mercredi 30 août 2017

Le Rideau levé ou l’éducation de Laure, par Mirabeau ? (2)

Figure illustre de la période révolutionnaire, le comte de Mirabeau est également l'auteur présumé de plusieurs récits libertins dont Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, paru en 1786.
Au début du roman, Laure raconte à son amie Eugénie de quelle manière elle s'est autrefois éveillée à l'amour.
Tout commence avec le décès de sa mère, alors que la jeune fille est âgé d'une dizaine d'années. Aidée par la gouvernante Lucette, son père adoptif l'initie dès lors aux secrets de l'amour.


Quand l’heure de se coucher fut venue, il me mit dans le lit de Lucette en la priant de veiller sur moi. Il nous laissa. Mais l’inquiétude le ramenant bientôt près de nous, il se mit dans le même lit. J’étais entre elle et lui ; il me tenait embrassée et, couvrant de sa main l’entre-deux de mes cuisses, il ne me laissait pas y porter la mienne. Je pris alors son instrument, qui me causa beaucoup de surprise en le trouvant mou et pendant. Je ne l’avais point encore vu dans cet état, m’imaginant au contraire qu’il était toujours gros, raide et relevé : il ne tarda pas à reprendre, dans ma main, la fermeté et la grosseur que je lui connaissais. Lucette, qui s’aperçut de nos actions, étonnée de sa conduite ne pouvait la concevoir, et me fit beaucoup de peine par son propos :
— La manière, monsieur ! dont vous agissez avec Laurette a lieu de me surprendre. Vous, monsieur, vous, son père !…
— Oui et non, Lucette. C’est un secret que je veux bien confier à votre discrétion et à celle de Laure, qui y est assez intéressée pour le garder. Il est même nécessaire, par les circonstances, de vous en faire part à l’une et l’autre.

“ Il y avait quinze jours que je connaissais sa mère, quand je l’épousai. Je découvris dès le premier jour l’état où elle était ; je trouvai qu’il était de la prudence de n’en rien faire paraître. Je la menai dans une province éloignée, sous un nom de terre, afin qu’on ne pût rassembler les dates. Au bout de quatre mois, Laure vint au monde, jouissant de la force et de la santé d’un enfant de neuf mois bien accomplis. Je restai six mois encore dans la même province et je les ramenai toutes deux au bout de ce terme.
Vous voyez à présent l’une et l’autre que cette enfant, qui m’est devenue si chère, n’est point ma fille suivant la nature : absolument étrangère pour moi, elle n’est ma fille que par affection. Le scrupule intérieur ne peut donc exister, et toute autre considération m’est indifférente, avec de la prudence.
Je me souvins aussitôt de la réponse qu’il avait faite à ma mère : le silence qu’elle observa dans ce moment ne me parut plus extraordinaire. Je le dis à Lucette dont l’étonnement cessa d’abord.
— Mais comment donc en avez-vous agi vis-à-vis de votre épouse lorsque cet événement fut à votre connaissance ?
— Tout simplement ; j’ai vécu toujours avec elle d’une manière indifférente, et je ne lui en ai jamais parlé que la seule fois dont Laure vient de vous rendre compte ; encore y avait-elle donné lieu. Le comte de Norval, à qui elle doit le jour, est un cavalier aimable, bien fait et d’une figure intéressante, doué des qualités qui plaisent aux femmes. Je ne fus point étonné qu’elle se fût livrée à son penchant.
Cependant, elle ne put l’épouser, ses parents ne le trouvant pas assez riche pour elle. Mais si Laure ne m’est rien par le sang et la nature, la tendre affection que j’ai conçue pour cette aimable enfant me la fait regarder comme ma fille et me la rend peut-être plus chère. Néanmoins, cet événement fut cause que je n’approchai jamais de sa mère, me sentant pour elle une opposition que sa fausseté fit naître et que je n’ai pu vaincre, d’autant plus que son caractère et son humeur ne faisaient que l’augmenter. Ainsi, je ne tiens à ma chère Laurette que par les liens du cœur, ayant trouvé en elle tout ce qui pouvait produire et m’inspirer l’attachement et l’amitié la plus tendre.
Ma bonne m’embrassa et me fit cent caresses qui dénotaient que le scrupule et ses préjugés étaient enfin totalement effacés. Je les lui rendis avec chaleur : je pris ses tétons, que je trouvais si jolis ; je les baisais, j’en suçais le bout. Mon père passa la main sur elle ; il rencontra la mienne qu’il prit ; il me la promena sur le ventre de Lucette, sur ses cuisses. Sa peau était d’un velouté charmant ; il me la porta sur son poil, sur sa motte, sur sa fente : j’appris bientôt le nom de toutes ces parties. Je mis mon doigt où je jugeai bien que je lui ferais plaisir. Je sentis dans cet endroit quelque chose d’un peu dur et gonflé.

