mercredi 25 avril 2012

Confusion des genres...

Depuis la sortie de "la Comédie des Masques" en janvier 2011, bon nombre de lecteurs m'ont demandé pourquoi je n'écrirais pas un essai sur Rousseau. Tout d'abord surpris de cette proposition, je l'ai été encore davantage par les termes de "biographie", voire de "biographie romancée" accolés dans la presse à mon roman.
Lors de rencontres, il m'est même arrivé de ressentir de la gêne chez certains interlocuteurs.
Comme si l'idée de consacrer un roman à Rousseau leur paraissait incongrue...
Comme si ce sujet éminemment sérieux, et prisé par les universitaires, ne pouvait être traité par le biais d'une fiction.

On sait, depuis le XVIIè siècle, que le roman est considéré comme un genre "bas". A l'époque des Lumières, on raillait d'ailleurs les femmes qui prétendaient faire preuve de "bel esprit" (songeons à mme du Châtelet, à mme du Boccage), mais on admettait qu'elles s'illustrent dans le genre romanesque, c'est à dire dans des sujets futiles.
Concernant Rousseau, une figure tutélaire (s'il en est !) de notre histoire littéraire, la logique aurait voulu que je fasse preuve du sérieux requis, et que je lui consacre un énième ouvrage de réflexion.
Après Starobinski, Lejeune, Eigeldinger, Trousson et tant d'autres, j'aurais à mon tour assené mes certitudes sur l'homme Rousseau ?

Alors que, de certitude, je n'en ai aucune... ?
Oh si, une seule. 
Que ceux qui prétendent détenir la vérité se trompent, même quand ils sont de bonne foi.
Hormis Starobinski (dans certains passages très nuancés de "la transparence et l'obstacle"), tous les biographes semblent tellement sûrs de leur fait !
Et ce, même quand ils se contredisent...
Prenons un premier exemple : celui des 5 enfants de Rousseau, tel que le relate Trousson dans son "Jean-Jacques Rousseau" (Ed. Tallandier). Nombreux furent ceux, dès le XVIIIè, qui s'interrogèrent sur l'existence de ces enfants. D'autres, comme F Mac Donald, allèrent jusqu'à fouiller les registres des Enfants-Trouvés (en vain...) pour vérifier la réalité de leur abandon.
"Qu'on lui laisse ces enfants ; ils étaient bien à lui" tranche Trousson, après avoir balayé toutes ces questions d'un revers de la main.
Alors que je m'arrête à la croisée de ces deux chemins, lui emprunte avec assurance l'un d'eux en prétendant que l'autre mène à une impasse. Avançons, il n'y a rien à voir ! Et ne nous occupons pas de ces ragots, même quand ils émanent de G Sand, qui les tenait de la bouche de Louise Dupin. Ne nous occupons pas plus de Thérèse, la compagne de Jean-Jacques, dont l'histoire intime reste encore à écrire. Faisons donc comme si la petite histoire n'était pas au coeur de la grande histoire, donc de la naissance du personnage Rousseau.
(à suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour commenter cet article...