Se revendiquant de Henri Guillemin, l'historienne Marion Sigaut évoque ci-dessous ce qu'elle nomme l'antihumanisme des Lumières.
Très manichéenne, Madame Sigaut oppose l'"antihumanisme" des Lumières à l'humanisme des Jésuites.
Voyez plutôt...
http://www.dailymotion.com/video/xrqrm0_marion-sigaut-les-lumieres-un-antihumanisme-marseille_news?search_algo=1
Cette conférence n'est pas si manichéenne que vous le pensez. Le jansénistisme en prend aussi pour son grade tandis qu'est mis en avant l'universalisme d'une partie du bas-clergé. Vous noterez d'ailleurs que Rousseau (et donc par extension Robespierre) n'est pas mis dans le même sac. Il est vérifiable que les lumières n'étaient que des notables désirant mettre la main sur l'instrument politique. Il s'agissait de lettrés, d'érudits bourgeois partageant des interet commun, mais pas vraiment de philosophes au sens commun. Au contraire, Rousseau, vrai philosophe, ne faisait pas partie du groupe des lumières et évolua en périphérie du mouvement, maltraité par ceux-ci qui iront jusqu'à tenter de le condamner à mort lors de son retour à Genève.
RépondreSupprimerRousseau est le penseur de la justice sociale et de l'intéret général, il n'est pas adepte d'un matérialiste progressiste aveugle dont il avait déjà envisagé les dangers. Il est intéressant de noter qu'il ne considère pas la volonté générale comme la somme des volontés individuelles, ce qui dément en partie la pensée commune qui voudrait en faire un démocrate. Chrétien convaincu mais anticlérical de principe, sa pensée spiritualiste se rapproche à bien des égards de celle de Pascal. Il introduit aussi le principe d'historicité en philosophie, à travers la notion d'"état de nature". Rousseau n'est donc ni un penseur de gauche ni un penseur de droite, son message est plus subtil et dépasse cette dichotomie politique, qu'il n'a du reste pas connue. Une chose de sur, ce n'est pas un ultralibéral!
Je partage bien évidemment votre point de vue sur Rousseau. Mes deux romans abordent d'ailleurs la question de ses rapports avec ceux qu'on nommait alors les "philosophistes" (par opposition aux "vrais" philosophes, aux scientifiques etc...). Pour autant, qualifier le mouvement des Lumières d'"antihumanisme"... Pour disqualifier Voltaire, M Sigaut évoque longuement l'affaire Damiens et l'absence de réaction du "chef" de la clique encyclopédiste. Elle a là encore raison. Pourtant, elle ne dit mot des affaires La Barre, Sirven, Calas dans lesquelles Voltaire a joué un rôle essentiel.
RépondreSupprimerQuant à l'"humanisme" des Jésuites, dont M Sigaut parle longuement (pour l'opposer aux noirceurs des Lumières...), il me rappelle le débat récent sur les bienfaits de la colonisation...