samedi 4 septembre 2010

Thérèse Levasseur (2)


Les dernières années de la vie de Thérèse n'intéressent pas le grand public. Comme si la vie de cette femme s'était arrêtée en 1778, à la mort de Rousseau...
C'est pourtant après la disparition du philosophe que l'Histoire délivre quelques-uns de ses enseignements.
1. Dans les derniers mois de son existence, Rousseau est accueilli à Ermenonville par le marquis de Girardin. Le matin du 2 juillet, alors qu'il se trouve seul avec Thérèse, Jean-Jacques s'effondre. Dès lors, les supputations vont bon train. D'où vient cette blessure au front, sinon d'un coup que lui aurait porté Thérèse ? D'ailleurs, celle-ci n'a-t-elle pas déjà engagé une nouvelle liaison avec l'un des domestiques du marquis, un certain John Bally ? De son côté, le bon Grimm avance la thèse du suicide, l'attribuant au "délire de persécution et à la crainte d'une publication des Confessions." Comme ces légendes perdurent, pour en avoir le coeur net, on exhume les restes de Rousseau du Panthéon (en 1897). Après examen des médecins, le crâne est reconnu intact, sans aucune trace de fracture ni de perforation...
2- Thérèse se remet en ménage dès 1779, soit un an à peine après la mort de Rousseau. Le marquis de Girardin la chasse alors d'Ermenonville, et Thérèse s'installe non loin de là, au Plessis-Belleville, avec son nouveau compagnon John Bally. Grâce aux dispositions prises par Rousseau, elle doit toucher un capital de 24000 livres en plus d'une rente annuelle de 2400 livres, ce qui la place en théorie dans une situation financière plus que confortable. Commence alors pour elle un long combat pour entrer en possession du manuscrit des Confessions, que le marquis de Girardin conserve en secret à Ermenonville. Dans le même temps, le peu recommandable John Bally accumule déjà les dettes et dilapide les biens de l'ancienne lingère.
3- En 1790, une nouvelle chance s'offre à elle, lorsque l'Assemblée Nationale promet des "récompenses publiques" aux veuves des hommes qui ont servi la France. Thérèse se présente en 1794 à la barre de la Convention, chargée d'un paquet contenant des manuscrits. Une inscription précise que le sceau ne devrait être rompu qu'après 1801. La Convention passe outre cette volonté et ouvre le paquet, qui contient un manuscrit des Confessions. Thérèse en obtient une rente de 1500 livres par an.

Après 1795, Thérèse et John Bally se retrouvent à nouveau dans une situation financière plus que délicate. La blanchisseuse a renoncé à tous ses droits sur l'oeuvre de Rousseau, et le paiement de ses rentes est très mal honoré. Il lui reste alors 6 ans à vivre. La dernière lettre de Thérèse date de 1798. Elle se dit "manquer presque de tout." Elle meurt en juillet 1801. John Bally, qui se faisait passer pour son homme de confiance, aura même l'indécence de réclamer des gages sur sa dernière année de service.

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