire, mais aussi les musulmans et les catholiques... Son tour de force est là, au service d'une alternative politique (appelons-la l'extrême droite...) qui se profile derrière lui, tapie dans l'ombre.
Loin de vouloir adopter une posture engagée (au sens sartrien du terme), je me sens néanmoinsembarqué (comme le prétendait Camus) dans ces polémiques, autant quand elles concernent l'école (où je travaille) que l'histoire du XVIIIè (dans laquelle je me suis immergé depuis fort longtemps...). En somme, puisque ce blog vient de dépasser le cap des 60000 visiteurs (merci aux fidèles !) et que j'y croise de plus en plus de curieux ayant récemment découvert Marion Sigaut, je reprendrai prochainement mon travail critique sur ses interventions publiques, en soulignant les approximations et les contre-vérités dont la polémiste est coutumière.
Dans Silence aux Pauvres (1989), le regretté Henri Guillemin écrivait :
Soyons plus sérieux que Michelet
et que Rivarol. Il y a des causes multiples et conjointes qui expliquent, ou du
moins éclairent, la très intéressante et très remarquable année 1789, en
France. Face à la richesse immobilière, c'est-à-dire les châteaux et les vastes
domaines, aux mains des nobles, s'est constituée, au XVIIIe siècle, une
richesse mobilière, de capitaux liquides, que se partagent des affairistes
nouveaux venus dans la banque, les assurances, le commerce international, les
industries naissantes. Là sont de grands bourgeois, détenteurs de fortunes
croissantes et qui ne tolèrent plus que l'aristocratie soit seule à disposer,
grâce à la faveur du roi, des leviers de commande au gouvernement. (...)
Autrement dit : la bourgeoisie d'affaires, dont l'importance ne cesse de
s'affirmer, entend bien participer, et très activement, à la gestion de l'État
et aux avantages qu'elle implique pour ses propres opérations...