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samedi 15 novembre 2014

Thérèse Levasseur

Article sur Thérèse Levasseur, paru dans l'excellente Gazette d'esprit XVIIIème 
(voir lien ci-dessous :
https://www.facebook.com/pages/Esprit-XVIII%C3%A8me/434171679987391?fref=ts )

 

mercredi 13 avril 2011

Thérèse Levasseur (3)

Ce blog fêtera bientôt sa première année d'existence. A ce jour, 8000 pages ont déjà été lues. Nous avons longuement évoqué le cas Rousseau, nous nous sommes penchés sur ses ouvrages, nous avons découvert quelques-unes des figures majeures du XVIIIème siècle, de Diderot à d'Alembert en passant par Voltaire.




Thérèse Levasseur
Et pourtant, les deux pages les plus consultées à ce jour concernent Thérèse Levasseur, cette lingère qui accompagna Rousseau pendant les trente dernières années de son existence. Comme souvent, c'est la petite histoire qui intrigue le public, surtout quand elle permet d'éclairer la grande, celle qu'on nous enseigne au cours de notre scolarité.
Eh bien, reconnaissons-le : le rôle joué par Thérèse dans le parcours privé et public de Jean-Jacques Rousseau me semble non seulement essentiel, mais également mésestimé par la plupart des biographes du Genevois. Songeons à la question des enfants abandonnés, à la brouille avec les philosophes, aux rapports venimeux que la lingère entretint avec son entourage, que ce soit à Montmorency, puis en Suisse, et enfin en Angleterre.
Mais de cela, il en a déjà été question...

Pour l'heure, je ne résiste pas au plaisir de rappeler le croustillant épisode du voyage qu'elle fait en janvier 1766 pour rejoindre Rousseau en Angleterre. Ce dernier, très inquiet, l'a confiée aux bons soins de la maréchale de Luxembourg. Mais qui prendra soin d'elle lors de la traversée, puisqu'elle ne comprend pas un mot d'anglais ? Et voilà qu'intervient une ancienne connaissance, un gentilhomme écossais nommé Boswell, qui se trouve justement à Paris durant quelques jours en attendant de rejoindre l'Angleterre. Le chevalier servant propose aussitôt ses services à la lingère, et le trente janvier, tous deux quittent Paris en chaise de poste.
James Boswell
Dans le journal que tient Boswell, les quelques pages relatant cette expédition ont toutes été arrachées par l'une des descendantes du gentilhomme. Heureusement, un collectionneur américain qui avait possédé ce même journal, a gardé trace des événements vécus par le chevalier écossais au cours de ces quinze jours de voyage.
D'étape en étape, d'auberge en auberge, l'intimité grandit entre les deux voyageurs. Pour égayer ses soirées, le don juan met en avant sa jeunesse et sa fougue pour séduire la lingère. En 1766, celle-ci est âgée de 44 ans, et cela fait bien longtemps que Rousseau n'est plus pour elle un amant. Aussi ne fait-elle guère de difficultés pour tomber dans les bras du jeune homme. A l'usage, Boswell se révèle pourtant moins prometteur que prévu, et Thérèse lui propose alors un cours pratique en "l'art d'aimer". En arrivant à Douvres, le 12 février, le chevalier écrit : "Hier, été tôt au lit le matin et l'ai fait une fois ; treize en tout." Le résumé de l'épisode fait par le collectionneur américain précise : "Boswell avouait se sentir, dans les bras de Thérèse, non comme un amant, mais comme un enfant. Les leçons de la gouvernante l'accablaient... Elle, pour sa part, trouva l'aventure fastidieuse."

Quelque temps plus tard, Boswell reçoit un message très sec de Rousseau dans lequel celui-ci lui recommande de se "faire saigner de temps à autre ; je crois que cela vous ferait du bien."
Entretemps, Thérèse avait certainement fait à Jean-Jacques un récit circonstancié (et sans aucun doute fidèle !) de son voyage...

samedi 4 septembre 2010

Thérèse Levasseur (2)


