jeudi 30 août 2012

Je pense donc je doute !

Si la sortie du "Voile déchiré" au mois de juin dernier marque la fin de ma période d'"intimité" avec Rousseau, elle n'a fait que renforcer mon goût pour cette époque passionnante qu'est le XVIIIè siècle. Oserais-je l'avouer, cette longue période d'immersion dans la correspondance du Genevois, dans celle de ses ennemis également, me laisse un goût d'inachevé. J'aurais tant aimé acquérir une certitude sur l'homme, sur ses motivations, sur les raisons qui l'ont conduit au drame de l'Ermitage, évoqué dans "la Comédie des Masques", puis à une rupture définitive avec ses anciens amis encyclopédistes. J'ai longuement écouté ce qui se disait du Genevois lors des cérémonies du tricentenaire, et pour ne rien vous cacher, j'ai envié l'assurance dont faisaient preuve certains intervenants lorsqu'ils abordent le cas Rousseau. Pour ma part, même si on m'a souvent soumis cette idée, je me serais senti incapable de rédiger une biographie ou un essai, c'est-à-dire d'assumer autre chose que mes doutes. D'emblée, le choix de la forme romanesque s'est donc imposé à moi comme une évidence. "Au lecteur de trancher" disait récemment un critique à propos du Rousseau que j'ai mis en scène dans le "Voile déchiré". Oui, bien sûr... D'ailleurs, Rousseau n'a-t-il pas tout fait pour qu'on n'arrive jamais à lui ? N'est-ce pas lui qui, le premier, reconnaît s'être peint "de profil" dans ses écrits autobiographiques ? Et dans ce cas, quel crédit peut-on accorder au personnage Rousseau évoqué dans les "Confessions", les "Rêveries", les "Lettres à Malesherbes"... Concernant l'illumination de Vincennes, des biographes aussi sérieux que Trousson et Eigeldinger rapportent scrupuleusement la version rousseauiste de cette journée décisive. Et au passage, ils taisent ce qu'en disent Diderot et Grimm... Qui détient donc la vérité désormais, sinon les historiens chargés de nous la transmettre ? On pourrait en dire autant d'autres figures tutélaires des Lumières telles que Voltaire, Diderot ou d'Alembert, dont on oublie qu'ils ont été des hommes, avec leurs bassesses et leurs forfaitures, avant de devenir les immenses auteurs que l'on connaît.
Mon prochain roman leur redonnera vie, aux êtres de chair davantage qu'aux écrivains, et nous aurons alors l'occasion d'en reparler. Pour l'heure, j'aimerais remercier celles et ceux qui m'ont suivi tout au long de cette première aventure. Quant aux autres, si "le Voile déchiré" est provisoirement épuisé, qu'ils ne désespèrent pas ! Les librairies devraient très prochainement être réapprovisionnées !
A bientôt, OM

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