vendredi 1 septembre 2017

Le Rideau levé ou l’éducation de Laure, par Mirabeau ? (3)




Figure illustre de la période révolutionnaire, le comte de Mirabeau est également l'auteur présumé de plusieurs récits libertins dont Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, paru en 1786.

Au début du roman, Laure raconte à son amie Eugénie de quelle manière elle s'est autrefois éveillée à l'amour.

Tout commence avec le décès de sa mère, alors que la jeune fille est âgé d'une dizaine d'années. Aidée par la gouvernante Lucette, son père adoptif décide dès lors de l'initier aux secrets de l'amour. 



J’avançais en âge et j’atteignais la fin de ma seizième année lorsque ma situation prit une face nouvelle : les formes commençaient à se décider ; mes tétons avaient acquis du volume, j’en admirais l’arrondissement journalier, j’en faisais voir tous les jours les progrès à Lucette et à mon papa, je les leur faisais baiser, je mettais leurs mains dessus et je leur faisais faire attention qu’ils les remplissaient déjà ; enfin, je leur donnais mille marques de mon impatience. Élevée sans préjugés, je n’écoutais, je ne suivais que la voix de la nature : ce badinage l’animait et l’excitait vivement, je m’en apercevais :

— Tu bandes, cher papa, viens…

Et je le mettais entre les bras de Lucette. Je n’étais pas moins émue, mais je jouissais de leurs plaisirs. Nous vivions, elle et moi, dans l’union la plus intime ; elle me chérissait autant que je l’aimais ; je couchais ordinairement avec elle, et je n’y manquais pas, lorsque mon papa était absent. Je remplissais son rôle du mieux que je le pouvais : je l’embrassais, je suçais sa langue, ses tétons ; je baisais ses fesses, son ventre, je caressais sa jolie motte, je la branlais ; mes doigts prenaient souvent la place du vit que je ne pouvais lui fournir, et je la plongeais à mon tour dans ces agonies voluptueuses où j’étais enchantée de la voir. Mon humeur et mes manières lui avaient fait prendre pour moi une affection dont je ne puis, ma chère, te donner l’idée que d’après la tienne. Elle m’avait vue bien des fois, au milieu de nos caresses, violemment animée et, dans ces moments, elle m’assurait qu’elle désirait que je fusse au terme où elle pût aussi me procurer, sans danger, les mêmes plaisirs que je lui donnais. Elle souhaitait que mon papa me l’eût mis et eût ouvert la route sur laquelle ils sont semés :

— Oui, ma chère Laure, disait-elle, quand cet instant arrivera, je projette d’en faire une fête ; je l’attends avec empressement. Mais, ma chère amie, je crois apercevoir qu’il ne tardera pas : tes tétons naissants sont presque formés, tes membres s’arrondissent, ta motte se rebondit, elle est déjà toute couverte d’un tendre gazon, ton petit conin est d’un incarnat admirable, et j’ai cru découvrir dans tes yeux que la nature veut qu’on te mette bientôt au rang des femmes. L’année dernière, au printemps, tu vis les préludes d’une éruption qui va s’établir tout à fait.

En effet, je ne tardai pas à me sentir plus pesante, la tête chargée, les yeux moins vifs, les douleurs de reins et des sensations d’une colique extraordinaire pour moi ; enfin, huit ou dix jours après, Lucette trouva la gondole ensanglantée. Mon père ne me la remit pas. Ils avaient pressenti l’effet de ma situation ; j’en étais prévenue ; je restai près de neuf jours dans cet état, après lesquels je redevins aussi gaie et je jouis d’une santé aussi brillante qu’auparavant.

Que j’eus de joie de cet événement ! J’en étais folle, j’embrassai Lucette :

— Ma chère bonne, que je vais être heureuse !

Je volai au cou de mon papa, je le couvris de mes baisers :

— Me voilà donc enfin à l’époque où tu me désirais !…

Que je serai contente si je puis faire naître tes désirs et les satisfaire !… Mon bonheur est d’être tout entière à toi : mon amour et ma tendresse en font l’objet de ma félicité…

Il me prit dans ses bras, me mit sur ses genoux. Ah ! qu’il me rendait bien les caresses que je lui faisais ! Il pressait mes tétons, il les baisait, il suçait mes lèvres, sa langue venait caresser la mienne ; mes fesses, mon petit conin, tout était livré à ses mains brûlantes.

— Il est enfin arrivé, charmante et chère Laure, cet heureux instant où ta tendresse et la mienne vont s’unir dans le sein de la volupté ; aujourd’hui même je veux avoir ton pucelage et cueillir la fleur qui vient d’éclore ; je vais la devoir à ton amour, et ce sentiment de ton cœur y met un prix infini ; mais tu dois être prévenue que, si le plaisir doit suivre nos embrassements et nos transports, le moment qui va me rendre maître de cette charmante rose te fera sentir quelques épines qui te causeront de la douleur.

