mardi 29 août 2017

Le Rideau levé ou l’éducation de Laure, par Mirabeau ? (1)

Figure illustre de la période révolutionnaire, le comte de Mirabeau est également l'auteur présumé de plusieurs récits libertins dont Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, paru en 1786.
Au début du roman, Laure raconte à son amie Eugénie de quelle manière elle s'est autrefois éveillée à l'amour.
Tout commence avec le décès de sa mère, alors que la jeune fille est âgé d'une dizaine d'années. Son père adoptif décide d'engager une gouvernante prénommée Lucette.




Un soir, après le repas, nous rentrâmes dans la pièce que j’occupais ; il nous présenta de la liqueur. Une demi-heure était à peine écoulée que Lucette s’endormit profondément ; il me prit alors entre ses bras et, m’emportant dans sa chambre, il me fit mettre dans son lit. Surprise de cet arrangement nouveau, ma curiosité fut à l’instant réveillée. Je me relevai un moment après et courus d’un pas léger à la porte vitrée où j’écartai le bord du rideau.
Je fus bien étonnée de voir toute la gorge de Lucette entièrement découverte. Quel sein charmant ! deux demi-globes d’une blancheur de neige, du milieu desquels sortaient deux fraises naissantes d’une couleur de chair plus animée, reposaient sur sa poitrine ; fermes comme l’ivoire, ils n’avaient de mouvement que celui de sa respiration. Mon père les regardait, les maniait, les baisait et les suçait : rien ne la réveillait. Bientôt, il lui ôta tous ses habits, et la porta sur le bord du lit qui était en face de la porte où j’étais. Il releva sa chemise ; je vis deux cuisses d’albâtre, rondes et potelées, qu’il écarta, j’aperçus alors une petite fente vermeille, garnie d’un poil fort brun ; il l’entrouvrit ; il y posa les doigts en remuant la main avec activité : rien ne la retirait de sa léthargie. Animée par cette vue, instruite par l’exemple, j’imitai sur la mienne les mouvements que je voyais. J’éprouvais une sensation qui m’était inconnue.
Mon père la coucha dans le lit, et vint à la porte vitrée pour la fermer. Je me sauvai, et courus m’enfoncer dans celui où il m’avait mise. Aussitôt que j’y fus étendue, profitant des lumières que je venais d’acquérir, et réfléchissant sur ce que j’avais vu, je recommençai mes frottements. J’étais toute en feu ; cette sensation que j’avais éprouvée s’augmenta par degrés, et parvint à une telle énergie que mon âme, concentrée dans le milieu de moi-même, avait quitté toutes les autres parties de mon corps pour ne s’arrêter que dans cet endroit : je tombai pour la première fois dans un état inconnu dont j’étais enchantée.

Revenue à moi, quelle fut ma surprise, en me tâtant au même endroit, de me trouver toute mouillée. J’eus dans le premier instant une vive inquiétude, qui se dissipa par le souvenir du plaisir que j’avais ressenti, et par un doux sommeil qui me retraça pendant la nuit, dans des songes flatteurs, les agréables images de mon père caressant Lucette. J’étais même encore endormie quand il vint, le lendemain, me réveiller par ses embrassements, que je lui rendis avec usure.
Depuis ce jour, ma bonne et lui me parurent de la meilleure intelligence, quoiqu’il ne restât plus, le matin, si longtemps près de nous. Ils n’imaginaient pas que je fusse au fait de rien et, dans leur sécurité, ils se faisaient dans la journée mille agaceries, qui étaient ordinairement le prélude des retraites qu’ils allaient souvent faire ensemble dans sa chambre, où ils restaient assez longtemps. J’imaginais bien qu’ils allaient répéter ce que j’avais déjà vu ; je ne poussais pas alors mes idées plus loin ; cependant, je mourais d’envie de jouir encore du même spectacle. Tu vas juger, ma chère, du violent désir qui me tourmentait : il était enfin arrivé, cet instant où je devais tout apprendre.
Trois jours après celui dont je viens de te rendre compte, voulant, à quelque prix que ce fût, satisfaire mon désir curieux, lorsque mon père fut sorti et ma bonne occupée, j’imaginai de mettre une soie au coin du rideau et de la faire passer par le coin opposé d’un des carreaux. Cet arrangement préparé, je ne tardai pas à en profiter. Le lendemain, mon père, qui n’avait sur lui qu’une robe de taffetas, entraîna Lucette qui était aussi légèrement vêtue :
ils prirent le soin de fermer exactement la porte et d’arranger le rideau ; mais j’avais vaincu tous les obstacles et mon expédient me réussit, au moins en partie. Ils n’y eurent pas été deux minutes qu’impatiente je fus à la porte, et je soulevai faiblement le rideau. J’aperçus Lucette. Ses tétons étaient entièrement découverts ; mon père la tenait dans ses bras et la couvrait de ses baisers. Mais, tourmenté de désirs, bientôt jupes, corset, chemise, tout fut à bas. Qu’elle me parut bien dans cet état ! et que j’aimais à la voir ainsi !
la fraîcheur et les grâces de la jeunesse étaient répandues sur elle. Chère Eugénie, la beauté des femmes a donc un pouvoir bien singulier, un attrait bien puissant, puisqu’elle nous intéresse aussi ! Oui, ma chère, elle est touchante, même pour notre sexe, par ses belles formes arrondies, le satiné et le coloris brillant d’une belle peau ! Tu me l’as fait ressentir dans tes bras, et tu l’as éprouvé comme moi.
Mon père fut bientôt dans un état pareil à celui où il avait mis Lucette. Cette vue m’attacha par sa nouveauté.
Il l’emporta sur un lit de repos que je ne pouvais découvrir.
Dévorée par ma curiosité, je ne ménageai plus rien, je levai le rideau jusqu’à ce que je puisse les voir entièrement. Rien ne fut soustrait à mes regards puisque rien ne gênait leurs plaisirs. Lucette, couchée sur lui, les fesses en l’air, les jambes écartées, me laissait apercevoir toute l’ouverture de sa fente, entre deux petites éminences grasses et rebondies. Cette situation, que je devais au hasard, semblait prise pour satisfaire entièrement ma curieuse impatience. Mon père, les genoux élevés, présentait plus distinctement à mes yeux un vrai bijou, un membre gros, entouré de poils à la racine, où pendait une boule au-dessous ; le bout en était rouge, et demi-couvert d’une peau qui paraissait pouvoir se baisser davantage. Je le vis entrer dans la fente de Lucette, s’y perdre et reparaître tour à tour. Ils se baisaient avec des transports qui me firent juger des plaisirs qu’ils ressentaient. Enfin, je vis cet instrument ressortir tout à fait, le bout totalement découvert, rouge comme le carmin et tout mouillé, jetant une liqueur blanche qui, s’élançant avec impétuosité, se répandit sur les fesses de Lucette.
Conçois, chère Eugénie, dans quelle situation je me trouvais moi-même, ayant sous mes yeux un pareil tableau !
Vivement émue, emportée par des désirs que je n’avais pas encore connus, je tâchais au moins de participer à leur ivresse. Chère amie, que ce retour sur mes jeunes années est encore agréable pour moi !

(à suivre ici)

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