mercredi 29 août 2012

Jansénistes, Jésuites et Philosophes (2)

Jean-Martin de Prades
(lire le début ici)

Avec l'affaire de l'abbé de Prades,  les Encyclopédistes vont subir leur première attaque en règle de la part des Jésuites et des Jansénistes. En novembre 1751, ce jeune théologien soutient  devant les docteurs de la Sorbonne sa thèse de fin d'études. Les huit membres du jury lui accordent leur approbation, et voilà l'abbé promu docteur sans que personne ne trouve à y redire. Pourtant, quelques jours plus tard, deux autres théologiens de la Sorbonne font part de leur indignation auprès des Jésuites. De Prades aurait non seulement remis en cause les miracles de Jésus-Christ, mais il aurait également prétendu que le peuple chinois était présent sur terre avant le Déluge !
Aussitôt, Jansénistes et Philosophes sautent sur l'occasion pour accabler de leurs sarcasmes la faculté de théologie. Les uns se moquent de ces querelles qu'ils jugent dépassées, les autres dénoncent le laxisme grandissant de la faculté. Alerté, le pouvoir royal ordonne de soumettre la thèse au Parlement, qui demande aussitôt à la Sorbonne de sévir. En janvier 1752, dix propositions soutenues par l'abbé sont déclarées hérétiques et contraires aux bonnes moeurs. 
De l'impiété de l'abbé de Prades à celle de ses amis Encyclopédistes, il n'y a qu'un pas que Jansénistes et Jésuites s'empressent de franchir pour s'en prendre au dictionnaire. Si le périodique jésuite pointe du doigt ses insuffisances (erreurs, plagiat) et certaines des positions soutenues par les co-directeurs d'Alembert et Diderot, le journal janséniste évoque pour sa part une dangereuse entreprise de subversion.
Sous la pression, le pouvoir royal rend alors un arrêt (février 1752) qui interdit d'imprimer et de vendre de nouveaux exemplaires sous peine d'une amende de mille livres. L'abbé de Prades est quant à lui décrété de prise de corps. Il trouvera son salut dans la fuite en gagnant la Hollande, puis Berlin, où Frédéric II le nomme aussitôt lecteur.
Malesherbes
Il faudra que le jeune Malesherbes (directeur de la Librairie depuis 1750) et Mme de Pompadour unissent leurs efforts pour que le privilège de publication soit finalement maintenu, et que les tomes suivants puissent paraître.
Si Diderot ressort meurtri et épuisé de ce combat, d'Alembert envisage pour sa part d'abandonner l'entreprise. Ayant obtenu quelques assurances en haut lieu, notamment celle de ne plus avoir à subir les attaques des Jésuites, il se remet pourtant au travail au cours de cette même année 1752.
L'Encyclopédie est momentanément sauvée. Pour autant, les ennemis des philosophes sont loin d'avoir rendu les armes.
(à suivre ici)

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