samedi 23 février 2019

Les contorsions de Marion Sigaut devant les Gilets jaunes (2)

Il faut se dépêcher d'en rire pour éviter d'en pleurer... 
Voir ces sinistres individus endosser un gilet jaune, clamer leur solidarité à l'égard du mouvement, puis tenir de tels discours...
Tenez, si le coeur vous en dit, j'ai sélectionné deux extraits qui méritent qu'on s'y attarde.





Oui, vous avez bien entendu : ils rêvent du retour d'une « monarchie catholique »  et plaident en faveur d'une « constitution qui a pour source la loi divine pour les croyants et la loi naturelle pour les non-croyants ». Vraiment ? Sans rire ? Imaginons donc un cas de figure : sous ce nouveau régime, qu'adviendrait-il si je blasphémais, si je pratiquais l'adultère, si je me livrais à des pratiques sexuelles condamnables etc..., laquelle de ces lois prévaudrait au moment de me juger ? Et faudrait-il vraiment que je me déclare non-croyant pour bénéficier de la clémence du tribunal? L'intervenant de gauche me fournit un indice précieux lorsqu'il affirme que « beaucoup de gilets jaunes rejettent le mariage pour tous ». 
Aïe... J'ai compris. 
Dans ce futur Ancien Régime qu'ils appellent de leurs voeux, mieux vaut que je me tienne à carreau si je ne veux pas être roué vif place de Grève. 
D'autant que ces tristes sires seraient du côté du manche et moi de la cognée.
Grisée par cet entre-soi, Marion Sigaut revient alors au récit de cet âge d'or que fut l'Ancien Régime :
« la démocratie c’est ce qui se passait avant » car « les gens n’attendaient pas que le roi leur fasse leurs lois … chaque village avait son propre fonctionnement ». Là, je dois me pincer pour être certain d'avoir bien entendu (je souffre d'acouphènes depuis quelque temps). Et personne dans le public pour la reprendre ? Non, j'oubliais : il faut montrer patte blanche pour assister à ces conférences. D'ailleurs ce même public frémit d'aise lorsque l'historienne du net se met soudain à éructer contre "Bruxelles" puis "Tel Aviv". Vous trouvez ça nauséabond? Bah, chez ces gens-là, ce parfum serait plutôt vivifiant... Car la République est sataniste, la République, c'est   "les vaccins … la sexualisation des enfants …. l’invasion pornographique". Et dans ce « génocide républicain », « le programme a été écrit ». Oui, tout est écrit là-bas, dans l'ombre, par une main invisible, par de vilaines personnes (au choix, les illuminati, juifs, francs-maçons, reptiliens et consorts) qui se livrent depuis des siècles à d'affreux complots contre notre civilisation.  Pour se soustraire à ces influences délétères, Marion Sigaut nous donne enfin un précieux conseil :  
" Retournez vivre dans les campagnes ". Le retour à la terre ! Mais bien sûr ! Car comme le disait fort bien ce brave Maréchal, "la terre, elle, ne ment pas" !



 NB : Un détail, toutefois. Pour parler de Rousseau, encore faut-il connaître sa vie (notamment son rapport au monde paysan) mais également ses écrits. Ci-dessous quelques extraits de son discours sur l'économie politique, écrit en 1755.


Quand on voit un gouvernement payer des droits, loin d'en recevoir, pour la sortie des blés dans les années d'abondance, et pour leur introduction dans les années de disette, on a besoin d'avoir de tels faits sous les yeux pour les croire véritables, et on les mettrait au rang des romans, s'ils se fussent passés anciennement. Sup­po­sons que pour prévenir la disette dans les mauvaises années, on propo­sât d'établir des magasins publics, dans combien de pays l'entretien d'un établissement si utile ne servirait-il pas de prétexte à de nouveaux impôts ? A Genève ces greniers établis et entretenus par une sage administration, font la ressource publique dans les mauvaises années, et le principal revenu de l'État dans tous les temps (…)

