lundi 2 janvier 2012

Critique

Je ne résiste pas au plaisir de rapporter ces quelques extraits d'une critique de "la comédie des masques", rédigée par l'éditorialiste d'une revue littéraire germanopratine.
Au passage, j'apporterai quelques commentaires à sa prose...

 

"L'ouvrage d'Olivier Marchal s'attarde à restituer la réalité du personnage, l'insérant dans une courte période qui va de 1743 à 1759."
Cette entrée en matière me laisse perplexe. En effet, le récit débute en 1749, avec l'emprisonnement de Diderot à Vincennes. Il s'achève en 1757, au moment où Rousseau quitte l'ermitage. Existerait-il donc une version clandestine de mon roman ?

 

"Pour réussir, lui dit Diderot, il vous faut un masque car cela se fait chez les puissants."
Chez les "puissants" ? De qui parle-t-on ? De la noblesse de cour ? Des financiers parisiens ? Des mondaines issues de la roture et tenant un salon ?

 

Plus loin, il est question du "Devin du village", l'opéra composé par Rousseau et joué à Fontainebleau en 1752. A ce sujet, la critique écrit : "le discours qui lui vaut une grande notoriété car il s'adresse autant aux puissants qu'aux hommes de lettres qui, selon lui, accepteraient des compromissions pour obtenir des privilèges et même des avantages en nature blesse grandement son entourage..."
Ici, cette dame semble confondre l'opéra de Rousseau avec son Discours sur les Sciences et les Arts, écrit entre 1749 et 1750. Si la musicalité de la prose de Jean-Jacques ne saurait être niée (souvenons-nous des Rêveries), ce premier ouvrage est davantage un chef d'oeuvre de rhétorique...

 

"Diderot lui-même se lasse de sa misanthropie et parvient à le blesser gravement dans son roman "le Fils Naturel". Il écrit : "Il n'y a que les méchants qui soient tout seuls."
Bien... Pour les jeunes étudiants et autres lycéens, je rappelle tout d'abord que le Fils Naturel est une pièce de théâtre (plutôt ennuyeuse, d'ailleurs) et que la citation exacte est : "Il n'y a que le méchant qui soit seul " (Diderot n'aurait jamais commis une telle maladresse de style...).

 

"Rousseau, le chantre du sentiment, a-t-il vraiment aimé les femmes ? La question reste obscure..."
C'est bien mon sentiment, serais-je tenté de répondre. Encore faudrait-il s'entendre sur le sens du mot aimer...

 

"Rousseau avait-il la fibre paternelle ? De notoriété publique, on sait qu'il a abandonné à la naissance, aux Enfants-Trouvés, ses enfants dont l'un était de Diderot..."
D'une phrase, cette dame répond à deux questions que je me pose depuis des années. Que faut-il penser de ces cinq naissances dont personne n'a jamais trouvé la moindre trace dans les registres des Enfants-Trouvés ? La fâcherie avec Diderot pourrait-elle être liée à un motif intime ? Mais après tout, peut-être devrais-je me fier à cette fameuse "notoriété publique" puisqu'elle permet de s'armer de telles certitudes...

 

"Certaines scènes m'ont semblé destinées à faire du remplissage. Le style est souvent mièvre. Les dialogues, destinés à alléger le texte, trop souvent creux."
Sur la fin de l'article, on en arrive enfin à traiter du livre, car jusque-là, j'ignore si cette personne parlait d'histoire ou de fiction. 



"On regrette aussi que la gigantesque oeuvre philosophique, théâtrale et littéraire soit escamotée au profit d'événements mineurs... qui, trop souvent, font penser à un roman de gare."

J'aurais ardemment souhaité évoquer le genèse des Confessions, des Rêveries, du Contrat Social, de l'Emile... Hélas, tous ces ouvrages ont été écrits après 1757, moment où s'achève mon récit. Quant à savoir si les événements de l'ermitage sont "mineurs", je vous laisse consulter Starobinski ou encore Guillemin.

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