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mercredi 12 juin 2019

Mgr de Noailles et la Bulle Unigenitus (6)


1720 constitue une année charnière dans le long combat mené par les ultramontains et les Jésuites contre les appelants jansénistes. Aidé par le futur Cardinal Dubois, le Régent parvient en début d'année à faire fléchir Noailles et à arracher un accommodement avec les prélats appelants.

l'acceptation de la Bulle Unigenitus par Noailles
 A l'été 1720, le Régent fait paraître une nouvelle déclaration royale qui marque sa victoire diplomatique ("j'ai bridé mes ânes", déclare-t-il pour l'occasion) :

déclaration royale août 1720


déclaration royale août 1720
 La Constitution Unigenitus doit désormais être observée partout en tant que loi du royaume, les appels antérieurs étant considérés comme nuls et non avenus. Cette reculade de l'archevêque de Paris est évidemment mal perçue par ses partisans, par le clergé de 2nd ordre, et plus encore par un Parlement de Paris attaché aux "lois fondamentales du royaume". Soumis à des pressions contradictoires, le vieil archevêque (plus de 70 ans) semble en fait épuisé par cette longue lutte. Et la mort du Régent, remplacé par le duc de Bourbon, va déchaîner une vague de persécutions contre les opposants à la Bulle. Les ordres religieux sont impitoyablement repris en main, les uns après les autres, et les autorités multiplient les arrestations et lettres de cachet à l'encontre des récalcitrants. Durant cette même période, les Nouvelle Ecclésiastiques se font inlassablement l'écho, année après année, des persécutions subies par les Jansénistes :

NE (1720)

NE (1720)

NE (1721)
En 1727, le Cardinal de Fleury (nouveau ministre auprès du jeune Louis XV) va même amplifier ce mouvement de répression, jusqu'à sanctionner Jean Soanen, évêque de Senez, pour une Instruction Pastorale parue en janvier 1727.

 Suspendu de toute juridiction épiscopale, l'octogénaire est condamné à l'exil et enfermé à l'abbaye de la Chaise-Dieu où il mourra en 1740. Ce déni de justice fait aussitôt réagir le Parlement de Paris, où nombre d'avocats s'enflamment et prennent fait à cause pour l'ancien évêque.
Par son attitude belliqueuse, Fleury va en réalité resserrer les rangs d'une large part du clergé de France, hostile à la Bulle et effrayée par cette épuration. Et la mort de Noailles, remplacé par Vintimille en 1729, ne freinera pas ce mouvement de contestation.
L'affaire du diacre François de Pâris, qui éclate dans le même temps, va cristalliser toutes ces oppositions.
Mais de tout cela, nous avons déjà parlé ici.

samedi 8 juin 2019

Mgr de Noailles et la Bulle Unigenitus (5)


Confronté à une situation rendue inextricable par les décisions de son oncle, le Régent Philippe d'Orléans ne tarde pas à réagir. En septembre 1715, s'adressant aux prélats venus le saluer, il déclare "qu'on le trouverait toujours bien disposé à défendre les intérêts de l'Eglise gallicane et à conserver les évêques dans la dignité de leurs place".
Joignant les actes aux paroles, il nomme aussitôt Noailles à la tête du Conseil de Conscience et lui adjoint plusieurs jansénistes tels que l'abbé Pucelle ou encore Antoine Dorsanne.
Le jésuite Le Tellier, âme damnée du roi Louis, est quant à lui exilé.
A son représentant à Rome, le Régent s'explique de ce changement de politique :  "il n'y a que la douceur qui puisse calmer l'émotion des consciences et, pour tout dire en un mot, prévenir un schisme prêt à se former dans le royaume".
le régent
Dans sa volonté de rallier à lui les opposants à la Bulle, le Régent a besoin du soutien de Noailles. Mais de son côté, Rome ne s'en laisse pas compter, et le Saint-Siège refuse obstinément d'investir les évêques nommés par ce même Noailles. Un temps, une quinzaine d'évêchés ou d'archevêchés sont même privés de titulaires ! Dans son Mémoire, le janséniste Nicolas Petitpied analyse fort justement les véritables motifs de l'intransigeance romaine :


