L'animal tué par Antoine et présenté à Versailles était-il bien la Bête meurtrière du Gévaudan ? Rien n'est moins sûr. On observe néanmoins qu'au cours de l'année 1766 :
- le nombre d'attaques va aller en diminuant.
- elles sont rarement attribuées au "monstre" qui a sévi en 1764-1765.
- l'animal ne décapite plus ses victimes.
Pour autant, selon l'auteur François Fabre, le début de l'année 1767 voit "une recrudescence inouïe de désastres nouveaux" : deux enfants tués le 27 mai à Servières de Saugues, trois autres victimes à Grèzes entre avril et mai, trois autres enfants entre mars et mai à la Besseyre... en tout, treize personnes dévorées en deux mois.
Les 18 et 19 juin 1767, le marquis d'Apcher organise de nouvelles battues "dans les alentours de Montmouchet" (voir carte ci-dessus). Dans sa notice historique, Auguste André rapporte la scène :
"Parmi les chasseurs était le nommé Jean Chastel, dit le Masque, paysan marié au chef lieu de la paroisse de la Bessière Sainte Marie, excellent chasseur encore, quoique âgé de soixante ans.
Ce Chastel eut l'avantage de voir passer la Bête devant lui, il la tomba d'un coup de fusil qui la blessa à l'épaule; elle ne bougea guère, et d'ailleurs fut assaillie tout de suite d'une troupe de bons chiens de chasse de M. d'Apchier.
Dès qu'on vit l'animal hors d'état de faire des victimes, il fut chargé sur un cheval, et porté au château de Besque, paroisse de Charais, dans l'Auvergne, près des frontières du Gévaudan.
M. d'Apchier, conducteur de la chasse, voulut s'en faire honneur; il envoya de suite chercher à Saugues Boulanger, dit la Peyranie, sans doute par dérision, car c'était un mauvais chirurgien apothicaire, et lui dit d'embaumer la Bête pour qu'elle pût se conserver saine jusqu'à Paris, où il voulait la faire présenter au roi.
Ce chirurgien ignorant se contenta d'en sortir les entrailles et de les remplacer par de la paille. On la garda ainsi maladroitement à Besque une douzaine de jours pour contenter la curiosité d'une infinité de personnes du voisinage qui venaient la voir. Ce qui occasionna beaucoup de dépense à M. d'Apchier qui se faisait une fête d'inviter tous les gentilhommes, bourgeois et prêtres accourus pour le féliciter et le remercier d'avoir ordonné et conduit une chasse aussi heureuse.
La curiosité des gens une fois satisfaite, la Bête fut mise dans une caisse pour être transportée à Paris par le sieur Gilbert, domestique du marquis d'Apchier et être montrée au roi; mais soit à cause des chaleurs, soit à cause de la lenteur du trajet, l'animal ne tarda pas à se putréfier; Gilbert arriva cependant à Paris, à l'hôtel de M. de la Rochefoucauld qui informa aussitôt le roi de l'heureuse destruction de l'animal.
M. de Buffon, chargé de l’examiner, reconnut que c'était un loup énorme; mais il était arrivé à un tel point de putréfaction que Gilbert le fit enterrer"
Ce Chastel eut l'avantage de voir passer la Bête devant lui, il la tomba d'un coup de fusil qui la blessa à l'épaule; elle ne bougea guère, et d'ailleurs fut assaillie tout de suite d'une troupe de bons chiens de chasse de M. d'Apchier.
Dès qu'on vit l'animal hors d'état de faire des victimes, il fut chargé sur un cheval, et porté au château de Besque, paroisse de Charais, dans l'Auvergne, près des frontières du Gévaudan.
M. d'Apchier, conducteur de la chasse, voulut s'en faire honneur; il envoya de suite chercher à Saugues Boulanger, dit la Peyranie, sans doute par dérision, car c'était un mauvais chirurgien apothicaire, et lui dit d'embaumer la Bête pour qu'elle pût se conserver saine jusqu'à Paris, où il voulait la faire présenter au roi.
Ce chirurgien ignorant se contenta d'en sortir les entrailles et de les remplacer par de la paille. On la garda ainsi maladroitement à Besque une douzaine de jours pour contenter la curiosité d'une infinité de personnes du voisinage qui venaient la voir. Ce qui occasionna beaucoup de dépense à M. d'Apchier qui se faisait une fête d'inviter tous les gentilhommes, bourgeois et prêtres accourus pour le féliciter et le remercier d'avoir ordonné et conduit une chasse aussi heureuse.
La curiosité des gens une fois satisfaite, la Bête fut mise dans une caisse pour être transportée à Paris par le sieur Gilbert, domestique du marquis d'Apchier et être montrée au roi; mais soit à cause des chaleurs, soit à cause de la lenteur du trajet, l'animal ne tarda pas à se putréfier; Gilbert arriva cependant à Paris, à l'hôtel de M. de la Rochefoucauld qui informa aussitôt le roi de l'heureuse destruction de l'animal.
M. de Buffon, chargé de l’examiner, reconnut que c'était un loup énorme; mais il était arrivé à un tel point de putréfaction que Gilbert le fit enterrer"
Dans son procès verbal, le notaire fera état d' un "animal qui nous a paru être un loup, mais extraordinaire et bien différent par sa figure et ses proportions des loups qu’on voit dans ce pays. Comme nous le font remarquer plusieurs chasseurs et personnes connaisseuses, il ne ressemble vraiment au loup que par la queue et par le derrière. Sa tête est monstrueuse, l’ouverture de sa gueule est de 7 pouces [19cm.], la mâchoire est longue de 6 pouces [16cm.] (...) Ses pattes à 4 doigts sont armées de gros ongles beaucoup plus longs que ceux des loups ordinaires. Ses jambes sont fort grosses,surtout celles de devant, et ont la couleur de celles du chevreuil [rousses]. Tout cela nous a paru une observation remarquable parce que, de l’avis de tous les chasseurs, on n’a jamais vu de loup aux pareilles couleurs."
Jean Chastel |
Les massacres perpétrés par la Bête ayant définitivement cessé après ce mois de juin 1767, l'Histoire retiendra donc que le Monstre du Gévaudan fut tué par Jean Chastel, un paysan de la Besseyre surnommé le masque (la sorcière)....
(à suivre)
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