vendredi 2 juillet 2010

Hésitations...

Si les personnages étaient fictifs, toutes ces questions ne se poseraient même pas. Il me suffirait d'imaginer mes acteurs, de faire en sorte qu'ils soient complémentaires, et de les lancer dans le grand bain de l'intrigue.
Je n'ai pas cette latitude. Rousseau, Diderot, Louise d'Epinay, Sophie d'Houdetot, Grimm et les autres, tous ont existé. Des êtres de chair et de sang, avec leurs traits physiques, leurs qualités et leurs défauts, leurs secrets également... Et depuis les travaux d'Eigeldinger et Trousson, on connaît tous les faits et gestes de Rousseau, année par année, mois par mois, presque jour par jour.
Plus question d'imaginer, donc, sinon dans les rares zones d'ombre restées inexplorées. Dans le même temps, ne pas se contenter de "transcrire servilement" les faits pour atteindre la vérité. Du moins, la mienne... Car à ce jour personne n'a apporté de réponse satisfaisante à ces quelques questions : Rousseau était-il "authentique" ? Comment expliquer qu'il soit devenu, presque du jour au lendemain, une sorte de Diogène du XVIIIème siècle ? Posture ou conviction ? La question n'est évidemment pas anodine. Elle détermine la lecture qu'on fera de l'ensemble de son oeuvre.
Dans "la Comédie des Masques", j'ai pris le parti de ne jamais intervenir, de ne jamais apporter de jugement extérieur sur mes personnages. Mon "regard" est absent, en somme. Ce sont les personnages qui s'observent, s'évaluent, s'interrogent les uns sur les autres. L'ensemble doit constituer un kaléidoscope qui renverra des images contradictoires de Rousseau. Il faudra attendre le 2ème tome pour que les contours encore flous de sa silhouette se dessinent enfin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour commenter cet article...