lundi 15 novembre 2010

Pour ouvrir mon roman...

Une citation d'Albert Cohen :
« Combien nous pouvons faire souffrir ceux qui nous aiment et quel affreux pouvoir de mal nous avons sur eux »
 


A mes yeux, rien ne saurait mieux illustrer l'histoire que vous découvrirez peut-être début 2011, une histoire d'amour, de haine et de trahison.

L'amour qui lie Diderot et Rousseau tout d'abord, et qui s'achève sur une rupture brutale. Ces deux hommes étaient-ils faits pour s'entendre ? Peu importe, ils se sont aimés pendant plus de quinze ans. Et puis, ils se sont haïs jusqu'à la fin de leurs jours. Diderot a trahi. Peut-être plus maladroit que malintentionné, mais Rousseau ne le lui a jamais pardonné.

L'union de Thérèse et de Jean-Jacques, ensuite, qui durera jusqu'à la mort du philosophe en 1778. Là, les rôles s'inversent, et si le témoignage de la blanchisseuse nous manque, on imagine combien son compagnon a dû la faire souffrir, notamment lors du séjour à l'ermitage de Montmorency (1756/1757).

L'amitié entre Louise d'Epinay et Rousseau également, que certains contemporains suspectaient d'être davantage que cela. Qu'espérait Louise ? Qu'attendait-elle de Rousseau ? L'a-t-elle aimé ? Il y aurait un roman à écrire sur cette femme. Une piste à creuser, peut-être, lorsque j'en aurai fini avec mon Genevois...

La plus douloureuse, enfin... Cette histoire d'amour brève et intense entre Jean-Jacques et Sophie d'Houdetot. Il a plus de 40 ans lorsqu'il prétend éprouver ce sentiment pour la première fois ("et pour cette fois, ce fut de l'amour", Confessions). Il est en train d'écrire sa Nouvelle Héloïse, et le personnage de Julie d'Etanges va brutalement s'incarner sous les traits de cette jeune femme, comtesse d'Houdetot, dont il s'éprend follement. Avec elle, et c'est un thème essentiel chez Rousseau, il n'éprouve plus le besoin de parler. Leurs âmes s'ouvrent l'une à l'autre, avec la transparence du cristal. Rousseau rêvait depuis toujours d'une telle relation, il la transcrivait déjà dans les plus belles pages de son roman, mais il ne la croyait pas possible.
Et Sophie est apparue...
Ces quelques mois durant lesquels ils se sont aimés, Jean-Jacques ne les a jamais racontés dans le détail. Les courriers les plus passionnés ont malheureusement disparu. Mais il les a vécus avec intensité, échappant au réel, sur les hauteurs de Montmorency où il rencontrait sa Sophie presque quotidiennement.
Au moment de la rupture, il a d'autant plus souffert qu'il croyait cette femme différente des autres, capable d'échapper aux réalités du monde. Mais le monde a brutalement fondu sur eux, impitoyable, et leur a rappelé qu'elle était Comtesse d'Houdetot, déjà liée (à son époux, à son amant), et introduite dans un milieu où de tels écarts ne pouvaient être admis.
En cette fin d'année 1757,  j'imagine avec effroi la souffrance qui a été celle de Jean-Jacques : c'est celle d'un homme qui renonce définitivement à ses illusions...

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