vendredi 13 janvier 2017

Robespierre, la fabrication d'un monstre, par JC Martin (1)

Professeur d'histoire-géographie, Anne-Marie Coustou pose un regard particulièrement critique sur l'ouvrage de Jean-Clément Martin.
Voici quelques extraits de sa recension.


L’introduction qui s’ouvre sur l’épisode du pseudo-masque de Robespierre que l’auteur qualifie de « quasi-comique » nous en donne l’objet. L’on pourrait penser que l’aspect « quasi-comique » résiderait dans ce montage cousu de fil blanc censé révéler « la vraie tête » du révolutionnaire. Mais pour l’auteur, c’est la réaction des défenseurs de l’Incorruptible qui est risible car «… aujourd’hui comme hier, écrit-il, on peut débattre sans crainte de la violence de Marat, de la vénalité de Danton ou de la frivolité de la reine, alors que l’épiderme national demeure sensible dès qu’on l’évoque (Robespierre) » (p. 1 et 2). Cette « crainte du débat » ne semble pas très dissuasive au vu du nombre de biographies et articles dépréciatifs parus sur l’Incorruptible. Par contre, cette « crainte » s’avère révélatrice du propos de l’auteur dont l’objectif est de libérer la parole sur Robespierre et, en quelque sorte, de déverrouiller le débat à son sujet. Le propos du livre consiste donc « à expliquer pourquoi il est le seul dans ce cas » alors qu’il est, selon Martin, un révolutionnaire parmi tant d’autres, pas même franchement remarquable par ses prises de position, ni même le plus attaché aux principes ou le plus désintéressé.
le visage de Robespierre ?
A la sempiternelle question de Marc Bloch «… dites-nous quel fut Robespierre ? », Martin préfère substituer la suivante « Dites-nous pourquoi il a été considéré comme un homme différent de ses contemporains, doté d’une trajectoire unique, incomparable » (p. 10). Toute la problématique est ici posée : Robespierre n’est pas différent des autres révolutionnaires et il convient donc de le remettre à sa juste place. La démarche de l’auteur consistera à s’efforcer de banaliser l’Incorruptible en tant qu’acteur de la Révolution française, afin de nier la part d’originalité dans son rôle et dans ses idées. Quand Martin déclare «… il faut le considérer comme un « acteur » parmi tous les autres, tâtonnant, échouant, militant ordinaire ou porte-parole, tribun ou négociateur », nous ne pouvons qu’être d’accord sur ce postulat d’une évidente banalité, les tâtonnements et les échecs étant le lot commun de tout un chacun, personnages ordinaires ou révolutionnaires célèbres. Qui a jamais prétendu que Robespierre, en plus d’être incorruptible, était infaillible ? Reste à connaître la méthode adoptée par M. Martin pour mettre en lumière cette banalité. (...)

  Ces réserves sur la méthode étant posées, quelle image de Robespierre ressort de la lecture de cet ouvrage ? La sélection des « confrontations » et, encore plus peut-être, les omissions sont forcément révélatrices des sympathies de l’auteur. Elles mettent en lumière un Robespierre rarement à son avantage, pendant que, parallèlement, d’autres personnages sont valorisés. Prenons donc l’exemple de quelques-unes de ces « confrontations » pour comprendre comment cette image de personnage falot se construit.
JC Clément


