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jeudi 3 septembre 2015

L'intrigue au bordel, anonyme (5)


Scène 11
JAMBE DE COQ, seul

Que c’est vexant. (il tire son vit) Je ne bande déjà plus… c’était bien la peine de monter ce coquin-là. (il le retourne) Pendard ! as-tu figure humaine. (reboutonnant sa culotte) Ah ! ma foi, n’y pensons plus. (il tire sur sa pipe) Mon brûle-gueule, voilà ma consolation

Air : des fraises
Pour me ranimer, morbleu,
Sans fruit je me consume.
Aux enfants laissons ce jeu.
Quand on a perdu son feu,
L’on fume, l’on fume, l’on fume.
(on entend des soupirs dans la coulisse)

Mais j’entends gémir, ce me semble.

Godichon, dans la coulisse

Air : ça fait toujours plaisir

Ah ! quel tourment j’endure,
Faut-il y renoncer.

Victoire
Mon cher, je t’en conjure,
Ne vas pas me blesser ;
Tu me perces le ventre,
Finis, c’est trop souffrir.

Godichon
Attends, je crois qu’il entre.

Victoire
Dieux ! tu me fais mourir.
(ensemble)
Ca fait, ça fait toujours plaisir (bis)

Jambe de coq, répète
Ca fait, ça fait toujours plaisir ! Eh ! cela me fait revenir un peu, si je pouvais voir les acteurs… Dieu me pardonne, je rebande.
(il cherche à regarder par le trou de la serrure)


Scène 12
JAMBE DE COQ, GODICHON

Godichon, se jetant dans un fauteuil
Grands dieux ! quelle écorchure ! je me meurs ; je suis mort !

Jambe de coq
Peste soit du gueulard
(ils s’aperçoivent tous deux ayant le vit en l’air)
Est-ce un songe ? quoi ! mon fils Godichon !

Godichon
C’est mon père (à part) Oh scie.

Jambe de coq
Monsieur, je trouve bien étonnant…

Godichon
Mon père, je suis bien surpris…

Jambe de coq
De vous trouver…

Godichon
De vous revoir…

Jambe de coq
Dans cet état…

Godichon
Moi, de même…

Jambe de coq
C’est donc comme cela que tu passes tes vacances ! que viens-tu faire ici ?

Godichon, d’un ton piteux
L’amour !

Jambe de coq
L’amour !... Imbécile.


Air : Si Pauline est dans l’indigence

Défiez-vous de la tendresse,
Des femmes, qu’on voit au bordel ;
Souvent leurs plus douces caresses,
Cachent un poison des plus cruels.
Misérable ! ici tu t’exposes :
Ressouviens-toi de mes leçons,
Au lieu d’y rencontrer des roses,
On n’y trouve que des boutons. (bis)

Godichon
Que ne m’avez-vous dit cela plutôt ?

Jambe de coq
Comment !

Godichon
Ecoutez.

Air : de la parole

Nouveau débarqué dans ces lieux,
Ici, je rencontre une belle.
Le plaisir brillait dans ses yeux,
Je devins heureux auprès d’elle ;
Mais elle a trompé mon ardeur,
Et quand je lui donnais mon cœur,
Elle m’a donne (bis) la vérole.

Jambe de coq
La vérole !

Godichon
Oui, papa, la vérole.

Jambe de coq
Mille de bombés !

Air : de la fricassée

Cela
N’en restera pas là.
Je te vengerai sur mon âme ;
Crois-en le courroux qui m’enflamme.
Va,
La putain me le payera

Godichon
Qu’allez-vous faire ?

Jambe de coq
Je vais
De ce pas à la caserne
J’y prends mon sac, ma giberne.
Mes pistolets,
Je reviens ;
L’on saura bien,
Si c’est du pied que je me mouche,
Et la putain
Verra beau train. (…)

(à suivre)

dimanche 30 août 2015

L'intrigue au bordel, anonyme (4)

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Scène 8
ST-ELME, GODICHON

Godichon
On n’est pas plus aimable

St-Elme
Et la demoiselle

Godichon
Ravissante ! ô mon ami quelle connaissance.

St-Elme
Tu ne te figure pas tout ce que tu y gagneras. Mais, à propos, tu ne m’as pas encore parlé des belles de ton canton, comment les gouvernes-tu ?

Godichon
Dis donc, comment elles me gouvernent.

Air : Mon père était pot
A l’une, si je fais la cour,
Finissez, malhonnête.
A l’autre, parlais-je d’amour,
Vous êtes une bête.
Puis ce sont des cris,
Des airs de mépris,
Sitôt que je les touche.

St-Elme
Nigaud

Brave leur dépit
C’est avec un vit,
Qu’on leur ferme la bouche.
Ainsi donc, tu gardes ton pucelage.

