mardi 1 avril 2014

Marion Sigaut : 1789 na jamais été la révolte du Peuple ! (???)

  

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 De toutes les interventions de Marion Sigaut, voici sans doute celle qui concentre le plus de contre-vérités et d'omissions.

1. Jamais le peuple n'a voulu "secouer le joug de la tyrannie du roi et de l'église", nous dit l'historienne. "Il n'a dit nulle part tout ce qu'on a fait."
 Quelques demandes, glanées dans les cahiers de doléances du Tiers-Etat, nous prouvent pourtant tout le contraire.

 «De l'inégalité de la répartition des impôts qui fait que nous sommes trop imposés» (Ste-Marie).
«Des corvées et servitudes féodales trop étendues et trop onéreuses» (Ste-Marie, Pornic, Arthon).
 "Que tous impôts soient à l'avenir supportés d'une manière égale et par chacun en proportion de sa fortune sans distinction d'ordre" (Ste-Marie, Pornic).
«Que les nobles, ecclésiastiques, roturiers et privilégiés soient compris confusément dans le même rôle d'imposition» (Le Clion, Les Moutiers).
«  Que tous privilèges relativement aux impôts et charges publics et à la possession exclusive des dignités, charges et emplois ecclésiastiques, civils et militaires seront supprimés »
 Que les non nobles puissent occuper tous offices de cours souveraines et même que la moitié desdits offices des cours leurs soit affectée..."
"Demander la suppression des lois, ordonnances et règlements qui excluent le tiers-état des emplois civils et militaires, et qui mettent des bornes injustes et décourageantes au zèle et à l’avancement des sujets de cet ordre."  (Rochefort)

  "Demander la suppression des corvées seigneuriales
Que la gabelle, impôt barbare, soit éteinte à jamais
 Demander la suppression de tous impôts distinctifs des ordres, tels que les tailles, les corvées, l’industrie, etc., et leur remplacement par des subsides communs également répartis sur les trois ordres" (Rochefort)
"Quatrièmement on demande la suppression des francs-fiefs et l’établissement d’un impôt unique, tant sur les propriétés que sur l’industrie." (Savenay)

Que tous les privilèges exclusifs accordés à des personnes et individus séparés soient abolies…
Qu'il sera présenté que l'impôt de la dîme, qui pèse uniquement sur le cultivateur, est onéreux et nuisible à l'agriculture
Que les trois ordres de l'Etat consentent et répartissent l'impôt ensemble, en la même forme et de la même manière."  (Nismes)


2- L'historienne nie par ailleurs qu'il y ait eu une "nationalisation des biens de l'Eglise". "On va arrêter de mentir", ajoute-t-elle...
Là encore, nous nous contenterons de quelques exemples, que nous limiterons volontairement à Paris. Celui du couvent des Récollets (faubourg St Laurent), ou encore celui du couvent des Dominicains (rue St Jacques), devenus des ateliers de travail sous la Révolution. Ne s'agit-il pas là de biens nationalisés, et destinés à fournir du travail aux plus pauvres ? La même campagne de réquisition est conduite dans les provinces, bien évidemment, comme à Saint-Etienne où trois églises sont désaffectées pour devenir un dépôt d'armes, un magasin des fers et un atelier de charité destiné à procurer du travail aux chômeurs. On comprend mieux, dès lors, pourquoi l'entreprise de déchristianisation a été accueillie avec un tel enthousiasme dans la région...


3- L'historienne prétend encore que les Révolutionnaires ont inventé "la libre circulation" des marchandises, le libéralisme et le capitalisme. Rappelons-lui, à toutes fins utiles, les précédentes expériences de libre circulation des grains initiées par les physiocrates, d'abord en 1763, puis avec Turgot, en 1774. Encore faudrait-il préciser les circonstances économiques extrêmes dans lesquelles ces mesures ont été prises. Mais de cela, Marion Sigaut ne dit jamais mot...

4- Nous ne dirons rien des élucubrations sur le prétendu "complot maçonnique" (lisez le livre noir de la Révolution Française, compilation d'articles traitant bien du sujet), ni sur le roi Louis XV qualifié de "pédophile" (mais pourquoi diable lui fournissait-on des vierges et non des femmes plus âgées ?...), ni sur la présumée alliance entre jansénistes et philosophes (sur le sujet, relisez ce que disent Voltaire et Diderot des jésuites, mais également des jansénistes).


"Le problème de l'historien, c'est de faire de l'histoire, c'est pas de faire plaisir", avance Mme Sigaut. A en juger les quelques précisions données ci-dessus, on ne saurait que trop l'encourager à moins se faire plaisir et à se pencher davantage sur l'histoire de France...

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