Un révolutionnaire médiocre et suiviste
Martin décrit un Robespierre médiocre et suiviste dont la réputation serait surfaite et usurpée : « Comme il le faisait dans ses plaidoiries et ses discours, et comme il le fera ensuite, il reprend des idées émises par d’autres et les met en forme – ce que Manon Roland lui reprochera plus tard. » (p.102), omettant de préciser que Manon Roland a donné de Robespierre des portraits très élogieux avant qu’il ne commence à critiquer son mari devenu ministre de l’Intérieur. Robespierre n’a, semble-t-il, toujours pas changé de méthode dans la période où il préside avec ses collègues aux destinées de la France, puisque Martin nous le décrit ainsi au Comité de Salut public « Robespierre capte les propositions de ses collègues et les fait siennes » (p. 273). Au moment de la loi de Prairial (10 juin 1794), J.-C. Martin note que « Jusque-là, il a repris et synthétisé ce qui avait déjà été proposé, voire expérimenté » (p.280). Démontrer cette médiocrité de Robespierre semble en fin de compte l’axe central de l’ouvrage, puisque J.-C. Martin conclut avec ces mots « En dotant Robespierre et le jacobinisme d’une telle importance et d’une telle autonomie, les Thermidoriens incitent à confondre l’histoire de la Révolution avec l’action d’un homme, exaltent sa puissance, gomment ses défaillances et font oublier la médiocrité de son rôle effectif. » (p. 328). S’il est médiocre et suiviste, d’autres révolutionnaires, par contre, sont plus ardents et progressistes que lui. Analysons quelques exemples de comparaisons désavantageuses pour l’Incorruptible.

Un froid défenseur des esclaves noirs
Ainsi, à propos du problème de l’esclavage, si Martin fait ressortir que Robespierre n’était pas adhérent de la Société des Amis des Noirs (p. 115), alors que d’autres comme Grégoire, Brissot ou Pétion l’étaient, et qu’ils « déployaient une activité plus considérable que lui sur ce sujet », cela est intéressant et nul ne songerait à lui contester cette affirmation. Encore eut il été opportun de préciser que cette société militait pour l’abolition de la traite des Noirs, et non de l’esclavage, jugeant cette dernière insensée, et qu’elle envisageait de remplacer la traite par « l’élevage » des esclaves. Nous aurions également aimé lire sous sa plume des précisions sur la réaction dudit Brissot après l’insurrection des esclaves noirs à Saint-Domingue en 1791. En effet, lorsque les esclaves se révoltèrent, Brissot et ses amis Girondins les condamnèrent violemment et réclamèrent une répression exemplaire, ce qui ne fut pas le cas de Robespierre, et dans la foulée ils mirent la clé sous la porte de la Société des Amis des Noirs (1). Martin interprète les faits de la manière suivante : « Robespierre ne dira rien – alors que Brissot s’oppose au courant colonial de la droite de l’Assemblée et acquiert sa notoriété. » (p. 142) Il y revient plus loin : « En mars, Brissot avait pourtant réussi à faire accepter par l’Assemblée, contre toute la droite, l’égalité des droits entre libres de couleur et Blancs,… » (p. 161) En réalité, les propositions de Brissot d’accorder l’égalité des droits aux libres de couleur, qui aboutirent au décret du 4 avril 1792, étaient destinées à réarmer ces derniers pour activer la répression contre les esclaves insurgés. Mais l’application de ce décret échappa à cette manipulation et ouvrit un tout autre processus.

Si nous poussons la comparaison entre Robespierre et la Gironde plus loin, voici le texte de l’article 17 de la nouvelle constitution proposé par Condorcet (et les Girondins) sur le droit de propriété : Le droit de propriété consiste en ce que tout homme est le maître de disposer à son gré de ses biens, de ses capitaux, de ses revenus et de son industrie ». Rappelons que les esclaves étaient assimilés à des « biens ». Quant à Robespierre, il intervint le 24 avril 1793 pour critiquer la Déclaration arrêtée par l’Assemblée girondine deux jours plus tôt, qui était destinée à servir de préambule à la nouvelle constitution. Il contesta notamment une constitution qui «… favorise ceux qui veulent accroître indéfiniment leurs propriétés au détriment de la propriété des autres, dont la plus précieuse est la propriété de soi. ». C’est ainsi qu’il inspira la nouvelle Constitution, et notamment les articles sur la propriété. Voici le texte de son projet et notamment les articles III et IV que l’Incorruptible voulait faire ajouter à la Déclaration des Droits : « III – Il (le droit de propriété) ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. IV – Toute possession, tout trafic qui viole ce principe est illicite et immoral. » Toute possession qui attente à la liberté d’autrui est donc illicite. L’esclavage n’est-il pas l’exemple le plus achevé de « possession qui attente à la liberté d’autrui » ? Ce souci de limiter l’exercice de la propriété n’était pas nouveau chez lui. Il n’a cessé de dénoncer les abus de la propriété, notamment au sujet des spéculateurs qui affament le peuple. (...)