En dépit de ses efforts, le Régent échoue encore à rapprocher les acceptants (proches de Rohan) et les appelants (qui demandent au pape de commenter la Bulle). Au mois de mars, quatre évêques (de Mirepoix, Senez, Boulogne et Montpellier) donnent un nouveau coup de pied dans la fourmilière en réclamant un concile général. Une trentaine d'autres les suivent timidement,  soutenus en cela par la Sorbonne. 
Leur objectif ? Revenir aux articles de 1682 dont on rappelle ci-dessous la teneur :

Et puisque Rome rechigne à investir les évêques désignés par Noailles, d'aucuns suggèrent même de les faire élire par le peuple !
Face à la menace d'un schisme, le Régent n'a d'autre choix que de trancher dans le vif. Il exile les quatre appelants dans leur diocèse et fait paraître dans la foulée une déclaration (en octobre 1717) qui impose à tous le silence sur la question de la Bulle.

 Evidemment, cette "loi du silence" ne sera respectée de personne... D'ailleurs, le Régent la répétera à deux reprises, en 1719 puis en 1720. Toujours en vain...
Et durant ce laps de temps, le combat continue de faire rage entre "appelants" et "acceptants" (voir extraits de Dissertations ci-dessous") 
En août 1719, le pape Clément provoque l'épreuve de force en excommuniant les quatre évêques appelants.
De son côté, Noailles fait paraître une instruction pastorale dans laquelle il réaffirme ses positions :





(à suivre ici)

dimanche 5 mai 2019

Mgr de Noailles et la Bulle Unigenitus (4)


 
Ne sachant comment sortir de cette crise, Louis XIV propose alors à Rome de réunir les évêques français en concile national (début septembre). Conseillé par son âme damnée Le Tellier, il envisage en fait de déposer l'archevêque de Noailles et dans le même temps imposer aux autres opposants l'acceptation de la Bulle. Informé de ce projet, le premier président du Parlement (accompagné du procureur général d’Aguesseau) lui répond avec une certaine hardiesse : « Nous craignons que votre Majesté n’empiète un peu sur l’autorité de l’Eglise ».

Dans l’ombre, mais toujours prompt à distiller son venin à l’oreille du souverain, le confesseur Le Tellier le presse alors de se rendre à Paris et de tenir un lit de justice pour casser définitivement l’opposition du Parlement.

Le jésuite Le Tellier

S'il n'était soudain tombé malade (en août), Louis aurait sans doute continué de suivre les funestes conseils du parti moliniste, ce dernier ayant par ailleurs obtenu le soutien de Mme de Maintenon contre Noailles. Mais son état s'est aggravé, le voilà alité, et il n'est désormais plus question pour lui de se déplacer à Paris. A l'article de la mort, le roi manifeste même des regrets à l'égard de l'archevêque de Paris : « Vraiment je serais bien aise de le voir, et je suis fâché de mourir brouillé avec lui » (ce que rapporte l’abbé Dorsanne dans son Journal).

Inquiets de ce que pourrait donner cette rencontre, Le Tellier et sa nouvelle alliée Mme de Maintenon s’emploient aussitôt à rédiger un courrier destiné à Noailles, lui expliquant que « sa Majesté le reverrait avec plaisir et qu’elle recevrait même une consolation particulière de mourir entre les bras de son archevêque ». 
La proposition étant évidemment assortie d’une condition : qu’il se soumette à la Constitution Unigenitus...

La réponse de Noailles sera très digne :

« Dieu seul connaît jusqu’où va ma douleur de ne pouvoir rendre mes derniers devoirs au roi… La triste conjecture où je me trouve ne change rien à l’affaire qui m’a attiré la disgrâce du roi et ne me permet pas de faire présentement ce que j’ai cru ne pouvoir faire en conscience lorsque sa Majesté était en pleine santé » .
J'imagine qu'il est inutile de préciser quel écho donnera Le Tellier à cette décision. A Versailles, l'évêque de Chalons ira jusqu'à s'écrier : "puisque le Cardinal n'a pas voulu voir le roi, nous devrions tous aujourd'hui former la résolution de ne voir jamais ce Cardinal"