— Bon ! Ma Laure, tu tiens l’endroit sensible, remue la main et ne quitte pas son clitoris tandis que je mettrai mon doigt dans son petit conin…
Lucette me serrait entre ses bras, me caressait les fesses ; elle prit le vit de mon papa, le mit entre mes cuisses, mais il n’enfonçait ni ne s’agitait. Bientôt ma bonne ressentit l’excès du plaisir ; ses baisers multipliés, ses soupirs nous l’annoncèrent :
— Holà ! holà ! vite, Laurette ! .., chère amie, enfonce… Ah ! je décharge !… je me meurs !…
Que ces expressions de volupté avaient de charmes pour moi ! Je sentis son petit conin tout mouillé ; le doigt de mon papa en sortit tout couvert de ce qu’elle avait répandu. Ah ! chère Eugénie, que j’étais animée ! Je pris la main de Lucette, je la portai entre mes cuisses ; je désirais qu’elle fit pour moi ce que je venais de faire pour elle ; mais mon papa, couvrant de sa main ma petite motte, arrêta ses mouvements, suspendit mes desseins. Il était trop voluptueux pour n’être pas ménagé des plaisirs. Il modérait ses désirs ; il suspendit mon impatience et nous recommanda d’être tranquilles. Nous nous endormîmes entre les bras les uns des autres, plongés dans la plus agréable ivresse. Je n’avais pas encore passé de nuit qui me plût autant.
Nous étions au milieu des caresses du réveil, lorsque mon père fit ouvrir à cette femme qu’il avait fait venir la veille. Quels furent ma surprise et mon chagrin lorsqu’elle mit sur moi un caleçon de maroquin doublé de velours qui, me prenant au-dessous des hanches, ne descendait qu’au milieu des cuisses ! Tout était assez lâche, et ne me gênait point ; la ceinture, seulement, me prenait juste la taille, et avait des courroies semblables au caleçon, qui passaient par-dessus mes épaules et qui étaient assemblées en haut par une traverse pareille, qui tenait de l’une à l’autre. On pouvait élargir tout cet assemblage autant qu’on le jugeait à propos. La ceinture était ouverte par-devant, en prolongeant plus de quatre doigts au-dessous. Le long de cette ouverture, il y avait des œillets des deux côtés, dans lesquels mon père passa une petite chaîne de vermeil délicatement travaillée, qu’il ferma d’une serrure à secret :
— Ma chère Laure, aimable enfant, ta santé et ta conservation m’intéressent : le hasard t’a instruite sur ce que tu ne devais savoir qu’à dix-huit ans. Il est nécessaire que je prenne des précautions contre tes connaissances et contre un penchant que tu tiens de la nature et de l’amour. Tu apprendras du temps à m’en savoir gré, et tout autre moyen n’irait point à ma façon de penser, et à mes desseins.
Je fus d’abord très fâchée, et je ne pouvais cacher l’humeur que j’en avais. Mais j’ai trop bien appris depuis combien je lui en devais de reconnaissance.
Il avait prévu à tout. Au bas de ce caleçon était une petite gondole d’argent, dorée en dedans, qui était de la largeur de l’entre-deux de mes cuisses ; toute ma petite motte y était renfermée. Elle se prolongeait, en s’élargissant, par une plaque qui s’étendait quatre doigts au-dessous de mon petit conin, et elle se terminait en pointe arrondie jusqu’au trou de mon cul, sans aucune incommodité. Elle était fendue en long, et cette fente s’ouvrait et se fermait, par des charnières à plat, en écartant ou resserrant les cuisses. Un canal d’anneaux à charnières plates, de même métal, y était attaché et me servait de conduit. Ce caleçon avait un trou rond, assez grand, vis-à-vis celui de mon cul, qui me laissait la liberté de faire toutes les fonctions nécessaires sans l’ôter. Mais il m’était impossible d’introduire le doigt dans mon petit conin, et encore moins de le branler, point essentiel que mon père voulait éviter, et dont la privation me faisait le plus de peine.
J’ai pensé bien des fois depuis, ma chère, qu’on ferait bien d’employer quelque chose de semblable pour les garçons, afin d’éviter les épuisements où ils se plongent avant l’âge. Car, de quelque façon qu’on veille sur eux, la société qu’ils ont ensemble ne leur apprend que trop, et trop tôt, la manière de s’y livrer.
Pendant quatre ou cinq années qui se sont écoulées depuis ce jour-là, tous les soirs mon père ôtait lui-même ce caleçon ; Lucette le nettoyait avec soin et me lavait. Il examinait s’il me blessait, et il me le remettait. Depuis ce moment, jusqu’à l’âge de seize ans, je ne le quittai pas.

(à suivre ici)

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