S'il est bien un lieu commun qui m'exaspère, c'est celui du "Voltaire défenseur de la liberté d'expression". Combien de fois a-t-on entendu son nom accolé à la citation qui suit :
"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire" ?
Eh bien, rappelons tout d'abord que Voltaire n'a jamais tenu ni écrit de tels propos. A l'origine de cette formule, on trouve une Britannique, Evelyn Beatrice Hall qui, dans un ouvrage consacré à Voltaire en 1906, lui attribue le célèbre « I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it ». Elle admettra quelques années plus tard qu'elle n'aurait jamais dû encadrer cette phrase de guillemets.
Tout cela illustre surtout la méconnaissance du public à l'égard de l'oeuvre de Voltaire (d'ailleurs, a-t-il encore des lecteurs ?) et plus encore l'ignorance de l'homme qu'il était réellement.
S'il s'est montré clément envers Palissot (brocardé pour sa pièce "les philosophes" en 1760), c'est avant tout parce qu'il était l'un des rares philosophes épargnés par le dramaturge ! Et de toute évidence, Voltaire ne fera pas toujours preuve de la même générosité ! Du jour où les autorités genevoises lui interdisent de donner des représentations théâtrales dans sa propriété des Délices, le patriarche de Ferney décide de faire payer l'affront à Rousseau, qu'il tient pour responsable de cette humiliation.
Voltaire défenseur de la liberté d'expression ?
Revenons à cette année 1762, au moment où Genève condamne l'Emile de Rousseau. Prononce-t-il un seul mot en faveur de Jean-Jacques ?
Et plus tard, alors que viennent de paraître les Lettres écrites de la Montagne, qu'écrit-il à son ami Cramer : "Encouragez les conseillers vos amis à se conduire avec autant de sagesse que de fermeté... il faut qu'ils réduisent la canaille au silence... et qu'ensuite ils punissent non un livre qu'on ne peut punir, mais un coquin digne des châtiments les plus sévères." ?
Tout cela prouve avant tout que dans les luttes d'influence, il n'y a jamais de place pour les grands sentiments. Restons-en là, car toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, surtout quand elles concernent nos grands hommes...
Tout cela prouve avant tout que dans les luttes d'influence, il n'y a jamais de place pour les grands sentiments. Restons-en là, car toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, surtout quand elles concernent nos grands hommes...
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