Pour sa part, soupçonnant sans doute la duplicité de Rohan et de Le Tellier, le roi leur aurait dit peu avant de mourir : « Je suis de la meilleure foi du monde ; si vous m’avez trompé, vous êtes bien coupables : car je ne cherche que le bien de l’Eglise ». Les deux hommes, faut-il le préciser, jureront leurs grands dieux qu’ils ont été les plus loyaux des serviteurs de sa Majesté... Et dans le même temps, l’infâme Le Tellier parvient in extremis à se faire désigner confesseur du jeune Dauphin, futur Louis XV…
Quatre jours plus tard, le 1er septembre au matin, Louis XIV meurt, laissant l'Eglise de France au bord du schisme. Il revient donc au Régent Philippe d'Orléans d'assumer cet héritage et surtout de trouver enfin une issue au conflit...

(à suivre ici
 
la mort du roi

mardi 23 avril 2019

Mgr de Noailles et la Bulle Unigenitus (3)



L'obstination de Noailles achève de faire enrager le roi ; en juillet 1714, il s'écrie devant le cardinal de Polignac : "sans être théologien, je vois par tout ce qu'on m'a dit ce matin, que le cardinal de Noailles est un hérétique".
Et de réclamer à ce même Noailles un nouveau projet d'instruction pastorale qui, cette fois, accepterait la bulle Unigenitus sans conditions. L'ultimatum est fixé au 18 octobre, le roi précisant : "ce jour-là même je veux l'envoyer à Rome. Sinon je sais ce que j'ai à faire."
Noailles va s'exécuter mais sans pour autant effectuer toutes les corrections qu'on exigeait de lui.
Prenons le journal d'Antoine Dorsanne, grand vicaire de Paris, et découvrons la réaction du roi à la lecture de cette nouvelle instruction parvenue à Fontainebleau le 17 octobre : " sa majesté a déclaré qu'elle n'était pas surprise et qu'elle avait toujours dit que le cardinal de Noailles les tromperait ; qu'il n'en avait point été la dupe, y ayant quinze ans qu'il le connaissait ; qu'il ne voulait plus entendre parler de cette affaire et qu'il prendrait les mesures qui lui conviendraient."
Une version corroborée par le journal de Dangeau :
"Noailles a envoyé son mandement... On prétend qu'il n'est pas entièrement conforme à ce dont on était convenu"

 ***
Le Tellier, jésuite confesseur du roi

Même si un cardinal ne se juge pas comme n’importe quel quidam, la décision est néanmoins prise de châtier le récalcitrant. Plusieurs solutions sont dès lors envisagées : soit un procès à Rome (Noailles ayant prêté serment entre les mains du pape), soit un procès en France en présence de légats dépêchés par le pape, soit un concile national. Le diplomate Amelot, envoyé par Louis XIV à Rome, explique à la Curie que le concile national constitue "l’unique moyen de procéder contre les rebelles […] que l’on ne trouverait pas dans tout le Clergé de France trois évêques qui voulussent se charger de faire hors le concile le procès au cardinal, que c’était le moyen le plus canonique et le plus capable de faire revenir les esprits qui sont extrêmement irrités". Il s'agit donc de faire le procès du cardinal selon les formes romaines, mais sans pour autant que cela paraisse un abus de pouvoir aux évêques de France. 
Malgré les efforts d'Amelot, le pape envoie deux nouveaux brefs à Versailles et exige qu'on dénaturalise et décardinalise Noailles avant de le faire comparaître à Rome.  Informé de ce contenu, Noailles répond au chancelier Voysin :  
mars 1715
D'après les mémoires de Saint-Simon, le jésuite Le Tellier conçoit alors un plan des plus retors : enlever Noailles, le transférer de force à Rome pour le faire comparaître devant le pape. Par chance, l'insensé projet du confesseur du roi n'aboutira pas.

Mémoires de Saint-Simon

Mais alors, comment faire céder Noailles ? A l'été 1715, le Père Timothée appelle une nouvelle fois Rome à l'aide:


"Vive notre saint archevêque"... La popularité de Noailles est devenue telle qu'on comprend aisément l'état de panique dans lequel se trouvent alors les molinistes.

(à suivre ici)

samedi 20 avril 2019

Mgr de Noailles et la Bulle Unigenitus (2)




Souvent considéré comme pusillanime par les historiens, Mgr de Noailles va pour l'occasion faire preuve d'un étonnant aplomb face à l'autoritarisme du roi.

