Tragédie en trois actes et en vers
VASTA, reine de Bordélie.
CONILLE, fille de Vasta.
VIT-MOLET, prince de la cour.
FOUT-SIX-COUPS, prince étranger.
VIT-EN-L’AIR, confident de Fout-six-coups
FRAPPART, capitaine des gardes.
TETASSE, confidente de Vasta.
UN SOLDAT.
LE GRAND-PRÊTRE.
FOULE DE PEUPLE.
La scène est à Bordélie.
ACTE PREMIER.
SCÈNE PREMIÈRE.
VASTA, VIT-MOLET, FRAPPART,
COUILLEAU-CUL, GARDES.
VASTA
Oui, vous avez foutu; votre mine
effrontée
Avait pour un moment occupé ma
pensée;
Je croyais qu’à votre âge on
était vigoureux,
Et que sans déconner on allait
jusqu’à deux;
Mais puisqu’au premier coup,
votre pine molasse
Malgré mes coups de cul abandonne
la place,
C’en est fait, désormais vous ne
me foutrez plus;
Frappart réparera tant de momens
perdus.
VIT-MOLET.
De ce propos mon âme est
offensée,
Car si par un hasard vous vous
vîtes ratée,
Prenez-vous-en aux Dieux, qui
vous firent un con
Plus d’une fois trop large et
deux fois trop profond:
Le vent, qui s’engouffrait dans
ce vaste édifice,
Me faisait débander au bord de la
matrice;
Je me crus englouti; mon esprit
s’égara;
La peur saisit mes sens, et mon
vit se glaça.
VASTA.
Vous foutez-vous de moi? quelle
mauvaise excuse
Osez-vous me donner ? Est-ce
ainsi qu’on m’abuse?
Lorsque l’on bande bien, rien ne
doit arrêter;
Mais sur un bande-à-l’aise on ne
peut pas compter:
D'ailleurs vous êtes bougre, et,
si j’en crois ma haine, '
A foutre un con, seigneur, vous
avez de la peine;
Choisissez à l’instant ou du cul
ou du con.
Réparez votre honte, et vengez
mon affront:
Conille est à ce prix.
SCÈNE lI.
CONILLE, TETASSE, VIT-MOLET,
COUILLE-AU-CUL, GARDES.
VIT-MOLET.
Ah! sacredieu, princesse,
Vous osez à ses yeux me taxer de
mollesse;
Tu l’entends, Couille-au-cul,
c’est assez m’insulter,
Punissons la perfide, et courons
nous venger.
CONILLE.
Arrêtez, Vit-molet, qu’elle
injuste colère!
Quoi! ce n’est pas assez d’avoir
raté ma mère ?
Déployant à ses yeux votre
indigne fureur,
Sans respect pour ce lieu, pour
moi, pour ma pudeur,
Vous voulez nous quitter. Ah! ne
passez pas outre. Eh cruel! arrêtez.
VIT-MOLET, s'en allant.
Allez vous faire foutre.
SCÈNE III
CONILLE, VASTA, TETASSE,
FRAPPART.
CONILLE.
L’avez-vous entendu? Ni mes cris,
ni mes pleurs
Ne peuvent l’attendrir. O comble
de malheurs !
Il est perdu pour moi!
VASTA.
Foutez-vous-en, ma fille,
Assez d’autres héros prétendent à
Conille.
Le prince Fout-six-coups doit
paraître en ces lieux.
Rentrez dans le palais. (à Têtasse.)
Vous , suivez la princesse.
Et toi, mon cher Frappart, viens
foutre ta maîtresse;
Passons dans mon boudoir.
SCÈNE IV.
VASTA, FRAPPART, UN SOLDAT.
UN SOLDAT, se jetant au devant de
la reine.
