Développant une tension presque
irrésistible pour Voltaire, la guerre se fait attendre...
Lettre au comte d'Argental, vers le 1er
décembre 1734 :
« Est-il vrai qu’on parle de paix ?
Mandez-moi je vous en prie ce qu’on en dit. Il n’y a point de particulier qui
ne doive s’y intéresser, en qualité d’âne à qui on fait porter double charge
pendant la guerre. »
Charles-Augustin d'Argental (1700-1788) |
Evidemment le
"particulier", c'est ce qui amuse tout particulièrement la grande
bourgeoisie internationale... En effet, quelle est donc cette "double
charge" qui pèse sur les particuliers? Elle consiste, d'une part, à devoir
participer à des guerres qui ne sont pas les leurs : en servant de chair à
canon, soit au titre de la bataille elle-même, soit au titre des bavures qui
l'accompagnent... Elle consiste, d'autre part, à payer les impôts qui
rémunéreront les vrais grands profiteurs de ce jeu de massacre.
Or, comme nous le verrons :
Voltaire, les impôts?... Connaît pas!... Qu'elle soit internationale, cela
signifie en effet très précisément que cette bourgeoisie-là ne paie pas
d'impôts. Cela fait évidemment partie de sa définition.
Faudrait-il alors croire que les
Voltairomenteurs reçoivent un petit quelque chose - ne serait-ce qu'un peu de
pommade dans le dos - de la part de ces grandes fortunes qui constituent le
circuit mondial de l'impérialisme? En tout cas, elle est très bien montée, la
marionnette Voltaire... et relayée depuis combien de décennies?... par...
l'Education Nationale...
Bon... Et si maintenant nous
retournions à la boucherie... qui tarde... oh, misère, qu'elle tarde!... Et les
chefs, hein, qu'est-ce qu'ils font, les chefs?
Lettre au duc de Richelieu, le 30 juin
1735 :
« Vous
attendez apparemment, Messieurs du Rhin, que l’Italie soit nettoyée
d’Allemands, pour que vous fassiez enfin quelque beau mouvement de guerre, ou
peut-être pour que vous publiiez la paix à la tête de vos armées. »
Mais, coupons net. Tout ceci
n'est pas pour les enfants du peuple... Laissons les Voltairomenteurs nous en
faire des tonnes sur la beauté morale de leur criminel préféré.
Et avec un homme de notre peuple,
Wagnière, le secrétaire de l'ignoble Voltaire, faisons les comptes du patron...
Wagnière (1739-1802) |
Wagnière avait été le porte-plume
de Voltaire durant les vingt et une dernières années de la vie de celui-ci.
Sachant lire et écrire, il était déjà un travailleur qualifié... pas un
manouvrier à 200 livres, bien sûr. Par ailleurs, puisque Voltaire était l'un
des hommes les plus riches du monde de son temps (nous parlons, bien sûr, de la
planète, et non pas du seul "beau monde"), et au surplus, s'il faut
en croire la belle cohorte des Voltairomenteurs, un personnage généreux (tout
spécialement du côté de Ferney), nous sommes tout à fait fondés à penser que
Wagnière n'a pas dû être spécialement miséreux, etc.
Ben, voyons.
Certes, Wagnière aura été pendant
les vingt et une dernières années de la vie de Voltaire son très fidèle
secrétaire. Ce qui place en 1757 son arrivée auprès du maître, c'est-à-dire
bien longtemps après les combats en Italie des années 1734-1735 qui nous
occupent ici. Cependant, son témoignage ne peut pas ne pas nous intéresser. Il
doit d'ailleurs s'appuyer sur des confidences, ou sur des mises au point,
effectuées par le grand homme en telle ou telle occasion.
Ecoutons donc Jean-Louis Wagnière
:
« La compagnie chargée de la fourniture des vivres dans la guerre
d’Italie, y intéresse M. de Voltaire. Il eut pour sa part plus de sept cent
mille francs[3500 années de travail !!!...] de bénéfice qu’il plaça en viager.