 ***

Dans le projet de lettres patentes adressé au Parlement, ce dernier avait pressé le premier président dans des termes inhabituellement violents :
"...voulons et nous plaît que la constitution de Notre Saint Père le Pape en forme de bulle...soit reçue et publiée dans nos Etats, pour y être exécutée, gardée et observée...enjoignons à tous les archevêques et évêques de notre royaume de la faire lire et publiée dans toutes les églises de leurs diocèses..."
Evidemment, cette injonction passe mal auprès des parlementaires, l'un d'eux (Joly de Fleury) poussant la hardiesse jusqu'à rappeler au roi qu'il ne détient pas un tel pouvoir d'injonction auprès des prélats.
Bon gré mal gré, le Parlement accepte pourtant de se réunir (mi février) et d'enregistrer les lettres patentes, donc la fameuse Bulle Unigenitus.

***

C'est le moment que choisit Mgr de Noailles pour réaffirmer son opposition. Dans sa lettre pastorale du 25 février 1714, il développe une magistrale argumentation afin de défendre aux prêtres de son diocèse de recevoir la bulle papale. Inutile de préciser qu'elle sera considérée par Rome comme "scandaleuse, téméraire, injurieuse, sentant le schisme et y conduisant". 
En voici quelques extraits :

(...)

(...)
Et de conclure au "danger" que constitue cette Bulle pour l'unité de l'Eglise.


Comme la Sorbonne est appelée à son tour à accepter la Bulle, Louis XIV intervient directement auprès de l'assemblée pour qu'elle "fût enregistrée...et qu'elle défendît, sous peine d'exclusion de ladite Faculté...de rien dire, enseigner ou mettre en avant qui fût contraire aux décisions qu'elle contient".
Le vote a lieu le 5 mars, et malgré de vives contestations au moment de la proclamation des résultats, le syndic peut conclure avec soulagement que "La Faculté est d'avis que l'on reçoive avec un grand respect la constitution de N.S Père le Pape Clément XI".

Mis à part Noailles, la plupart des appelants sont désormais réduits au silence par le parti jésuite, les abbés Bidal, Hulot et Braguelone étant derechef exilés en province. En réponse à la plainte émise par ce dernier, le cardinal de Rohan lui répond perfidement :

Un nettoyage par le vide : en ce début de printemps 1714, c'est ainsi que l'autorité royale a choisi de sortir de cette crise qui menace son pouvoir.
Grave erreur qu'elle commet là !
Car le bas clergé et bon nombre de prêtres de paroisse sont viscéralement attachés à leur indépendance et donc hostiles à tout diktat extérieur. A leurs yeux, ni le pape ni le gouvernement n'ont à leur imposer une quelconque ligne théologique, d'autant qu'ils se sentent souvent plus d'affinités avec leurs paroissiens les plus pauvres qu'avec l'élite ecclésiastique. 
Grave erreur, en effet ! 
Car dans les quartiers les plus pauvres de Paris, dans le microcosme de ces paroisses dominées par des marchands ou des artisans, l'austérité janséniste a essaimé depuis fort longtemps.
Et Noailles va très rapidement se trouver de nouveaux alliés.

(à suivre ici)

jeudi 18 avril 2019

Mgr de Noailles et la Bulle Unigenitus (1)

Mécontent des trop fréquentes ingérences du pape Innocent XI dans les affaires ecclésiastiques du royaume de France, Louis XIV réunit (au printemps 1681) cinquante-deux prélats en assemblée extraordinaire et parvient à les convaincre de rédiger la fameuse Déclaration des Quatre articles.
Par cette déclaration, il est stipulé que le roi n'est en rien soumis à l'autorité du pape dans les choses temporelles, que cette même autorité est non seulement limitée par celle des conciles généraux, mais également par les lois et les coutumes du royaume de France. Enfin, le dernier article remet en cause l'infaillibilité présumée du souverain pontife.