Godichon
Hélas !

St-Elme
A vingt-cinq ans, un grand garçon comme toi, n’as-tu pas de honte… Mais, à quoi t’occupais-tu donc dans ton village ?

Godichon

Air : au point du jour
Au point du jour,
Je me branlais pour célébrer l’aurore.
Avec mes cinq doigts tour à tour,
Du soir, j’attendais le retour.
Souvent je me branlais encore
Au point du jour ! (bis)

St-Elme
Grand couillon ! laisse-moi faire je te stilerai… Cours les filles, le pince-cul, la roulette. Lance-toi dans un société honnête, perds ton argent, gagne la vérole, baise-moi toutes les garces à couillons rabattus, imite-moi. Je secoue le préjugé, je me fous du censeur. Vive le con, vive le cul !  (…)


Scène 9
LA MERE L’EVEQUE, JAMBE-DE-COQ

Jambe-de-coq
Ma petite mère, comment tu me refuseras !

La mère l’évêque
Allez, vous n’entrerez pas

Jambe-de-coq
Un coup de poignet seulement, qu’est-ce que cela te coûte.

La mère l’évêque
Allez vous faire foutre, vous dis-je

Jambe-de-coq

Air : de la soirée orageuse
J’ai fait preuves au champ d’honneur ;
Chez toi, je peux entrer en lice.

La mère l’évêque
Je ne crois pas en ta valeur,
Tu n’es plus bon pour le service.
Que l’état s’acquitte envers toi,
C’est à lui de payer ses dettes ;
Mais aux invalides, chez moi
Je n’accorde pas de retraites.

Allez, circule, vieux bougre.

Jambe-de-coq
De grâce.

La mère l’évêque
Allons, roule, te dis-je.

Scène 10
LES PRECEDENTS, LEONORE, accourant

La mère l’évêque
Encore un oignon, je parie.

Léonore
Ah ! mon Dieu ! je ne sais où j’en suis ; l’officier qui vient d’entrer fait un bouzin horrible ; il a arraché la moitié des poils du cul de cette pauvre Justine.

La mère l’évêque
Comment ? Justine !

Léonore
Je ne sais pas qui lui a dit qu’elle a la vérole.

La mère l’évêque
Mais ce n’est pas Justine que je lui avais donnée ; quand je disais qu’il y avait de l’oignon… ma présence est nécessaire. Quant à toi, l’ancien, rest là si tu veux, tu pourras nous être utile en cas de malheur.

Jambe-de-coq, amoureusement
Tu ne veux donc pas absolument.

La mère l’évêque
Allons donc tu me scies. (elles sortent)

(à suivre ici)

jeudi 27 août 2015

L'intrigue au bordel, anonyme (3)



Scène VI

LES PRECEDENTS, GODICHON



Godichon

Le maraud ! quelle impudence ! oser me jouer de la sorte !



(il aperçoit la mère l’évêque et salue profondément)



St-Elme

Permettez-moi, madame, de vous présenter le jeune homme qui…



Godichon, salue derechef

Oui, madame, c’est moi qui suis le jeune homme qui…



St-Elme

Qui vient d’éprouver l’aventure la plus désolante.



Godichon

Un tour pendable, et dont je me vengerais bien si j’osais.



La mère l’évêque

Quelle est donc cette aventure ? Je mérite d’en être instruite, de grâce…



Godichon

Madame, en vérité…



La mère l’évêque

Je vous en supplie



Godichon

Certainement que…



St-Elme

Eh ! que de simagrées, vien donc au fait.



Godichon

Il est bon de vous dire, que j’étais descendu dans ce café que l’on trouve…



St-Elme

Nous le connaissons, continue.



Godichon

Air : Monseigneur d’Orléans, de Vadé

Or, voici le cas ;

Ne m’interrompez pas.

Vous allez voir

Quel fut mon désespoir ;

Je m’entends appeler, fort bien,

Je me lève et n’entends plus rien.

Je me rassieds aussitôt,

L’on m’appelle, et je reste sot.

Ai-je perdu la cervelle,

Me prend-on pour un nigaud ?

- Monsieur Godichon !

Parbleu, c’est bien mon nom.

Je réponds soudain, qui m’appelle ?

- Monsieur Godichon !

- Eh bien ! que me veut-on ?

- Vite, au perron,

Votre oncle de Dijon,

Vous apporte un dindon.

C’est bon.

J’y monte et cours, j’attends,

Je demande à tous les passants .

Par trois fois, je monte et descends,

Tout près d’en perdre le bon sens.

Enfin le maître du café,

Me voyant le sang échauffé,

Me dit, c’est assez mon garçon.

Moi, je le reconnais au son ;

Lui seul était l’oncle de Dijon,

Et moi j’étais le dindon.




