mardi 29 septembre 2015

Marion Sigaut à Neuchâtel

Après la lecture d'historiens sérieux tels que Petitfils ou Milza, j'ai voulu m'offrir un moment de détente avec Marion Sigaut. Hélas, je n'ai pu venir à bout de cette dernière conférence, donnée à Neuchâtel, dans laquelle l'historienne revient sur la corrélation entre les Lumières et la Révolution.
Marion Sigaut à Neuchâtel
J'ai interrompu le visionnage de la 1ère vidéo (celle du bas) à la 13è minute, lorsque Marion Sigaut, en éminente critique littéraire, prononce l'arrêt de mort du dramaturge Voltaire : "Il ne savait pas écrire de tragédies..."
Bon, me suis-je dit, passons à la 2nde ; il est question d'école et d'éducation, on y trouvera peut-être davantage de substance, voire quelques mots sur Jean-Jacques (tout de même, on est à Neuchâtel !) ? Et là (14ème minute) miracle ! suivi d'un nouveau coup de massue, lorsque la brave dame nous assène que pour Rousseau, "tout le monde n'a pas besoin d'apprendre à lire, à écrire et à être éduqué". 
Voilà, c'est dit, et avec quelle assurance ! En indigne représentant des Lumières qu'il est, le Genevois ne vaut guère mieux que l'affreux Voltaire. L'instruction pour les bourgeois (car ils méritent d'être éclairés), que les autres continuent de croupir dans leur ignorance ! Interrogée sur ses sources, notre historienne botte bien évidemment en touche, prétendant ne plus s'en souvenir...
Emile et son précepteur

Aidons-la donc à retrouver la mémoire, puisque c'est dans l'Emile (1762) qu'elle a puisé pour noircir le Genevois, et plus précisément dans le livre 1er du traité sur l'éducation. Dans les premières lignes de l'ouvrage, Rousseau imagine les traits de son élève virtuel et se justifie de son choix auprès du lecteur :

"Le pauvre n’a pas besoin d’éducation ; celle de son état est forcée, il n’en saurait avoir d’autre ; au contraire, l’éducation que le riche reçoit de son état est celle qui lui convient le moins et pour lui-même et pour la société. D’ailleurs l’éducation naturelle doit rendre un homme propre à toutes les conditions humaines : or il est moins raisonnable d’élever un pauvre pour être riche qu’un riche pour être pauvre ; car à proportion du nombre des deux états, il y a plus de ruinés que de parvenus. Choisissons donc un riche ; nous serons sûrs au moins d’avoir fait un homme de plus, au lieu qu’un pauvre peut devenir homme de lui-même."

 De ce paragraphe lumineux, Marion Sigaut n'a conservé que la 1ère phrase : "Le pauvre n'a pas besoin d'éducation"... On s'en serait douté... Mais tout de même ! Jusque-là, elle avait soigneusement évité Rousseau. Un peu par malhonnêteté sans doute, et beaucoup par ignorance. On la comprend : rien chez lui ne pouvait entrer (même en forçant !) dans sa grille de lecture. 
Mais elle a franchi le Rubi(con). 
Désormais, elle ose tout, et surtout n'importe quoi...
Pour moi, le visionnage s'arrête là, à la 14ème minute. Inutile de poursuivre, j'en entendrai bien assez parler dans les jours qui viennent...







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