Soumise à l'Assemblée du clergé de France, ladite déclaration sera finalement adoptée à l'unanimité des évêques au mois de mars 1682.


extrait de l'article 1

Allié pour l'occasion aux théologiens de la Faculté de Paris, le Parlement (largement acquis aux thèses jansénistes) va dès lors entrer dans un conflit larvé avec les ultramontains Jésuites, accusés de privilégier les intérêts romains.
Innocent XI meurt en 1689

Cette querelle avec Rome et ses affidés va durer près de 10 ans, jusqu'à l'élection d'Innocent XII et l'ouverture de nouvelles négociations. En 1693, le roi finit par écrire au nouveau pape qu'il renonce "à l’observation de son édit touchant la déclaration faite par le clergé de France … Je suis heureux de faire savoir à Votre Sainteté que j’ai donné les ordres nécessaires pour que les choses contenues dans mon édit de 1682 touchant la déclaration faite par le clergé de France… ne soient pas observées".

Les relations de la Cour et du Saint-Siège peuvent dès lors reprendre leur cours normal.

*** 

La destruction de Port-Royal (entre 1709 et 1711), puis la fulmination de la Bulle Unigenitus obtenue par Louis XIV auprès du Pape Clément XI (en 1713), vont raviver les querelles religieuses au sein du royaume. Convoquée par le roi en octobre de la même année, l'Assemblée du clergé, composée d'une cinquantaine d'évêques et présidée par l'archevêque de Paris Mgr de Noailles, est chargée d'enregistrer la loi romaine. 

Mgr de Noailles

De son côté, Rome précise d'emblée que "la constitution ne s’examine pas, ne s’interprète pas, ne se déclare pas par des évêques, mais qu’elle doit être reçue par eux en toute soumission et obéissance. C’est là uniquement ce que vous devez dire et demander, et pour l’obtenir, vous ne devez pas vous adresser à d’autre qu’au roi. Sa Majesté l’a promis."
Les directives du roi sont tout aussi claires : "
Comme je désire avec ardeur, que les Églises de mon Royaume jouissent promptement de la tranquillité, qui doit être le fruit de cette Constitution, en observant les formes établies par les saints Décrets et par les usages de mon Royaume, j’ai jugé à propos de vous faire assembler pour vous adresser une copie de cette Bulle, afin que vous puissiez la recevoir avec le respect qui est dû à notre saint Père le Pape, et le zèle que vous apportez dans tout ce qui regarde le bien et l’avantage de l’Église, vous exhortant de travailler incessamment aux moyens que vous jugerez les plus convenables, pour la faire accepter d’une manière uniforme dans tous les Diocèses de mon Royaume" 
 
le grain de la discorde

En somme, on demande au clergé de renoncer à la tradition gallicane acquise au siècle précédent, d'accepter l'infaillibilité du Pape et de se soumettre en silence. Si quelques prélats (dont Rohan, proche des Jésuites) demandent d'enregistrer la loi au plus vite, l'archevêque de Noailles, ainsi que 8 autres évêques, vont s'élever contre ce diktat et proposer au clergé qu'il demande au Pape de se justifier :  
"je suis chargé de vous dire, que les huit Prélats qui n’ont pas été de l’avis commun dans votre dernière délibération, et moi, ne pouvons opiner sur cette pièce, parce que nous nous croyons avec déplaisir obligés de prendre un parti différent, auquel cet acte ne peut servir. C’est de recourir au pape, lui proposer nos peines et nos difficultés, et le supplier de nous donner des moyens de clamer sûrement les consciences alarmées, de soutenir la liberté des Écoles catholiques, et de conserver la paix dans nos Églises".
Autre opposant à la bulle, l'archevêque de Tours prétend pour sa part que "voilà la plus grande affaire qu'ait eue l'Eglise depuis les apôtres."
Le 1er février 1714, le cardinal de Rohan propose à l'assemblée le texte de l'instruction pastorale validé par la quarantaine d'évêques acceptants. Noailles et ses alliés répondent sans ambages " que leur conscience leur interdisait d'accueillir cette pièce, qu'ils ne pouvaient se joindre à leurs collègues aussi longtemps que le Saint-Siège n'aurait point fourni des éclaircissements à sa constitution."
La sanction ne se fait pas attendre : six jours plus tard, l'archevêque de Paris et sept de ses confrères (l'évêque de Laon s'était entretemps soumis) sont exilés dans leur diocèse avec interdiction d'en sortir jusqu'à nouvel ordre.
Reste à trouver une issue à la crise...

(à suivre ici)