"Tu aimeras ton prochain comme toi-même", nous ordonne l'Evangile selon St Marc.
Informé de ce commandement, un élève
m'interroge sur l'attitude de l'Eglise face à la traite négrière
pratiquée par la France et d'autres pays d'Europe au XVIIIè siècle."Les voies du Seigneur sont de tout évidence impénétrables!" suis-je obligé de lui répliquer, un peu honteux de ma pirouette, avant de lui proposer ce magnifique passage extrait de Dissertation sur la traite et le commerce des nègres (1764).
Ecrit par un théologien, Jean Bellon de Saint Quentin, ce petit ouvrage est un chef-d'oeuvre de cynisme chrétien. Réfutant les arguments des encyclopédistes, l'apologiste tente en effet de démontrer que l'esclavage ne contredit ni le droit naturel ni la loi Divine !
Ecrit par un théologien, Jean Bellon de Saint Quentin, ce petit ouvrage est un chef-d'oeuvre de cynisme chrétien. Réfutant les arguments des encyclopédistes, l'apologiste tente en effet de démontrer que l'esclavage ne contredit ni le droit naturel ni la loi Divine !
Voici la conclusion de cette dissertation.
Conclusion :
Qu’il nous soit permis de terminer cette
dissertation par l’importante réflexion que fait un des plus savants
théologiens de notre siècle ; il en fait part à un ami dans une de ses
lettres (…) Voici seulement ce que j’ai transcrit ici avec une singulière
satisfaction.
Les nègres étant nécessaires à la culture de nos
colonies, c’est pécher contre l’Etat et faire un très grand mal que d’en
décrier le trafic comme contraire à la charité et à l’humanité, dès que ce
trafic est innocent et légitime (ndlr : La preuve est établie que charité commence par soi-même !) . S’il s’y glisse des abus, il faut corriger ce
qui est abusif et laisser subsister ce qui est bon. J’en dis autant de la
manière dont on les traite en Amérique. En se conformant aux Ordonnances de nos
rois et en usant de toute la bonté possible à l’égard des nègres, leurs maîtres
n’auront rien à se reprocher.
Je suis extrêmement touché d’une raison qui me fait
regarder comme un grand mal, le décrit qu’on fait de ce commerce. Le plus grand
malheur qui puisse arriver à ces pauvres Africains serait la cessation de ce
trafic. Ils n’auraient alors aucune ressource pour parvenir à la connaissance
de la vraie religion, dont on les instruit à l’Amérique, où plusieurs se font
chrétiens ; au lieu qu’en Afrique, ils sont totalement abandonnés, car je
ne sache point qu’il y ait aucun missionnaire. Eh ! plût à Dieu que l’on
achetât tous ces misérables nègres et qu’on en dépeuplât l’Afrique pour en
peupler l’Amérique ; n’en dût-il résulter que le salut d’un seul élu, pour
lequel Dieu ne fait pas difficulté quelquefois de bouleverser des royaumes
entiers. On ne va pas y faire des esclaves, on les y trouve tels : en les
achetant, on les fait passer d’une servitude barbare à une servitude humaine, d’autant
plus avantageuse pour eux qu’elle leur devient un moyen de salut.
1794 : les prêtres de Laval montent sur l'échafaud |
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