Ah! madame, arrêtez;
De fouteurs, de foutus, ces murs
sont entourés ;
L’air retentit des cris de toutes
leurs cohortes,
Le prince Fout-six-coups , campé
devant nos portes,
Pour paraître en ces lieux avec
un digne éclat,
A tous les cons, madame, a livré
le combat,
Les Carmes, les ribauds, qui
forment son armée,
Ont tous le vit bandant, et la
cotte troussée;
Ils ont foutu la garde, et ces
audacieux
Disent qu’ils veulent foutre et
la terre et les cieux.
VASTA.
J’en accepte l’augure, et je vole
à leur tête;
J ’afïronterai moi seule une
telle tempête:
Et si je tombe, ami, sous de
pareils guerriers,
A leur gloire je compte égaler
mes lauriers.
SCENE V
VASTA, FOUT-SIX-COUPS
VASTA
Approchez, Fout-six-coups ; votre
rare courage
Mérite qu’on lui rende un
éclatant hommage.
Cet air audacieux, cette noble
vigueur,
Tout fait paraître en vous un
excellent fouteur:
J ’espère l’éprouver, et vous
donner Conille;
Vit-Molet, dès ce jour, doit
oublier ma fille;
Votre nom seul, seigneur, doit le
faire trembler:
Un bougre tel que lui peut-il
vous résister?
FOUT-SIX-COUPS.
Vasta, daignez m’entendre: Avant
que l’hyménée
A votre fille, ici, joigne ma destinée,
J’ai cru sur tous les cons, sur
vous; sur mon amour,
Devoir, en vrai fouteur,
m’expliquer sans détour.
Le con n’a plus d’appas après le
mariage,
Et de changer souvent devrait
être l’usage;
Ne parlons que de foutre; et que,
dans ce palais,
L’on célèbre du con la gloire et
les attraits ;
Que le foutre à bouillons
ruissele dans les rues,
Et que le foutre en l’air s’élève
jusqu’aux nues.
VASTA.
Oui, Priape lui-même a parlé par
ta voix;
Partout où tu parais tu dois
dicter des lois.
J ’en veux donner l’exemple au
reste de la terre,
En courant à tes coups me livrer
la première:
Allez, Têtasse, allez annoncer
mes désirs, .
Et courons sur mon lit nous
livrer aux plaisirs.
SCENE VI
VIT-EN-L’AIR, TETASSE
VIT-EN-L’AIR, saisit Têtasse par le bras
Ne crois pas m’échapper, quoique
vieille, bougresse ;
Je te fous à l’instant soit en
con ou en fesse:
Vit-en-l’air n’est pas fait pour
garder le manteau;
Un tel rôle n’est bon que pour un
maquereau.
TETASSE.
Quoi, malgré ma vieillesse, et ma
large conasse,
Vous oseriez, seigneur, me foutre
sur la place!
Que le ciel vous le rende, et
comble vos souhaits ;
Je ne m’attendais pas à de
pareils bienfaits.
SCENE VII
VIT-MOLET, COUILLE-AU-CUL,
VIT-EN-L’AIR, qui veut jeter Têtasse sur un banc, est arrêté par Couille-au-cul ;
TETASSE
VIT-MOLET.
Arrêtez, insolent.
TETASSE se relève, et s'en va disant,
Que le diable t’emporte!
SCENE VIII
VIT-EN-L’AIR, VIT-MOLET
VIT-EN-L’AIR.
Eh! de quel droit, seigneur, nous
troubler de la sorte ?
Pourquoi nous interrompre en des
momens si doux,
Et pourquoi de ses bras m’arracher?
VIT-MOLET.
Taisez-vous.
D’un rival odieux Je vous crois
le complice;
Foutez le camp tous deux, ou
craignez ma Justice;
Que demain le soleil, éclairant
ces climats,
Aux murs de Bordélie ne te retrouve
pas.
VIT-EN-L’AIR
Je ne crains point, seigneur, cet
ordre téméraire;
Du prince Fout-six-coups
confident ordinaire,
Nul danger ne m’étonne, et je
brave vos coups.
VIT-MOLET
Songez à m’obéir, je le veux.
VIT-EN-L’AIR, s’en allant.
Je m’en fous
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour commenter cet article...