vendredi 7 octobre 2011

Les salons parisiens : Mme Necker (6)

Suzanne Necker
Fille d'un pasteur des environs de Ferney, Suzanne Curchod épouse le banquier Jacques Necker en 1764, et s'installe avec lui au Marais, rue Michel-le Comte. En 1766, elle emménage rue de Cléry, à l'hôtel le Blanc où le cercle Necker va connaître ses heures de gloire.
L'ouverture du salon, comme on l'a déjà vu, a souvent pour fonction de contribuer à l'ascension sociale de l'hôte. C'est d'autant plus vrai dans le cas de ce banquier suisse et protestant...
"Figure grande et droite" à la taille "proportionnée", Suzanne Necker se distingue surtout par la raideur de son comportement. A un pasteur qui s'inquiète de la voir fréquenter des philosophes athées, la jeune femme répond :  "je me suis hâtée de leur montrer mes principes, on ne touche jamais à cet article chez moi." Même son mari disait d'elle qu'il ne lui avait jamais manqué "pour être jugée parfaitement aimable, que d'avoir quelque chose à se faire pardonner." En somme, elle avait le tort d'être irréprochable...
Marmontel, Morellet et Raynal (qu'on voyait un peu partout) forment très tôt les piliers de cette nouvelle société littéraire. Bientôt suivront Suard, Grimm, d'Alembert, d'Holbach, Diderot et bien d'autres. Ce dernier la qualifiait alors de "Genevoise sans fortune"... "à qui le banquier Necker vient de donner un très bel état".
Si les philosophes fréquentaient ce cercle, il ne devint pourtant jamais un cercle de philosophes. Inutile de songer en ces lieux à formuler des critiques à l'endroit du christianisme ou encore à exposer des systèmes de pensée trop audacieux. Le salon de Madame Necker participe avant tout à la vie littéraire et mondaine par les lectures qu'on y fait. C'est là, semble-t-il, que fut lue en premier la fameuse lettre de Hume à d'Holbach, dans laquelle l'Ecossais exposait tous ses griefs à l'égard de Rousseau.
Si Mme Necker apparaît dans le 2nd tome, c'est qu'elle accueille Bernardin de Saint-Pierre après 1771. C'est à elle, quelques années plus tard, qu'il parlera de son célèbre roman "Paul et Virginie".
Lorsque Necker entre enfin au gouvernement (en 1776), le salon tenu par son épouse devient plus politique que littéraire. Les anciens habitués s'effacent, d'autres apparaissent, elle-même laisse sa place à sa fille, future Mme de Staël.

2 commentaires:

  1. ...y aurait il un "point commun", dans sa création et dans son esprit, entre le Cercle de Mme NECKER et celui, plus "économique", dont on nous rebat les oreilles à qui mieux mieux à propos de "Hauts Fonctionnaires"... ?

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  2. Bonjour Monsieur,
    non, pas dans son esprit en tout cas. Ces "cercles" (ou bureaux d'esprit) étaient avant tout destinés à asseoir une réputation et à tisser un réseau d'influence. Comme bon nombre de salonnières, Mme Necker a donc aidé son mari dans sa quête de pouvoir. Rien à voir avec le tout récent Cercle Necker, composé soi-disant de "hauts fonctionnaires", mais plus vraisemblablement né dans les bureaux du Figaro...

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