— Qu’importe, fais-moi souffrir, mets-moi toute en sang si tu veux, je ne puis te faire trop de sacrifices, ton plaisir et ta satisfaction sont l’objet de mes désirs.

Le feu brillait dans nos yeux. L’aimable Lucette, voulant coopérer à l’effusion du sang de la victime, ne montrait pas moins d’empressement que si elle-même eût été le sacrificateur. Ils m’enlevèrent et me portèrent dans un cabinet qu’ils avaient fait préparer pendant le temps de mon état. La lumière du jour en était absolument bannie ; un lit de satin gros bleu était placé dans un enfoncement entouré de glaces. Les foyers de quatre réverbères placés dans les encoignures, adoucis par des gazes bleues, venaient se réunir sur un petit coussin de satin couleur de feu, mis au milieu, qui formait la pierre sur laquelle devait se consommer le sacrifice. Lucette exposa bientôt à découvert tous les appas que j’avais reçus de la nature ; elle ne para cette victime volontaire qu’avec des rubans couleur de feu qu’elle noua au-dessus de mes coudes et à la ceinture dont, comme une autre Vénus, elle marqua ma taille. Ma tête, couronnée simplement de sa longue chevelure, n’avait d’autre ornement qu’un ruban de la même couleur qui la retenait. Je me jetai de moi-même sur l’autel.


Je souhaitais vivement le voir dans l’état où j’étais ; je l’en pressai avec instance ; il y fut bientôt. Lucette le dégagea de tous ses vêtements ; il me coucha sur le lit, mes fesses posées sur le coussin. Je tenais en main le couteau sacré qui devait à l’instant immoler mon pucelage. Ce vit que je caressais avec passion, semblable à l’aiguillon de l’abeille, était d’une raideur à me prouver qu’il percerait rigoureusement la rose qu’il avait soignée et conservée avec tant d’attention. Mon imagination brûlait de désir ; mon petit conin tout en feu appétait ce cher vit, que je mis aussitôt dans la route. Nous nous tenions embrassés, serrés, collés l’un sur l’autre ; nos bouches, nos langues se dévoraient. Je m’apercevais qu’il me ménageait ; mais passant mes jambes sur ses fesses et le pressant bien fort, je donnai un coup de cul qui le fit enfoncer jusqu’où il pouvait aller, La douleur qu’il sentit et le cri qui m’échappa furent ceux de sa victoire. Lucette, passant alors sa main entre nous, me branlait, tandis que, de l’autre, elle chatouillait le trou de mon cul. La douleur, le plaisir mélangés, le foutre et le sang qui coulaient, me firent ressentir une sublimité de plaisir et de volupté inexprimables. J’étouffais, je mourais ; mes bras, mes jambes, ma tête tombèrent de toutes parts ; je n’étais plus à force d’être. Je me délectais dans ces sensations excessives, auxquelles on peut à peine suffire. Quel état délicieux ! Bientôt, j’en fus retirée par de nouvelles caresses ; il me baisait, me suçait, me maniait les tétons, les fesses, la motte ; il relevait mes jambes en l’air pour avoir le plaisir d’examiner, sous un autre point de vue, mon cul, mon con, et le ravage qu’il y avait fait. Son vit que je tenais, ses couilles que Lucette caressait, reprirent bientôt leur fermeté. Il me le remit. Le passage facilité ne nous fit plus sentir, dès qu’il fut entré, que des ravissements. Lucette, toujours complaisante, renouvela ses chatouillements, et je retombai dans l’apathie voluptueuse que je venais d’éprouver.

Mon papa, fier de sa victoire et charmé du sacrifice que mon cœur lui avait fait, prit le coussin qui était sous moi, teint du sang qu’il avait fait couler, et le serra avec le soin et l’empressement de l’amant le plus tendre, comme un trophée de sa conquête. Il revint bientôt à nous :

— Ma Laure, chère et aimable fille, Lucette a multiplié tes plaisirs : n’est-il pas juste de les lui faire partager ?

Je me jetai à son cou, je l’attirai sur le lit ; il la prit dans ses bras et la mit à côté de moi ; je la troussai d’abord et je la trouvai toute mouillée.

— Que tu es émue, ma chère bonne, je veux te rendre une partie du plaisir que j’ai eu.

Je pris la main de mon papa, je lui introduisis un de ses doigts qu’il faisait entrer et reparaître, et je la branlai. Elle ne tarda pas à tomber dans l’extase d’où je venais de sortir.
Ah ! chère Eugénie, que ce jour eut de charmes pour moi !
 (à suivre ici)

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