  De toutes les autres impositions, le cens sur les terres ou la taille réelle a toujours passé pour la plus avantageuse dans les pays où l'on a plus d'égard à la quantité du produit et à la sûreté du recouvrement, qu'à la moindre incom­mo­dité du peuple. On a même osé dire qu'il fallait charger le paysan pour éveil­ler sa paresse, et qu'il ne ferait rien s'il n'avait rien à payer. Mais l'expé­rience dément chez tous les peuples du monde cette maxime ridicule : c'est en Hollande, en Angleterre, où le cultivateur paye très peu de chose, et surtout à la Chine ou il ne paye rien, que la terre est le mieux cultivée. Au contraire, partout où le laboureur se voit chargé à proportion du produit de son champ, il le laisse en friche, ou n'en retire exactement que ce qu'il lui faut pour vivre. Car pour qui perd le fruit de sa peine, c'est gagner que ne rien faire; et mettre le travail à l'amende, est un moyen fort singulier de bannir la paresse.



De la taxe sur les terres ou sur le blé surtout quand elle est excessive, ré­sul­tent deux inconvénients si terribles, qu'ils doivent dépeupler et ruiner à la longue tous les pays où elle est établie.



Le premier vient du défaut de circulation des espèces, car le commerce et l'industrie attirent dans les capitales tout l'argent de la campagne : et l'impôt dé­truisant la proportion qui pouvait se trouver encore entre les besoins du laboureur et le prix de son blé, l'argent vient sans cesse et ne retourne jamais; plus la ville est riche, plus le pays est misérable. Le produit des tailles passe des mains du prince ou du financier dans celles des artistes et des marchands; et le cultivateur qui n'en reçoit jamais que la moindre partie, s'épuise enfin en payant toujours également et recevant toujours moins. Comment voudrait-on que pût vivre un homme qui n'aurait que des veines et point d'artères, ou dont les artères ne porteraient le sang qu'à quatre doigts du cœur ? (…)



Le second inconvénient vient d'un avantage apparent, qui laisse aggraver les maux avant qu'on les aperçoive. C'est que le blé est une denrée que les im­pôts ne renchérissent point dans le pays qui la produit, et dont malgré son absolue nécessité, la quantité diminue, sans que le prix en augmente; ce qui fait que beaucoup de gens meurent de faim, quoique le blé continue d'être à bon marché, et que le laboureur reste seul chargé de l'impôt qu'il n'a pu défal­quer sur le prix de la vente. Il faut bien faire attention qu'on ne doit pas raison­ner de la taille réelle (ndlr : cet impôt pesait sur la terre, non sur l'individu) comme des droits sur toutes les marchandises qui en font hausser le prix, et sont ainsi payés moins par les marchands, que par les ache­teurs. Car ces droits, quelque forts qu'ils puissent être sont pourtant volontai­res, et ne sont payés par le marchand qu'à proportion des marchan­dises qu'il achète; et comme il n'achète qu'à proportion de son débit, il fait la loi au parti­culier. Mais le laboureur qui, soit qu'il vende ou non, est contraint de payer à des termes fixes pour le terrain qu'il cultive, n'est pas le maître d'attendre qu'on mette à sa denrée le prix qu'il lui plaît; et quand il ne la vendrait pas pour s'entretenir, il serait forcé de la vendre pour payer la taille, de sorte que c'est quelquefois l'énormité de l'imposition qui maintient la denrée à vil prix.

***

pour rappel, ces quelques mots prononcés par M.S
NB du 3/03 : quantité de messages gentils sur mes commentaires concernant cette brave dame. Merci beaucoup. Hélas, je ne peux pas tout suivre. Son propos est dans l'air du temps, à charge pour les historiens de s'emparer du net et de ne pas laisser cette avenue aux histrions. Pour les autres : demandez-vous d'où parle cette femme, et surtout : reportez-vous aux textes !!!

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