Achille avait son talon, les Lumières ont Voltaire...
C'est donc lui, invariablement, que visent tous les actes d'accusation dressés par les anti-Lumières.
On avait déjà recensé au mois de juin 2016 (voir ici) le Voltaire méconnu de Xavier Martin, dans lequel l'universitaire rend Voltaire coupable de toutes les turpitudes possibles et imaginables. Conscient que sur le sujet tout avait déjà été dit et qu'il venait trop tard pour le faire, l'historien n'hésitait pourtant pas à apporter sa pierre à cet édifice d'opprobre, allant jusqu'à imputer à Voltaire des pratiques homosexuelles et satanistes...
C'est d'ailleurs à lui qu'il emprunte les arguments de son réquisitoire. Sans s'encombrer de nuances, il lui reproche pêle-mêle son "insensibilité sociale", son "mépris" (du peuple, des Français, de l'humanité...) ainsi que son "sentiment de supériorité".
Il rappelle qu'au moment de la guerre de 7 ans (perdue par la France), Voltaire se réjouit de "l'humiliation patriotique" et du "déclassement géostratégique" de son pays, dès lors que sont préservés ses propres intérêts financiers aux Antilles. Concernant les exactions commises par la Russie en Pologne, il les défend et "invente à cette occasion la guerre humanitaire, la guerre pour la paix, la guerre pour la liberté des peuples qu'on occupe". Pour un peu, il dresserait de manière plus explicite encore le parallèle entre Voltaire hier et Bernard-Henri Lévy aujourd'hui...
Voltaire est donc un "usurpateur de la philosophie", "libéral mais pas démocrate" et partisan du "despotisme éclairé". "Aïeul des libéraux-libertaires", il appartient à la "bourgeoisie mondialisée". Puis, par un mouvement métonymique effectué par d'autres avant lui, Zemmour étend brusquement cette critique à l'ensemble des auteurs de Lumières : il dénonce "l'alliance entre la philosophie et l'argent, entre les intellectuels de la liberté et les capitalistes libéraux".... "devenus une espèce de démagogues, ils serviront de chaînon pour unir, au service d'une même entreprise, l'opulence et la misère, le faste odieux des uns et la turbulence affamée des autres... l'alliance des gens d'argent et des gens de lettres explique la furie universelle avec laquelle on a attaqué l'ensemble du patrimoine foncier de l'Eglise et des communautés religieuses tout en protégeant avec un soin extrême, contrairement aux principes mêmes qui sont invoqués, des intérêts d'argent qui tirent leur origine de la seule autorité de la Couronne"..."Cette alliance a déjà vaincu avant la Révolution."
Dans ces quelques chapitres consacrés à Voltaire, Zemmour agit donc en procureur qui accumule les pièces à conviction contre le prévenu et tait systématiquement tous les éléments à décharge.
Si tout ce qu'il dit sur Voltaire est vrai (Xavier Martin, lui, osait même l'analogie Voltaire/Hitler !), son propos demeure néanmoins partial et partiel.
Rien, pas une ligne, pour redorer le blason du patriarche de Ferney qui ressort souillé de cette énième bordée de crachats...
(depuis le journaliste Fréron, au XVIIIè siècle, combien ont-ils été à entasser les mêmes ordures aux pieds du panthéonisé ?)
Dans ces quelques chapitres consacrés à Voltaire, Zemmour agit donc en procureur qui accumule les pièces à conviction contre le prévenu et tait systématiquement tous les éléments à décharge.
Si tout ce qu'il dit sur Voltaire est vrai (Xavier Martin, lui, osait même l'analogie Voltaire/Hitler !), son propos demeure néanmoins partial et partiel.
Rien, pas une ligne, pour redorer le blason du patriarche de Ferney qui ressort souillé de cette énième bordée de crachats...
(depuis le journaliste Fréron, au XVIIIè siècle, combien ont-ils été à entasser les mêmes ordures aux pieds du panthéonisé ?)
***
Au moment d'aborder ce Destin français, j'avais donc imaginé ce réquisitoire dressé par Zemmour contre Voltaire, mais destiné en réalité à discréditer l'ensemble du clan (lui parle de "meute"...) des Lumières.
En revanche, j'ai été très surpris des chapitres suivants, consacrés à Rousseau. Celui que les contempteurs des Lumières feignent toujours d'ignorer, celui dont ils évitent soigneusement de croiser le chemin, celui dont ils prononcent à peine le nom
(sinon pour s'en prendre à l'homme, coupable d'avoir abandonné ses enfants), Zemmour ose quant à lui l'aborder de face.
Pour le salir à son tour ?
Vite, tournons la page et découvrons cela...
(à suivre ici)
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