Enfin, J.-C. Martin conteste aussi à Robespierre sa célèbre phrase « Périssent les colonies s’il devait vous en coûter votre bonheur, votre gloire, votre liberté ». Cette formule (p. 115), prononcée lors des débats des 12 et 13 mai 1791 autour des droits politiques à accorder ou non aux « libres de couleur » dans les colonies et contre l’usage du mot « esclave » dans un texte de loi, lui serait « prêtée » à tort. Elle aurait « sans doute » été prononcée par Dupont de Nemours avant d’être consacrée par Desmoulins. Rappelons que l’expression circule depuis que Jaucourt l’a employée dans l’article « Traite des nègres » de l’Encyclopédie. Par ailleurs il semble que les journaux de l’époque n’aient pas remarqué que Dupont de Nemours et Desmoulins aient prononcé cette formule avant Robespierre, puisque, lorsque la presse commente cette séance, c’est bien à lui qu’elle attribue ces paroles pour les lui reprocher. Ainsi Adrien Duquesnoy, rédacteur de l’Ami des Patriotes, mais aussi député à l’Assemblée constituante, est très sévère dans son journal envers Robespierre, qu’il trouve « exagéré ». Il écrit : «… je serais loin de dire avec Mr Robespierre : Périssent nos colonies ! Car je ne serais pas sans crainte qu’avec elles ne périssent nos richesses et les forces nécessaires pour maintenir notre liberté » (3). Mais cela n’empêche pas Martin d’insinuer que Robespierre ne s’est peut-être rallié à l’abolition de l’esclavage que par tactique, dans un calcul destiné à affaiblir l’Angleterre ! (p. 257)

Robespierre suiviste sur la question de la guerre
Dans le débat sur la guerre qui s’ouvre à l’automne 1791, J.-C. Martin voit encore Robespierre recycler les idées d’autres révolutionnaires. A propos de son opposition à la guerre, Martin se contente de résumer deux des arguments de Robespierre dans une formule elliptique puis de faire remarquer que ce sont les mêmes (arguments) « que Billaud-Varenne répète pendant l’automne et l’hiver 1791-92 » et conclut par la formule «… cela rappelle son aptitude à capter les idées qui lui semblent bonnes… » (p. 145), confortant à nouveau le jugement de suivisme émis par Manon Roland. En réalité, Robespierre ne se contente pas de reprendre les idées de Billaud-Varenne. Ce qui l’amène à comprendre que la guerre représente un grand danger pour la Révolution, ce sont des faits (comme la nomination de Narbonne, un belliciste notoire, au ministère de la guerre le 7 décembre) et des observations personnelles sur le trop grand consensus qui existe entre le roi, la cour, le ministère, La Fayette, et l’assemblée. Son premier argument est donc la défiance vis-à-vis de l’exécutif, mais, par la suite, il affine ses arguments qui sont nombreux et très bien développés, ainsi que les historiens Albert Michon et Marc Belissa l’ont démontré (4).
On pourrait multiplier à l’infini les exemples qui montrent que cette méthode « comparative » est certes séduisante au premier abord mais qu’à l’usage elle s’avère trop souvent partielle et partiale.

