lundi 20 juin 2011

Difficultés...

J'ignore si d'autres ressentent ce que j'éprouve aujourd'hui : ce besoin d'écrire, de donner corps aux scènes que j'imagine et que je construis intérieurement, jour après jour, en leur donnant peu à peu formes et couleurs. Rien de plus insupportable que le sentiment de voir mourir, par manque de temps, ce qui n'aspirait plus qu'à prendre vie sous la plume (ou sur un écran...). Ces scènes qui s'effacent, ces tournures de phrases qui se perdent, ce sont des voies qui s'achèvent sur un cul-de-sac dans le labyrinthe de ce second tome en cours d'écriture.
Pour "la Comédie des Masques", j'avais (laborieusement) envisagé un plan d'ensemble : partie par partie, chapitre par chapitre... pour le 1er livre, deux parties de 6 chapitres encadrées par trois parties de dix chapitres. Pour le second livre, 4 parties de 12 chapitres. Je tenais absolument à cet équilibre qui respecte notamment les différents points de vue envisagés sur le personnage central. Rousseau était successivement vu et jaugé par tous ceux qui l'entourent dans le récit. Sauf que du projet à la réalisation, on se trouve confronté à des réalités qu'on n'imaginait pas au départ. Et soudain, pendant qu'on écrit, on sent que telle transition ne fonctionne pas, que telle scène mériterait d'être davantage développée, que tel personnage mérite un traitement plus conséquent. 
L'ensemble vacille, se déséquilibre, au risque de s'effondrer.
Pour le 2nd tome, j'ai donc renoncé à ce cadre trop contraignant. J'ai en tête une trame, des parcours individuels, quelques moments forts, et j'ai choisi de laisser Rousseau, Bernardin de St Pierre, Julie de Lespinasse et les autres prendre possession du récit pour le mener où ils l'entendent. Ce sont eux qui mènent la barque désormais, alors qu'auparavant je m'imaginais (à tort) comme le seul maître à bord. L'expérience est troublante, très différente de la précédente, car il arrive que ces personnages m'appellent et que je ne puisse leur répondre, pris par d'autres occupations (hélas). 
donjon de Vincennes
Moments difficiles que ceux-là, où l'on sent que ces êtres qui ont pris chair en vous, perdent lentement leurs contours pour redevenir de lointaines silhouettes sans consistance. Ce week end, j'ai couru derrière eux pour finalement les rejoindre, épuisé mais apaisé. Nous avons passé deux jours ensemble, à la foire St-Ovide, puis sur la promenade des remparts, et enfin aux abords de la prison de Vincennes.
Deux jours de promenade dans le Paris du XVIIIème siècle.

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