mercredi 13 novembre 2013

Maupertuis (2)

Loin d'obtenir le triomphe escompté, Maupertuis va voir le clan des Cassini (et celui des Jésuites) contester les mesures effectuées au cours de l'expédition du Pôle nord. Malgré le soutien de Voltaire, Maupertuis commence peu à peu à développer un sentiment de paranoïa et de persécution qui ne va cesser de grandir au cours des années qui suivront.
Maupertuis
 Dans ses mémoires, l'écrivain Charles Collé dit de lui : "...au retour de son voyage en Laponie, il s'attribua seul toute la gloire des calculs et des opérations de Clairaut, qui avait tout fait ; il se fit graver avec le globe de la Terre qu'il aplatissait. Plein d'intrigue et d'audace, il se louait lui-même et se faisait louer par un tas de grimauds, par un nombre prodigieux de sots, par des femmes de qualité...". C'est à cette même époque, en effet, que Maupertuis publie anonymement l'Examen désintéressé, un petit essai qu'on attribue tout d'abord à d'autres académiciens, et qui ridiculise ouvertement les thèses soutenues par Cassini. Si certains flairent la supercherie, Maupertuis prend surtout le risque de heurter l'Académie des Sciences, peu habituée à ces guerres intestines qui nuisent à sa réputation.
Malgré les concessions faites par Cassini en 1740, Maupertuis continue pourtant de s'acharner avec une rage qui confine au sadisme : "C'est un homme qui se noie et qui ne sait à quoi se prendre, mais j'arracherai jusqu'au moindre roseau auquel il voudrait s'accrocher" (lettre à Bernoulli). Devant un tel comportement, toute la vieille garde de l'académie, dont Réaumur et Fontenelle, s'unit pour condamner les excès de Maupertuis, lui reprochant par la même occasion de nuire à la grandeur de l'institution.
Ce dernier leur réserve pourtant un nouvel affront en acceptant l'offre faite par Frédéric II de venir créer une académie des sciences à Berlin. Malicieux, Voltaire lui écrit : "Vous voilà, Monsieur, comme le messie, trois rois courent après vous ; mais je vois bien que puisque vous avez 7000 livres de la France, et que vous êtes Français, , vous n'abandonnerez point Paris pour Berlin" (lettre à Maupertuis, juillet 1740). Par patriotisme ou par crainte de s'attirer les foudres royales, bon nombre d'académiciens refusaient habituellement les sollicitations de monarques étrangers.

Las de ne pas obtenir les lauriers qu'il croit mériter, Maupertuis accepte pourtant la proposition de Frédéric II...
Bouffi d'orgueil, il arrive à Berlin en septembre 1740. (à suivre)

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