mardi 15 octobre 2013

Les cahiers de doléances du Tiers-Etat

 
L'historienne Marion Sigaut

En parcourant les cahiers de doléances du Tiers-Etat, rédigés au cours de l'année 1789, je repensais à cette historienne qui prétend à longueur de vidéos que jamais le peuple n'a voulu "secouer le joug de la tyrannie du roi et de l'église"...

Quelques demandes, glanées çà et là, offrent pourtant de singulières coïncidences.

1) Les cahiers de doléances du Tiers-Etat dans les paroisses du Pays de Retz

 «Que dans ces assemblées, nos représentants soient au moins en nombre égal à celui des ordres privilégiés et que leurs voix y soient comptées par tête» (Pornic).
La question de l'impôt est évidemment omniprésente. 
«De l'inégalité de la répartition des impôts qui fait que nous sommes trop imposés» (Ste-Marie).
«Des corvées et servitudes féodales trop étendues et trop onéreuses» (Ste-Marie, Pornic, Arthon).
 "Que tous impôts soient à l'avenir supportés d'une manière égale et par chacun en proportion de sa fortune sans distinction d'ordre" (Ste-Marie, Pornic).

«Que les nobles, ecclésiastiques, roturiers et privilégiés soient compris confusément dans le même rôle d'imposition» (Le Clion, Les Moutiers).



 2) Cahier des plaintes, doléances et remontrances du tiers-état des bailliages de Montargis et Lorris.



"...Reconnaître le droit de la liberté individuelle de chacun des sujets du Roi, qui ne pourront être arrêtés en vertu d'aucune lettre de cachet, ni ordre ministériel
 Que tous privilèges relativement aux impôts et charges publics et à la possession exclusive des dignités, charges et emplois ecclésiastiques, civils et militaires seront supprimés
 Que les non nobles puissent occuper tous offices de cours souveraines et même que la moitié desdits offices des cours leurs soit affectée..."

Je ne peux m'empêcher d'attirer l'attention sur la question de l'agriculture, elle aussi omniprésente dans ces cahiers, notamment quand il s'agit de la libérer de ses "entraves".
 "Que l'on s'occupera de tous les moyens propres à encourager l'agriculture et qu'on la délivrera des entraves"
Etonnant, non ? Malgré ce que certain(e)s prétendent, il semblerait que philosophes et physiocrates aient fait le même constat que les "gens de terrain".
 


3) Rochefort  : cahier de doléances du Tiers-état du Bailliage


"Que les lettres de cachet soient absolument supprimées"

Le caractère arbitraire et injuste de la justice d'ancien régime apparaît dans cette demande répétée un peu partout dans le Royaume.

"Demander la suppression des lois, ordonnances et règlements qui excluent le tiers-état des emplois civils et militaires, et qui mettent des bornes injustes et décourageantes au zèle et à l’avancement des sujets de cet ordre."  
Bis repetita... Dans une société d'ordres, le mérite ne compte guère...

 "Demander la suppression des corvées seigneuriales
Que la gabelle, impôt barbare, soit éteinte à jamais
 Demander la suppression de tous impôts distinctifs des ordres, tels que les tailles, les corvées, l’industrie, etc., et leur remplacement par des subsides communs également répartis sur les trois ordres"
L'impôt, toujours...

"Que le commerce qui se trouve a chaque instant arrêté par la différence et la multiplicité des droits établis, soit sur les marchandises nationales qui circulent dans le royaume, soit sur celles étrangères qui y sont importées, soit débarrassé de ces entraves..."
Au fond, les physiocrates ont tenté d'apporter une réponse à une demande qui émanait du peuple...



4) Cahier de doléances du Tiers-État de Savenay



"Quatrièmement on demande la suppression des francs-fiefs et l’établissement d’un impôt unique, tant sur les propriétés que sur l’industrie."



5) Le Tiers Etat de la Sénéchaussée de Nismes



Un dernier pour la route, et je laisse la patate chaude entre les mains de notre historienne.
Jamais le peuple n'a voulu "secouer la tyrannie du roi et de l'église", nous disait-elle...

"Que la rigueur des peines soit adoucie, et que l'on abolisse toute distinction de supplices entre les diverses classes des citoyens.
  Il sera représenté aux Etats Généraux que la liberté des personnes doit être sous la sauvegarde des loix et Sa Majesté sera très humblement suppliée d'abolir les lettres de cachet
 Que tous les privilèges exclusifs accordés à des personnes et individus séparés soient abolies
 Que la libre circulation du commerce soit établie dans tout le Royaume, que les douanes soient portées aux frontières
 Qu'il sera présenté que l'impôt de la dîme, qui pèse uniquement sur le cultivateur, est onéreux et nuisible à l'agriculture
 Qu'il est absolument nécessaire de venir au secours de l'agriculture, toujours surchargée, toujours vexée et par conséquent avilie, et tombant en décadence
 Que les trois ordres de l'Etat consentent et répartissent l'impôt ensemble, en la même forme et de la même manière."

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