L’anti-républicanisme de Robespierre : un vieux refrain remis au goût du jour
A propos de l’idée républicaine, suivant la même méthode qui consiste à comparer les différents acteurs, J.-C. Martin oppose Condorcet, Robert ou Brissot, comme faisant partie d’un « courant républicain » qui « cherche à inventer de nouvelles relations politiques entre les hommes, en s’inspirant du modèle américain » à un Robespierre qui, très influencé par « la tradition philosophique française », resterait quant à lui très « antirépublicain » (p. 111) et « refuse toute installation d’une république » (p. 155). L’auteur recycle là un vieux discours idéologique, qui prend sa source chez les Thermidoriens, selon lequel Robespierre était républicain par opportunisme et voulait en fait être roi, discours qu’Edgar Quinet, en particulier, a popularisé par la suite (5).
Mais en quoi le fait de s’opposer au veto royal et de réclamer le suffrage universel comme le fait Robespierre – des positions qui pour Robert désignent le républicain – est-il antirépublicain ? Dans son rapport du 17 pluviôse an II, Robespierre résume ainsi sa conception du républicanisme : « l’essence de la république ou de la démocratie est l’égalité, il s’ensuit que l’amour de la patrie embrasse nécessairement l’amour de l’égalité ». On notera que Robespierre emploie indifféremment les termes « république » et « démocratie ». Quelques paragraphes avant cet extrait il précise que la démocratie est le synonyme de la république : « ces deux mots sont synonymes, malgré les abus du langage vulgaire ; car l’aristocratie n’est pas plus la république que la monarchie » (6). Il faisait bien-sûr allusion à l’aristocratie des riches prônée par les Girondins, notamment Brissot et Condorcet. C’est pourquoi on aurait aimé quelques précisions sur le républicanisme de Condorcet longtemps attaché au système censitaire et élitiste avant que ne tourne le vent en 1793. Mais, dès juillet 1792, quand le mouvement populaire, appuyé sur les sections de Paris et les fédérés de province, préparent l’insurrection du 10 août contre le roi, les Girondins renient même cette république élitiste et censitaire à laquelle certains d’entre eux aspiraient, pour soutenir la royauté et « l’ordre » contre ce qu’ils considèrent comme l’anarchie (7).
 