Scène VII

LES PRECEDENTS, FLORE



Flore, courant

A quoi vous amusez-vous donc là ?



La mère l’évêque

Va donc te faire f…



Godichon, à voix basse à St-Elme

Quelle est cette charmante personne ?



St-Elme, en confidence

L’une des filles de la maison.



Flore

Mais venez donc, on ne peut pas jouir de Victoire, elle ne veut pas marcher.



St-Elme

Quelle est donc cette victoire ?



La mère l’évêque, bas à son oreille

Une petite connasse (haut) Une parente (bas) pucelage à vendre.



St-Elme

En vérité !... Je serais enchanté de faire connaissance avec elle.

(il met deux louis dans la main de la mère l’évêque)



La mère l’évêque

Adjugé. Monsieur, je lui procurerai cet honneur. Les soins de ma maison m’appellent, mais je ne vous dis pas adieu.



St-Elme, bas

N’oublie pas la vérole.



La mère l’évêque, bas

Je vais la mettre de côté dans ce cabinet. (haut) Messieurs, au revoir.



St-Elme

A l’avantage. (la mère l’évêque et St-Elme sortent)


mardi 25 août 2015

L'intrigue au bordel, anonyme (2)

 

LA MERE L’EVEQUE, seule



Qu’on dise après cela que je n’ai pas de mal. Oh ! nous autres maquerelles, nous ne gagnons l’argent qu’à la sueur de notre corps ; il est vrai que je puis me vanter d’exercer avec honneur. J’ai blanchi dans le foutre… trente-six ans de galerie ! à combien de gens aussi ne suis-je pas utile. Que de services n’ai-je pas rendus à l’humanité !



Air : j’ai perdu mon âme



Dans toutes les rues,

Filles sont perdues.

Moi, je viens à leurs secours,

Et je retrouve toujours

Des filles perdues (bis)



Cette petite Victoire, par exemple, que je rencontrai hier, rue Tire-Boudin, s’enfuyait de la maison paternelle ; sa mère la retenait trop sévèrement. Je lui trouve un minois chiffonné, de la taille, une espèce de gorge, et je l’adopte : aussi quelle cruauté a une mère de vouloir enfermer sa fille ; une brodeuse de quinze ans !



Air : de la Gravotte de Madame Gardel

Je vous comprends toujours bien



Mesdames, pourquoi ces verroux,

Pour garder l’honneur de vos filles ;

L’amour ne sait-il pas sans vous,

Se glisser au travers des grilles.

Malgré le soin de leurs mamans,

Combien de couseuses gentilles,

Plus d’une fois par leurs amants

Se font enfiler leurs aiguilles.




Scène 5

LA MERE L’EVEQUE, ST-ELME



St Elme, il entre en riant aux éclats

Ah ! ah ! ah ! qu’il est précieux, ah ! ah !



La mère l’évêque

Quelle gaîté ?



St-Elme

On n’est pas plus aimable, ah ! ah !



La mère l’évêque

De qui parles-tu donc



St-Elme

D’un sot que je viens de berner. Ah ! ah !



La mère l’évêque

Oh ! ma bonne, il faut m’expliquer cela.



St-Elme

Unique. Ah ! ah !



La mère l’évêque

Mais enfin, dis-moi de quoi il s’agit.



St-Elme

Figure-toi donc un individu bien sec, bien long, tourné à l’avenant, bas de soie chinés, large cravate, habit serin à côtes et chapeau en pain de sucre, une badine à la main.



La mère l’évêque

Quel signalement !



St-Elme

Ce gracieux personnage, fraîchement descendu du coche d’Auxerre, et à qui je viens de faire mettre pied à terre au café Bovel.



La mère l’évêque

Je devine le reste.



St-Elme

Un moment, ce que tu ne devines pas, c’est que je transplante ledit individu au milieu de ton bordel.



La mère l’évêque

Belle pratique ! et que veux-tu que j’en fasse ?



St-Elme

A discrétion. Au surplus tu peux être tranquille, je paie pour lui.



La mère l’évêque

Soit.



St-Elme

Tu te doutes bien cependant que pour mon argent je veux m’amuser. Le nigaud s’étaie de ma personne pour se présenter dans le monde et se lancer dans la bonne société ; moi qui désire répondre à sa confiance, je l’introduis au bordel. Il vient à l’insu de son père passer ses vacances à Paris, je le conduis dans ces lieux ; tu es une veuve de condition, tu vis de ton bien, tu as de grandes filles à marier ; ton hôtel est le rendez-vous des personnages de la capitale, conduis-toi en conséquence.



La mère l’évêque

Oh ! voilà bien de la couillonnade



St-Elme

Foutre ! avec de pareils propos, adieu la femme de qualité.



