samedi 11 septembre 2010

Diderot... (1)


En achevant ce 2è tome, je constate que la figure de Diderot demeure intacte, étrangement épargnée, alors que son rôle apparaît central dans la déchéance publique de Rousseau.
Je le reconnais : après avoir décortiqué sa correspondance, ou même ses agissements entre 1755 et 1765, j'ai renoncé à l'accabler...
Observons les faits, une fois encore : de 1742 à 1756, Diderot est l'ami le plus proche, presque un frère. Il présente Rousseau aux plus grands penseurs de l'époque, l'initie aux différents courants de pensée, et l'engage même dans son entreprise encyclopédique. Ensemble, ils dînent chaque semaine au Panier Fleuri, rue des Augustins, et ils fréquentent assidûment les cafés parisiens, où leurs parties d'échecs attirent la grande foule.
Pas une ombre dans leur relation, pendant près de 10 années.
Le premier coup de semonce date de 1752. Rousseau vient de jouer le Devin du Village à Fontainebleau, devant le roi. On l'invite à l'audience royale en lui promettant une pension. Et que fait Rousseau ? Il refuse et quitte Fontainebleau. Dès son retour à Paris, le 21 août 1752, Diderot l'interpelle dans la rue et ils ont à ce sujet "une dispute très vive", Diderot reprochant son attitude à Rousseau. Les raisons d'un tel comportement ? Elle semblent évidentes.
Au cours de cette dizaine d'années, Diderot a progressivement glissé du statut d'intellectuel éclairé, misérable, mais indépendant, à celui de "parasite" attaché à des mécènes et déjà soucieux de son confort financier. Peut-on lui reprocher sa conduite ? Peut-être pas... D'autant que son attachement au grand oeuvre qu'est l'Encyclopédie nécessite qu'il fasse fi de ses cas de conscience. Là encore, prenons un exemple. Lors de son arrestation en 1749, Diderot fait une promesse pour sortir de prison : celle de ne plus rien publier qui offense le gouvernement ou la religion. Et Diderot promet. Et Diderot tient sa promesse. Tous ses grands textes, Le Neveu de Rameau, Jacques le fataliste etc... ont été publiés après sa mort.
Le premier accroc date donc de 1752. Depuis bientôt deux ans qu'il a écrit son Discours sur les Sciences et les Arts, Rousseau ne cesse de dénoncer l'embourgeoisement de ses anciens amis. Un temps, Diderot a ri de ce qu'il prenait pour des provocations. Après cette altercation, le comportement de Rousseau ne l'amusera plus.
Et tout s'envenime en 1756. Nous y reviendrons...

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