les Tuileries, 10 août 1792
Un révolutionnaire coupé du peuple et sans prise sur le cours de la Révolution
J.-C. Martin perpétue la tradition qui veut que Robespierre ait été coupé du peuple et de ce fait sans prise sur les événements, sans influence sur le cours de la Révolution. C’est ainsi qu’il affirme que l’historiographie « le voit plutôt comme un révolutionnaire en chambre condamné pour avoir perdu tout contact avec la réalité » (p. 294). A défaut de préciser à quel courant historiographique il se réfère, l’auteur nous révèle qu’il se reconnaît dans ce courant. Ainsi, à propos de la préparation de la journée du 10 août 1792, lit-on sous sa plume que « l’insurrection se prépare, portée par Marat, par Billaud-Varenne, par Danton, et encore par le brasseur Santerre… » (p. 164), mais que « Robespierre suit plus qu’il ne précède », qu’il « n’a repris la proposition radicale de Danton et de Billaud-Varenne contre le roi et l’Assemblée qu’avec une ou deux semaines de retard » (p. 166), soit le 29 juillet, et qu’à ce moment-là « la dénonciation est aisée et les faits lui donnent facilement raison ». On lit encore que « l’insurrection éclate sans que Robespierre y prenne part » (p. 165), que celui-ci se contente de la « légitimer dans le dernier numéro de son journal qui paraît le 20 août » (p. 166), soit avec dix jours de retard ! Un peu plus loin, l’auteur affirme que « Danton a été présent lors du 10 août » et qu’il y aurait eu un « partage des tâches » : « Robespierre a légitimé l’insurrection (mais après coup seulement, ndlr), que Marat a soutenue et que Danton continue d’organiser » (p. 168). Enfin, parce que Robespierre « endosse la responsabilité de toute la révolution », J.-C. Martin en conclut qu’il « reste dans les marges » mais « plus que sa place effective dans le processus révolutionnaire, c’est bien son image qui est ainsi, de nouveau, confirmée. » (p. 181-182). Toute la suite de l’ouvrage conforte cette analyse d’un personnage qui soigne son image mais reste en marge des événements.
A l’encontre de ces affirmations, citons Albert Mathiez. Celui-ci note qu’en 1792, Robespierre a influencé clairement par ses discours la ligne politique et le programme que s’est donné le mouvement populaire (9). Ainsi, par exemple, dès le 11 juillet, lorsque la patrie fut déclarée en danger par l’assemblée, il s’écria le soir même aux Jacobins « En vain, nous faisons de bonnes lois, si le pouvoir exécutif ne les fait pas exécuter, s’il les entrave par des vétos perfides, si les administrateurs anonymes conspirent avec la Cour pour tuer la Constitution par la Constitution… dans des circonstances aussi critiques, les moyens ordinaires ne suffisent pas. Français, sauvez-vous ! » De même, c’est lui qui, dès le 18 juillet, rédigea la pétition réclamant la déchéance du roi que les fédérés présentèrent à l’Assemblée. Enfin, c’est son discours du 29 juillet aux Jacobins qui fixa le programme qu’adoptèrent les fédérés et les sectionnaires qui montèrent à l’assaut des Tuileries le 10 août. Selon Mathiez, « C’est ce puissant discours de Robespierre qui donna aux futurs insurgés le programme qu’ils cherchaient ». Rappelons qu’il s’agissait d’un programme en trois points : la déchéance du roi, l’élection d’une convention (car Robespierre ne faisait pas plus confiance à l’Assemblée législative, trop compromise, qu’au roi) et le suffrage universel (car il soutenait depuis longtemps la suppression de la distinction entre citoyens actifs et citoyens passifs). Rappelons également que « l’état-major » de l’insurrection se réunissait chez les Duplay, dans le logement de son ami Anthoine et que plusieurs amis de Robespierre en faisaient partie, notamment Simon de Strasbourg et Lazowski. D’ailleurs, les Girondins Isnard et Brissot ne s’y trompèrent pas, puisqu’ils menacèrent de dénoncer Anthoine et Robespierre devant l’Assemblée pour les faire envoyer devant la Haute Cour. Martin constate que Robespierre est ensuite « délégué par sa section à la Commune insurrectionnelle » sans se poser la question de savoir si les membres de sa section l’auraient élu à cette responsabilité s’ils n’avaient eu pleinement confiance en lui et s’il n’avait participé en rien aux événements. Quant au rôle de Danton dans l’insurrection, Mathiez a démontré, documents à l’appui, que « la légende a été créée par Danton lui-même qui s’attribuera, au tribunal révolutionnaire, pour sauver sa tête, un rôle qu’il n’a pas joué » et que ce rôle a été « élargi » plus tard par Alphonse Aulard (10). Notons également que Pétion, loin d’avoir « appuyé » les sectionnaires qui préparaient l’assaut des Tuileries, comme le prétend Martin, a tenté par tous les moyens, en tant que maire de Paris, de faire annuler ou échouer l’insurrection, et qu’il y est parvenu par trois fois, avant le 10 août, ainsi que le démontre Mathiez (11).

Un révolutionnaire qui ruine les tactiques nécessaires à la vie démocratique
J.-C. Martin cite très peu de jugements portés sur l’Incorruptible par ses contemporains. En plus de celui de Manon Roland cité plus haut, notons le suivant : « Ce petit homme à la folle vanité » (p. 99). Ce « reproche » (sic) que lui adresse Charles de Lameth est repris à son compte par Martin pour illustrer son propos selon lequel «… en invoquant les grands principes, il ruine les tactiques nécessaires à la vie démocratique ». Rappelons que Robespierre revendique toujours l’égalité des droits, et notamment le suffrage universel. Ainsi, pour Martin, son combat pour la démocratie apparaît quelque peu facile et démagogique : « Il a beau jeu de mettre en lumière l’insuffisance des arguments de ses adversaires, notamment à propos de l’extension du droit de vote, quand la majorité de l’Assemblée cherche simplement les compromis nécessaires pour stabiliser au plus vite les institutions. » (p. 100) Or, c’est justement pour éviter de « stabiliser les institutions » dans un sens contraire à la Déclaration des droits – c’est-à-dire à la clé de voûte des institutions – que Robespierre « ruine les tactiques nécessaires à la vie démocratique ».

(à suivre ici)

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