La mère l’évêque

N’importe, je m’en fous ; je vais tâcher de parler proprement, nous disons donc ?



St-Elme

Que tu dois traiter mon ami comme un jeune homme à bone fortune.



La mère l’évêque

Fort bien



St-Elme

A qui l’une de tes salopes, sous le nom de demoiselle de la maison, prodiguera les plus douces faveurs.



La mère l’évêque

Justine… une coulante depuis six mois.



St-Elme

Excellente idée, tu donnes dans mon plan



La mère l’évêque

Il veut faire son entrée dans le monde, oh ! comme je vais l’avancer, écoute



Air : de l’enfantine



Nous commencerons l’ouvrage

Par lui donner un poulain (1).

C’est le moyen le plus sage

Pour bien faire son chemin.



St-Elme

A merveille !



Pour compléter l’équipage,

Nous pourrons lui faire hommage

D’un chancre pour son voyage…

Va, s’il passe par ma main,

La vérole est son partage.

Nous le mènerons bon train !

Quel délice !

Puis soudain

La chaude-pisse

Le farcin,

Boutons malins,

Porreux bénins

Aux Capucins

Le conduiront enfin. (…)   

(à suivre ici)

(1) bubon syphilitique

lundi 24 août 2015

L'intrigue au bordel, anonyme (1)

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Scène première

Flore. Elle entre en fredonnant l’air suivant

Air : à l’ombre d’un vieux chêne

Les couilles de mon père
Sont pendues au plancher
Ma mère se désespère
De les voir s’dessécher (bis)
(elle s’interrompt)

Comment, personne ici ? où donc est cette salope de Justine, cette gueuse d’Eléonore… On ne sait pas ce qu’elles deviennent ; pour des femmes publiques elles ne sont guère rangées…

(elle continue son air)
Parfois elle les presse
Pour en tirer le jus
Et s’en frotter les fesses
Et les babines du cul. (bis)

Scène II

FLORE, LA MERE L’EVEQUE

La mère l’évêque
Chante, chante bougresse, je te ferai déchanter.

Flore
C’est vous, maman, qu’avez-vous donc ?

La mère l’évêque
Ce que j’ai, sacré nom d’un foutre ! Ce que j’ai… je suis d’une colère affreuse.

Flore
Pourquoi ?

La mère l’évêque
Comment… je suis déshonorée ! onze heures sonnent, la galerie pleine d’hommes ; des officiers, des sénateurs, des étrangers et pas un miché (1) !... salopes que vous êtes, qu’on vous foutes donc pour cent louis d’or et de diamants sur le cul… pas un miché ! … et moi, qui ai fait repeindre  mon grand salon avec dorures, bordures antiques, dans le goût le plus moderne… et pas un miché !

Flore
Ne vous fâchez pas, maman.

La mère l’évêque
Mille tonnerres, je ne me fâche pas, mais foutre est-ce la peine de se jeter dans les dépenses infernales quand le commerce est mort ; quand l’homme ne donne plus, quand il faut payer au gouvernement mille écus de patente, au propriétaire mille écus de loyer, et puis les chirurgiens, les médecins, couturières, marchandes de mode, coiffeurs, et par-dessus tout cela, des guenons comme vous, qui ne gagnez pas seulement ce que vaut la peau de votre cul, qui mangez et buvez comme des gouines, et qui restez toute la journée, les bras croisés et les jambes pendantes à vous grattez la motte… beau bénéfice !
(…)

-->Scène 3  

LES PRECEDENTS, JUSTINE, LEONORE, JOSEPHINE  

(elles reprennent le refrain en chœur)  
Faites-nous foutre sans cesse, 
Au lieu de vous foutre à l’eau (bis) 
La mère l’évêque, ironiquement 
Voilà un bordel bien monté !... d’où venez-vous donc si gaiement ?
Joséphine  
Moi ? je viens de faire des hommes ; voilà deux louis, j’ai monté deux militaires et mon gros banquier anglais : il m’a régalé de punch… Oh ! c’est un bon enfant, vivent les banquiers !

Air : j’ai vu partout dans mes voyages 
Moi, je préfère cette race, 
Faut-il en dire la raison, 
Jamais ils ne font la grimace, 
Et leur argent coule à foison. 
Ils sont nos uniques ressources, 
Chez nous dans un besoin urgent, 
En leur grattant un peu les bourses 
Nous faisons tomber leur argent (bis)

Léonore  
J’ai été plus malheureuse. J’ai eu affaire à un vieux procureur : j’ai fait tout mon possible, mais il avait le cœur trop dur et le vit trop mou ; pourtant il avait apporté des verges pour se faire fouetter ; j’ai usé la poignée, je me suis démanché le poignet, et l’animal ne bandait pas plus que la comète (...)   

(1) miché : client d'une prostituée