samedi 26 juin 2010

Tergiversations...


Le fait est là : je n'ai guère d'imagination. Du moins, force est de reconnaître que je ne parviens pas à échafauder une trame ex nihilo. D'où la documentation, les témoignages, les voyages également... C'est dans ce terreau que je suis contraint de puiser, non seulement pour respecter les faits historiques, mais surtout pour développer mon intrigue et concevoir mes personnages.
Pour l'Elysée de Sophie d'Houdetot, je me suis inspiré de la Nouvelle Héloïse ( Rousseau, lui, s'était vraisemblablement inspiré du jardin de Mme d'Houdetot... ) ; pour les scènes qui se déroulent à la Chevrette, je dois beaucoup à M. Bourlet et à son ouvrage sur le "Versailles deuillois". Les Confessions ont évidemment constitué un fonds incontournable.
Faisons un autre aveu : accumuler une telle documentation permet également de retarder le passage à l'écriture. On se donne une excuse pour ne pas s'y mettre, en somme. Et on se ment à soi-même comme aux autres... D'ailleurs, le moment venu, que faire de cette somme d'informations ? Certains les "plaquent" de manière artificielle dans leurs ouvrages, sacrifiant la fluidité de l'intrigue à leur volonté de didactisme ( lisez JF Parot et son cycle Nicolas Le Floch). Mais après tout, pourquoi diable aurais-je mené ces recherches sur le système d'éclairage au XVIIIème, sur les réverbères à huile ou à gaz, les fontaines parisiennes, les cris des marchands ambulants, les circuits des chaises de poste, la localisation des salons parisiens, la numérotation des rues... Oui, pourquoi, si ce n'est pour que cela apparaisse dans le roman ? L'autre question s'impose alors : doit-on être vrai à tout prix ou bien peut-on se contenter de paraître vrai (le fameux effet de réel des auteurs réalistes du XIXème) ? Dès lors qu'on écrit un ouvrage dit historique, a-t-on le droit de déformer les faits, et si oui, jusqu'à quel point ? L'appellation roman, qu'on appose en couverture, excuse-t-elle vraiment toutes les petites falsifications auxquelles on se livre inévitablement ? Dans HHhH, Laurent Binet fait de ces interrogations l'un des sujets centraux de son livre. Et c'est un coup de génie que je lui envie...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour commenter cet article...