Dom Bougre, portier des Chartreux est un roman libertin distribué sous le manteau dès 1741.
On l'attribue à l'avocat Jean-Charles Gervaise de Latouche.
Au début du 2nd tome, le narrateur découvre les surprenantes réalités de la vie monacale.
La nièce du père Casimir était brune, vive et petite. Si elle perdait
au premier coup d’œil. l’examen la vengeait ; ménageant avec adresse sa
gorge, qui n’était plus absolument belle, elle en tirait le meilleur
parti. Ses yeux petits, mais noirs, promenaient sur vous ses regards
enjoués conduits par la coquetterie la plus raffinée. Elle enchantait
par la vivacité et le sel de ses polissonneries. En un mot, c’était tout
ce qu’on pouvait souhaiter de plus charmant pour attraper le jour, sans
s’apercevoir qu’on a passé la nuit.
Aussitôt que je me vis placé à côté de cette aimable fille, je sentis
renouveler ces mouvements confus que j’avais autrefois éprouvés quand
le hasard m’avait fait découvrir Toinette et le père Polycarpe. La
longue privation du plaisir m’avait formé pour ainsi dire une seconde
nature, susceptible d’impressions aussi vives et aussi piquantes ; je
recommençai à vivre, parce que je crus que j’allais revivre pour le
plaisir. Je regardais ma voisine, dont
l’air riant et docile me faisait connaître que mes désirs ne
languiraient qu’autant de temps que j’aurais la simplicité de ne pas les
expliquer. Je sentis bien que ce n’était pas l’envie de faire la
vestale qui la faisait trouver au milieu d’une bande de moines ; mais le
bonheur qu’elle semblait m’offrir me paraissait si grand, que j’avais
peine à le concevoir ; j’étais tremblant, et, dans la crainte qu’elle
m’échappât, à peine aurais-je pu former le dessein de le demander.
J’avais la main sur sa cuisse, que je pressais contre la mienne ; je
sentis qu’elle me la prenait et la passait par l’ouverture de son
jupon ; je connus son dessein, je portai bientôt le doigt où elle le
désirait. Le toucher d’un endroit qui m’était interdit depuis longtemps
me causa un frémissement de joie qui fut aperçu de la bande, qui me
cria : Courage, père Saturnin, vous y voilà. Peut-être me serais-je
déconcerté de cette exclamation, si Marianne (c’était le nom de notre
déesse) ne m’eût sur-le-champ donné un baiser et déboutonné ma culotte
d’une main, tandis qu’elle passait l’autre bras autour de mon cou, et,
empoignant mon vit : Ah ! pères, s’écria-t-elle en le leur montrant, en
avez-vous de cette beauté-là ? Il se fit un brouhaha d’admiration, et
chacun la félicita sur son bonheur prochain. Elle en était enchantée.
Alors le père Casimir, imposant silence à la troupe, m’adressa la
parole.
— Père Saturnin, me dit-il, disposez de Marianne ; vous la
voyez, dispensez-moi de faire son
éloge. Elle est accomplie, elle va vous donner tous les plaisirs
imaginables ; mais ces plaisirs sont à une condition. — Quelle est-elle,
cette condition ? lui répondis-je ; faut-il vous donner mon sang ? —
Non. — Quoi donc ? — Votre cul. — Mon cul ? eh ! que diable en
feriez-vous ? — Oh ! c’est mon affaire, répondit-il. L’envie de baiser
Marianne fit que je n’insistai pas. Je me mis en devoir de l’enconner,
et mon bougre de m’enculer. Un banc nous servit de siège : je m’étendis
sur elle, le père sur moi. Quoique Casimir me déchirât le cul, le
plaisir que je goûtais avec sa nièce faisait diversion à la douleur.
Nous nageâmes bientôt dans les délices. Si quelquefois le plaisir
m’arrêtait au milieu du travail, Casimir, réveillant ma valeur,
m’animait à faire aussi bien que lui. Ainsi poussé et poussant, les
coups de l’oncle allaient retentir dans le con de la nièce, qui, tantôt
mourant et ressuscitant, surprenait l’assemblée. Il y avait longtemps
déjà que nous avions laissé derrière nous le père Casimir, qui, surpris
de l’opiniâtreté du combat, joignit son admiration à celle de la
compagnie, qui en attendait l’issue. J’étais surpris que Marianne me
tînt tête, à moi qui croyais avoir rassemblé dans ce moment toutes les
forces acquises pendant un si long temps. Elle était enragée de ma
valeur, elle qui avait désarçonné les plus vigoureux, le foutre et le
sang ruisselaient. Déjà nous avions déchargé quatre fois, quand
Marianne, fermant l’œil, baissant la tête,
attendait sans mouvement que, par une cinquième décharge, je lui
donnasse le coup de grâce ; elle le reçut, et, après l’avoir savouré
pendant quelques minutes, s’échappa de mes mains et me dit qu’elle se
rendait. Fier de ma victoire, je lui versai une rasade, j’en pris
autant, et nous scellâmes dans le vin notre réconciliation.
Ce combat fini, chacun se mit à sa place, et Casimir entama l’éloge
de la bougrerie. Possédant à fond cette matière, il s’en acquitta bien,
il passa en revue tous les bougres célèbres : il y trouva des
philosophes, des papes, des empereurs, des cardinaux.
(à suivre ici)
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