jeudi 15 décembre 2011

Louise d'Epinay (3)

Louise d'Epinay
Malgré ce que prétendent ses mémoires, on peut penser que Louise d'Epinay fréquentait déjà Grimm avant de rompre avec Francueil en 1752. Dans les premiers temps, elle semble subjuguée par le caractère protecteur de l'Allemand. "Ce n'est pas d'aujourd'hui que je sens qu'avec vous on peut se laisser conduire sans y regarder...", lui écrit-elle. Jusqu'alors soumise à sa mère, Louise apprend peu à peu à s'en détacher pour redevenir la femme qu'elle a oublié d'être. "Avoir une volonté à moi me paraissait un crime" dit-elle de ses année passées. Mais on ne l'y prendra plus. Pourtant paternaliste avec sa maîtresse, Grimm va néanmoins permettre à Louise de se libérer et de donner libre cours à ses ambitions refoulées. Désormais, elle s'intéresse aux questions de son temps et fréquente les milieux intellectuels de Paris. Pendant les nombreuses absences de son amant, elle prend en charge la Correspondance Littéraire, ce périodique destiné à quelques illustres correspondants étrangers. Mais depuis longtemps déjà, c'est le sujet de l'éducation qui passionne Louise. Selon elle, l'éducation traditionnelle ne prend pas assez en compte le caractère de l'enfant, ni le destin qu'on lui prépare. A quoi bon éduquer un enfant comme un militaire si on veut en faire un ecclésiastique ? Enfin, et c'est là son originalité, Louise est opposé aux précepteurs et aux collèges. Malgré son appartenance sociale, elle préfèrerait garder ses enfants près d'elle afin de les prendre en charge. Sur ce point, elle s'oppose assez nettement à Rousseau, favorable quant à lui aux précepteurs.
En 1774, la Correspondance Littéraire annonce la sortie des Conversations d'Emilie, ouvrage dans lequel Louise expose ses théories pédagogiques sous forme dialoguée. L'accueil critique sera excellent, si bien que Louise présente son ouvrage réédité au concours Montyon en 1782. Le prix d'ouvrage de l'année lui sera décerné au mois de janvier 1783.
Gloire tardive, mais gloire tout de même, dans une société qui n'accepte pas encore que la femme joue le rôle de bel esprit ! Louise s'éteindra quelques mois plus tard, au mois d'avril 1783.

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