mardi 12 février 2019

L'image du roi au XVIIIè siècle (1)

En croisant les travaux d'Arlette Farge et ceux de David Garrioch, on comprend mieux comment l'image du roi s'est peu à peu transformée au cours du siècle, perdant progressivement tous les attributs de sa puissance jusqu'à n'être plus qu'un "bon père du peuple" dont on pouvait contester l'autorité. 

Reconnu "roi par la grâce de Dieu" (et non plus par "la volonté du peuple"...), Louis le XIVè avait autrefois imposé une représentation jupitérienne du monarque, la foudre à la main et l'aigle à ses pieds.
Louis XIV, par Ch. Poerson en 1652
 Le tableau de J. Jouvenet nous rappelle que ce roi thaumaturge détenait de fait le pouvoir ("le Roi te touche, que Dieu te guérisse") de guérir les tuberculeux.
 On le voit représenté ci-dessous en chef de guerre victorieux, couronné par la Victoire, divinité ailée qui le coiffe des rameaux de laurier.
tableau de P. Mignard (1673)
 A titre de comparaison, rappelons que son arrière-petit-fils Louis XV perpétua un temps la tradition des écrouelles (dès 1723) mais qu'il y renonça définitivement en 1739, lorsque son confesseur lui refusa l'absolution de ses péchés adultérins. Vainqueur à Fontenoy en 1745, on le retrouve (ci-dessous habillé de gris, accompagné du Dauphin) sur le champ de bataille, en maître de guerre  certes dominateur mais déjà privé de tout attribut divin.

la bataille de Fontenoy, par P. Lenfant
 Les portraits équestres de Louis XVI seront quant à eux fort rares. Celui présenté ci-dessous date de 1791 et est l'oeuvre de Carteaux. Si le roi est encore représenté l'épée à la main, on remarque que l'arrière-plan est désert et que le monarque apparaît bien emprunté, presque falot.
 Deux autres tableaux, le premier de Debucourt (1784), le 2nd de Hersent (1817), représentent le roi modestement vêtu, en figure paternelle faisant l'aumône aux pauvres.


En moins d'un siècle, l'incarnation de Dieu sur terre s'est transformée en un simple père de famille bienveillant.

(à suivre ici)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour commenter cet article...