»
La somme est évidemment
écrasante... Mais, au regard de la dimension des sommes accumulées dans les
années précédentes, nous voyons qu'il ne s'y trouve rien d'excessif : elle leur
est tout à fait congruente... Voltaire est donc ici parfaitement égal à
lui-même. C'est dire aussi qu'on (on?) peut lui faire confiance. Si bon chien
chasse de race, il est désormais évident que Voltaire est très naturellement le
vrai chien de chasse de la grande bourgeoisie internationale... Le Royaume de
France n'a qu'à bien se tenir!... (Rien que ça, évidemment, pour ceux qui
connaissent l'Histoire.) Et ce ne sont pas les rentes en viager que l'on
consent au roi Très-Chrétien - c'est-à-dire à lui à travers sa noblesse - qui
vont l'aider à se tirer de là! (Mais les Voltairomenteurs la connaissent-ils
vraiment eux-mêmes, cette Histoire? Ne sont-ils pas que les valets besogneux de
la grande bourgeoisie internationale?)
Encore un mot à destination des
naïfs... Pour que la grande bourgeoisie internationale puisse mettre en oeuvre
ces entreprises colossales (et tout spécialement chiffrées par elle selon une
comptabilité extrêmement précise) que sont pour elle les guerres, encore
faut-il qu'elle ait dans sa main des capitaux d'une certaine dimension,
c'est-à-dire d'une dimension certaine : le fantassin à cinq sous par jour n'est
certes pas cher..., mais il s'abîme vite, et il en faut beaucoup, des milliers,
des dizaines de milliers, etc., et pas que pour quelques jours. Il doit donc y
avoir, entre les cinq sous (le coût du travail) et les sommes investies par la
grande bourgeoisie pour le mettre en oeuvre, une proportion suffisante. C'est
bien sûr celle que l'on retrouve dans ses revenus issus du sang des autres...
Et Wagnière dans tout ceci?... Pourquoi ne pas lui mettre le
pied à l'étrier de la grande bourgeoisie internationale? Oh, le frisson que
cela pourrait lui procurer. Ici, comme on va le voir, Voltaire s'amuse
beaucoup. Laissons le secrétaire en faire le témoignage après la mort du
patriarche de Ferney :
« L’intention de mon maître était qu’après sa mort j’eusse vingt mille
écus [60 000 livres ; 300 années de travail], y compris les huit mille francs
[8000 livres ; 40 années de travail] portés sur son testament, et de me donner
le surplus de la main à la main, en billets à mon ordre sur son banquier, M.
Schérer, à Lyon. Il me les remit en mains en 1777 ; mais je crus, par respect
et par crainte de lui laisser apercevoir le moindre doute sur sa bonne volonté
à mon égard, que je ne devais pas les garder, et je les lui rendis. Je ne
prévoyais point alors que par une fatalité et des circonstances bien étranges,
je ne serais pas auprès de lui à sa mort, malgré ses instances, et que dans ses
derniers moments il ne pût obtenir que son notaire vînt vers lui, quoiqu’il le
demandât. »
le château de Ferney |
Avant de faire apparaître la réalité
qui est sous-jacente à cette belle histoire de "gros sous", écoutons
encore Wagnière :
« Étant né sans fortune, n’ayant eu que des gages très modiques, mon
maître ne m’ayant jamais fait de gratification de son vivant, ne lui ayant
jamais parlé de mes intérêts, ayant perdu ma santé, passé ma jeunesse sans état
assuré pour l’avenir, je me vis, à sa mort, chargé d’une mère, d’une femme et
de deux enfants, et très embarrassé pour les soutenir. »
C'est dit : "que des gages
très modiques", "mon maître ne m'ayant jamais fait de gratification
de son vivant"... et après sa mort : rien?... Mais alors, les "gros
sous"?... Ne sommes-nous pas chez le patriarche de Ferney, l'un des hommes
les plus riches du monde!...
Et d'une générosité dont les
Voltairomenteurs ne cessent, aujourd'hui encore, de nous rebattre les oreilles!...
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