Les dernières années de la vie de Thérèse n'intéressent pas le grand public. Comme si la vie de cette femme s'était arrêtée en 1778, à la mort de Rousseau...
C'est pourtant après la disparition du philosophe que l'Histoire délivre quelques-uns de ses enseignements.
1. Dans les derniers mois de son existence, Rousseau est accueilli à Ermenonville par le marquis de Girardin. Le matin du 2 juillet, alors qu'il se trouve seul avec Thérèse, Jean-Jacques s'effondre. Dès lors, les supputations vont bon train. D'où vient cette blessure au front, sinon d'un coup que lui aurait porté Thérèse ? D'ailleurs, celle-ci n'a-t-elle pas déjà engagé une nouvelle liaison avec l'un des domestiques du marquis, un certain John Bally ? De son côté, le bon Grimm avance la thèse du suicide, l'attribuant au "délire de persécution et à la crainte d'une publication des Confessions." Comme ces légendes perdurent, pour en avoir le coeur net, on exhume les restes de Rousseau du Panthéon (en 1897). Après examen des médecins, le crâne est reconnu intact, sans aucune trace de fracture ni de perforation...
2- Thérèse se remet en ménage dès 1779, soit un an à peine après la mort de Rousseau. Le marquis de Girardin la chasse alors d'Ermenonville, et Thérèse s'installe non loin de là, au Plessis-Belleville, avec son nouveau compagnon John Bally. Grâce aux dispositions prises par Rousseau, elle doit toucher un capital de 24000 livres en plus d'une rente annuelle de 2400 livres, ce qui la place en théorie dans une situation financière plus que confortable. Commence alors pour elle un long combat pour entrer en possession du manuscrit des Confessions, que le marquis de Girardin conserve en secret à Ermenonville. Dans le même temps, le peu recommandable John Bally accumule déjà les dettes et dilapide les biens de l'ancienne lingère.
3- En 1790, une nouvelle chance s'offre à elle, lorsque l'Assemblée Nationale promet des "récompenses publiques" aux veuves des hommes qui ont servi la France. Thérèse se présente en 1794 à la barre de la Convention, chargée d'un paquet contenant des manuscrits. Une inscription précise que le sceau ne devrait être rompu qu'après 1801. La Convention passe outre cette volonté et ouvre le paquet, qui contient un manuscrit des Confessions. Thérèse en obtient une rente de 1500 livres par an.

Après 1795, Thérèse et John Bally se retrouvent à nouveau dans une situation financière plus que délicate. La blanchisseuse a renoncé à tous ses droits sur l'oeuvre de Rousseau, et le paiement de ses rentes est très mal honoré. Il lui reste alors 6 ans à vivre. La dernière lettre de Thérèse date de 1798. Elle se dit "manquer presque de tout." Elle meurt en juillet 1801. John Bally, qui se faisait passer pour son homme de confiance, aura même l'indécence de réclamer des gages sur sa dernière année de service.

jeudi 26 août 2010

Thérèse Levasseur (1)


Quand on s'interroge sur Rousseau, on sous-estime souvent le rôle joué par Thérèse dans le parcours du philosophe genevois. Quel étrange assemblage d'ailleurs, puisque de l'aveu même de Rousseau, cette lingère savait à peine lire et écrire... Comment donc expliquer cette union qui dura près de 35 ans, entre le moment où Rousseau rentre de Venise en 1744 et ses dernières heures à Ermenonville en 1778 ?
Le portrait de Naudet nous la montre vieillie, le visage empâté, et on en déduit un peu hâtivement que son physique n'avait rien d'avantageux. En fait, personne ne sait à quoi ressemblait la lingère dans ses jeunes années, et notamment lorsque débute sa liaison avec Rousseau. Dans les Confessions, le philosophe se contente d'évoquer "un regard vif et doux" ainsi qu'un "maintien modeste". D'autres témoignages, moins connus, apportent néanmoins un début d'explication. En 1766, un jeune chevalier écossais nommé Boswell est chargé d'accompagner Thérèse en Angleterre où Rousseau vient de trouver refuge. Et depuis la découverte du Journal tenu par l'Ecossais, on connaît mieux les détails croustillants de ce périple. En effet, si le peu scrupuleux Boswell entreprend de séduire la lingère, celle-ci fait apparemment peu de difficultés pour se laisser convaincre. Mais ce jeune Dom Juan va connaître une cruelle déception puisque Thérèse laisse entendre qu'il manque d'habileté dans le domaine et elle se propose aussitôt de le faire progresser ! Et nuit après nuit, d'étape en étape, Boswell va devoir endurer les leçons de la lingère, si bien que notre conquérant déconfit est plus que soulagé lorsque le voyage s'achève enfin.
Notons pour finir qu'une descendante du gentilhomme préféra déchirer les quelques pages du Journal où Boswell avait consigné le souvenir de sa mésaventure. On comprend mieux pourquoi...
Thérèse bénéficiait d'autres "talents" mieux connus que les exégètes ont souvent mis en avant pour expliquer cette étrange liaison entre deux êtres qui n'avaient rien en commun.
Tout d'abord ses talents de cuisinière, dont parle Bernardin de St Pierre. Et surtout, ce rôle de soignante qu'elle a tenu durant près de trente ans auprès du grand homme.
Quant aux enfants qu'elle a (aurait ?) eus avec Rousseau, il nous faudra y revenir plus longuement dans un prochain article...