Scène 11
JAMBE DE COQ, seul
Que c’est vexant. (il tire son vit) Je ne bande déjà plus…
c’était bien la peine de monter ce coquin-là. (il le retourne) Pendard !
as-tu figure humaine. (reboutonnant sa culotte) Ah ! ma foi, n’y pensons
plus. (il tire sur sa pipe) Mon brûle-gueule, voilà ma consolation
Air : des fraises
Pour me ranimer, morbleu,
Sans fruit je me consume.
Aux enfants laissons ce jeu.
Quand on a perdu son feu,
L’on fume, l’on fume, l’on fume.
(on entend des soupirs dans la coulisse)
Mais j’entends gémir, ce me semble.
Godichon, dans la coulisse
Air : ça fait toujours plaisir
Ah ! quel tourment j’endure,
Faut-il y renoncer.
Victoire
Mon cher, je t’en conjure,
Ne vas pas me blesser ;
Tu me perces le ventre,
Finis, c’est trop souffrir.
Godichon
Attends, je crois qu’il entre.
Victoire
Dieux ! tu me fais mourir.
(ensemble)
Ca fait, ça fait toujours plaisir (bis)
Jambe de coq, répète
Ca fait, ça fait toujours plaisir ! Eh ! cela me
fait revenir un peu, si je pouvais voir les acteurs… Dieu me pardonne, je
rebande.
(il cherche à regarder par le trou de la serrure)
Scène 12
JAMBE DE COQ, GODICHON
Godichon, se jetant dans un fauteuil
Grands dieux ! quelle écorchure ! je me
meurs ; je suis mort !
Jambe de coq
Peste soit du gueulard
(ils s’aperçoivent tous deux ayant le vit en l’air)
Est-ce un songe ? quoi ! mon fils Godichon !
Godichon
C’est mon père (à part) Oh scie.
Jambe de coq
Monsieur, je trouve bien étonnant…
Godichon
Mon père, je suis bien surpris…
Jambe de coq
De vous trouver…
Godichon
De vous revoir…
Jambe de coq
Dans cet état…
Godichon
Moi, de même…
Jambe de coq
C’est donc comme cela que tu passes tes vacances ! que
viens-tu faire ici ?
Godichon, d’un ton piteux
L’amour !
Jambe de coq
L’amour !... Imbécile.
Air : Si Pauline est dans l’indigence
Défiez-vous de la tendresse,
Des femmes, qu’on voit au bordel ;
Souvent leurs plus douces caresses,
Cachent un poison des plus cruels.
Misérable ! ici tu t’exposes :
Ressouviens-toi de mes leçons,
Au lieu d’y rencontrer des roses,
On n’y trouve que des boutons. (bis)
Godichon
Que ne m’avez-vous dit cela plutôt ?
Jambe de coq
Comment !
Godichon
Ecoutez.
Air : de la parole
Nouveau débarqué dans ces lieux,
Ici, je rencontre une belle.
Le plaisir brillait dans ses yeux,
Je devins heureux auprès d’elle ;
Mais elle a trompé mon ardeur,
Et quand je lui donnais mon cœur,
Elle m’a donne (bis) la vérole.
Jambe de coq
La vérole !
Godichon
Oui, papa, la vérole.
Jambe de coq
Mille de bombés !
Air : de la fricassée
Cela
N’en restera pas là.
Je te vengerai sur mon âme ;
Crois-en le courroux qui m’enflamme.
Va,
La putain me le payera
Godichon
Qu’allez-vous faire ?
Jambe de coq
Je vais
De ce pas à la caserne
J’y prends mon sac, ma giberne.
Mes pistolets,
Je reviens ;
L’on saura bien,
Si c’est du pied que je me mouche,
Et la putain
Verra beau train. (…)
(à suivre)
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