Figure illustre de la période révolutionnaire, le comte de Mirabeau est également l'auteur présumé de plusieurs récits libertins dont Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, paru en 1786.
Au début du roman, Laure raconte à son amie Eugénie de quelle manière elle s'est autrefois éveillée à l'amour.
Tout commence avec le décès de sa mère, alors que la jeune fille est âgé d'une dizaine d'années. Son père adoptif décide d'engager une gouvernante prénommée Lucette.
Un soir, après le repas, nous rentrâmes dans la pièce que
j’occupais ; il nous présenta de la liqueur. Une demi-heure était à
peine écoulée que Lucette s’endormit profondément ; il me prit alors
entre ses bras et, m’emportant dans sa chambre, il me fit mettre
dans son lit. Surprise de cet arrangement nouveau, ma curiosité fut à
l’instant réveillée. Je me relevai un moment après et courus d’un pas
léger à la porte vitrée où j’écartai le bord du rideau.
Je fus bien étonnée de voir toute la gorge de Lucette entièrement
découverte. Quel sein charmant ! deux demi-globes d’une blancheur de
neige, du milieu desquels sortaient deux fraises naissantes d’une
couleur de chair plus animée, reposaient sur sa poitrine ; fermes comme
l’ivoire, ils n’avaient de mouvement que celui de sa respiration. Mon
père les regardait, les maniait, les baisait et les suçait : rien ne la
réveillait. Bientôt, il lui ôta tous ses habits, et la porta sur le bord
du lit qui était en face de la porte où j’étais. Il releva sa chemise ;
je vis deux cuisses d’albâtre, rondes et potelées, qu’il écarta,
j’aperçus alors une petite fente vermeille, garnie d’un poil fort brun ;
il l’entrouvrit ; il y posa les doigts en remuant la main avec
activité : rien ne la retirait de sa léthargie. Animée par cette vue,
instruite par l’exemple, j’imitai sur la mienne les mouvements que je
voyais. J’éprouvais une sensation qui m’était inconnue.
Mon père la coucha dans le lit, et vint à la porte vitrée pour la
fermer. Je me sauvai, et courus m’enfoncer dans celui où il m’avait
mise. Aussitôt que j’y fus étendue, profitant des lumières que je venais
d’acquérir, et réfléchissant sur ce que j’avais vu, je
recommençai mes frottements. J’étais toute en feu ; cette sensation que
j’avais éprouvée s’augmenta par degrés, et parvint à une telle énergie
que mon âme, concentrée dans le milieu de moi-même, avait quitté toutes
les autres parties de mon corps pour ne s’arrêter que dans cet endroit :
je tombai pour la première fois dans un état inconnu dont j’étais
enchantée.
Revenue à moi, quelle fut ma surprise, en me tâtant au même endroit,
de me trouver toute mouillée. J’eus dans le premier instant une vive
inquiétude, qui se dissipa par le souvenir du plaisir que j’avais
ressenti, et par un doux sommeil qui me retraça pendant la nuit, dans
des songes flatteurs, les agréables images de mon père caressant
Lucette. J’étais même encore endormie quand il vint, le lendemain, me
réveiller par ses embrassements, que je lui rendis avec usure.
Depuis ce jour, ma bonne et lui me parurent de la meilleure
intelligence, quoiqu’il ne restât plus, le matin, si longtemps près de
nous. Ils n’imaginaient pas que je fusse au fait de rien et, dans leur
sécurité, ils se faisaient dans la journée mille agaceries, qui étaient
ordinairement le prélude des retraites qu’ils allaient souvent faire
ensemble dans sa chambre, où ils restaient assez longtemps. J’imaginais
bien qu’ils allaient répéter ce que j’avais déjà vu ; je ne poussais pas
alors mes idées plus loin ; cependant, je mourais d’envie de
jouir encore du même spectacle. Tu vas juger, ma chère, du violent
désir qui me tourmentait : il était enfin arrivé, cet instant où je
devais tout apprendre.
Trois jours après celui dont je viens de te rendre compte, voulant, à
quelque prix que ce fût, satisfaire mon désir curieux, lorsque mon père
fut sorti et ma bonne occupée, j’imaginai de mettre une soie au coin du
rideau et de la faire passer par le coin opposé d’un des carreaux. Cet
arrangement préparé, je ne tardai pas à en profiter. Le lendemain, mon
père, qui n’avait sur lui qu’une robe de taffetas, entraîna Lucette qui
était aussi légèrement vêtue :
ils prirent le soin de fermer exactement la porte et d’arranger le
rideau ; mais j’avais vaincu tous les obstacles et mon expédient me
réussit, au moins en partie. Ils n’y eurent pas été deux minutes
qu’impatiente je fus à la porte, et je soulevai faiblement le rideau.
J’aperçus Lucette. Ses tétons étaient entièrement découverts ; mon père
la tenait dans ses bras et la couvrait de ses baisers. Mais, tourmenté
de désirs, bientôt jupes, corset, chemise, tout fut à bas. Qu’elle me
parut bien dans cet état ! et que j’aimais à la voir ainsi !
la fraîcheur et les grâces de la jeunesse étaient répandues sur elle.
Chère Eugénie, la beauté des femmes a donc un pouvoir bien singulier,
un attrait bien puissant, puisqu’elle nous intéresse aussi ! Oui, ma
chère, elle est touchante, même
pour notre sexe, par ses belles formes arrondies, le satiné et le
coloris brillant d’une belle peau ! Tu me l’as fait ressentir dans tes
bras, et tu l’as éprouvé comme moi.
Mon père fut bientôt dans un état pareil à celui où il avait mis Lucette. Cette vue m’attacha par sa nouveauté.
Il l’emporta sur un lit de repos que je ne pouvais découvrir.
Dévorée par ma curiosité, je ne ménageai plus rien, je levai le
rideau jusqu’à ce que je puisse les voir entièrement. Rien ne fut
soustrait à mes regards puisque rien ne gênait leurs plaisirs. Lucette,
couchée sur lui, les fesses en l’air, les jambes écartées, me laissait
apercevoir toute l’ouverture de sa fente, entre deux petites éminences
grasses et rebondies. Cette situation, que je devais au hasard, semblait
prise pour satisfaire entièrement ma curieuse impatience. Mon père, les
genoux élevés, présentait plus distinctement à mes yeux un vrai bijou,
un membre gros, entouré de poils à la racine, où pendait une boule
au-dessous ; le bout en était rouge, et demi-couvert d’une peau qui
paraissait pouvoir se baisser davantage. Je le vis entrer dans la fente
de Lucette, s’y perdre et reparaître tour à tour. Ils se baisaient avec
des transports qui me firent juger des plaisirs qu’ils ressentaient.
Enfin, je vis cet instrument ressortir tout à fait, le bout totalement
découvert, rouge comme le carmin et tout mouillé, jetant une liqueur blanche qui, s’élançant avec impétuosité, se répandit sur les fesses de Lucette.
Conçois, chère Eugénie, dans quelle situation je me trouvais moi-même, ayant sous mes yeux un pareil tableau !
Vivement émue, emportée par des désirs que je n’avais pas encore
connus, je tâchais au moins de participer à leur ivresse. Chère amie,
que ce retour sur mes jeunes années est encore agréable pour moi !
(à suivre ici)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour commenter cet article...