mercredi 26 novembre 2014

Vasta, reine de Bordélie, par Piron ? (acte I)

 


Tragédie en trois actes et en vers



VASTA, reine de Bordélie.

CONILLE, fille de Vasta.

VIT-MOLET, prince de la cour.

FOUT-SIX-COUPS, prince étranger.

 VIT-EN-L’AIR, confident de Fout-six-coups

FRAPPART, capitaine des gardes.

TETASSE, confidente de Vasta.

UN SOLDAT.

LE GRAND-PRÊTRE.

FOULE DE PEUPLE.



La scène est à Bordélie.












ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.



VASTA, VIT-MOLET, FRAPPART, COUILLEAU-CUL, GARDES.





VASTA

Oui, vous avez foutu; votre mine effrontée

Avait pour un moment occupé ma pensée;

Je croyais qu’à votre âge on était vigoureux,

Et que sans déconner on allait jusqu’à deux;

Mais puisqu’au premier coup, votre pine molasse

Malgré mes coups de cul abandonne la place,

C’en est fait, désormais vous ne me foutrez plus;

Frappart réparera tant de momens perdus.



VIT-MOLET.

De ce propos mon âme est offensée,

Car si par un hasard vous vous vîtes ratée,

Prenez-vous-en aux Dieux, qui vous firent un con

Plus d’une fois trop large et deux fois trop profond:

Le vent, qui s’engouffrait dans ce vaste édifice,

Me faisait débander au bord de la matrice;

Je me crus englouti; mon esprit s’égara;

La peur saisit mes sens, et mon vit se glaça.



VASTA.

Vous foutez-vous de moi? quelle mauvaise excuse

Osez-vous me donner ? Est-ce ainsi qu’on m’abuse?

Lorsque l’on bande bien, rien ne doit arrêter;

Mais sur un bande-à-l’aise on ne peut pas compter:

D'ailleurs vous êtes bougre, et, si j’en crois ma haine, '

A foutre un con, seigneur, vous avez de la peine;

Choisissez à l’instant ou du cul ou du con.

Réparez votre honte, et vengez mon affront:

Conille est à ce prix.



SCÈNE lI.

CONILLE, TETASSE, VIT-MOLET, COUILLE-AU-CUL, GARDES.



VIT-MOLET.

Ah! sacredieu, princesse,

Vous osez à ses yeux me taxer de mollesse;

Tu l’entends, Couille-au-cul, c’est assez m’insulter,

Punissons la perfide, et courons nous venger.



CONILLE.

Arrêtez, Vit-molet, qu’elle injuste colère!

Quoi! ce n’est pas assez d’avoir raté ma mère ?

Déployant à ses yeux votre indigne fureur,

Sans respect pour ce lieu, pour moi, pour ma pudeur,

Vous voulez nous quitter. Ah! ne passez pas outre. Eh cruel! arrêtez.



VIT-MOLET, s'en allant.

Allez vous faire foutre.



SCÈNE III

CONILLE, VASTA, TETASSE, FRAPPART.



CONILLE.

L’avez-vous entendu? Ni mes cris, ni mes pleurs

Ne peuvent l’attendrir. O comble de malheurs !

Il est perdu pour moi!



VASTA.

Foutez-vous-en, ma fille,

Assez d’autres héros prétendent à Conille.

Le prince Fout-six-coups doit paraître en ces lieux.

Rentrez dans le palais. (à Têtasse.) Vous , suivez la princesse.

Et toi, mon cher Frappart, viens foutre ta maîtresse;

Passons dans mon boudoir.





SCÈNE IV.

VASTA, FRAPPART, UN SOLDAT.



UN SOLDAT, se jetant au devant de la reine.

Ah! madame, arrêtez;

De fouteurs, de foutus, ces murs sont entourés ;

L’air retentit des cris de toutes leurs cohortes,

Le prince Fout-six-coups , campé devant nos portes,

Pour paraître en ces lieux avec un digne éclat,

A tous les cons, madame, a livré le combat,

Les Carmes, les ribauds, qui forment son armée,

Ont tous le vit bandant, et la cotte troussée;

Ils ont foutu la garde, et ces audacieux

Disent qu’ils veulent foutre et la terre et les cieux.



VASTA.

J’en accepte l’augure, et je vole à leur tête;

J ’afïronterai moi seule une telle tempête:

Et si je tombe, ami, sous de pareils guerriers,

A leur gloire je compte égaler mes lauriers.



SCENE V

VASTA, FOUT-SIX-COUPS



VASTA

Approchez, Fout-six-coups ; votre rare courage

Mérite qu’on lui rende un éclatant hommage.

Cet air audacieux, cette noble vigueur,

Tout fait paraître en vous un excellent fouteur:

J ’espère l’éprouver, et vous donner Conille;

Vit-Molet, dès ce jour, doit oublier ma fille;

Votre nom seul, seigneur, doit le faire trembler:

Un bougre tel que lui peut-il vous résister?



FOUT-SIX-COUPS.

Vasta, daignez m’entendre: Avant que l’hyménée

A votre fille, ici, joigne ma destinée,

J’ai cru sur tous les cons, sur vous; sur mon amour,

Devoir, en vrai fouteur, m’expliquer sans détour.

Le con n’a plus d’appas après le mariage,

Et de changer souvent devrait être l’usage;

Ne parlons que de foutre; et que, dans ce palais,

L’on célèbre du con la gloire et les attraits ;

Que le foutre à bouillons ruissele dans les rues,

Et que le foutre en l’air s’élève jusqu’aux nues.



VASTA.

Oui, Priape lui-même a parlé par ta voix;

Partout où tu parais tu dois dicter des lois.

J ’en veux donner l’exemple au reste de la terre,

En courant à tes coups me livrer la première:

Allez, Têtasse, allez annoncer mes désirs, .

Et courons sur mon lit nous livrer aux plaisirs.



SCENE VI

VIT-EN-L’AIR, TETASSE



VIT-EN-L’AIR, saisit Têtasse par le bras

Ne crois pas m’échapper, quoique vieille, bougresse ;

Je te fous à l’instant soit en con ou en fesse:

Vit-en-l’air n’est pas fait pour garder le manteau;

Un tel rôle n’est bon que pour un maquereau.



TETASSE.

Quoi, malgré ma vieillesse, et ma large conasse,

Vous oseriez, seigneur, me foutre sur la place!

Que le ciel vous le rende, et comble vos souhaits ;

Je ne m’attendais pas à de pareils bienfaits.



SCENE VII

VIT-MOLET, COUILLE-AU-CUL, VIT-EN-L’AIR, qui veut jeter Têtasse sur un banc, est arrêté par Couille-au-cul ; TETASSE



VIT-MOLET.

Arrêtez, insolent.



TETASSE se relève, et s'en va disant,

Que le diable t’emporte!



SCENE VIII

VIT-EN-L’AIR, VIT-MOLET



VIT-EN-L’AIR.

Eh! de quel droit, seigneur, nous troubler de la sorte ?

Pourquoi nous interrompre en des momens si doux,

Et pourquoi de ses bras m’arracher?



VIT-MOLET.

Taisez-vous.

D’un rival odieux Je vous crois le complice;

Foutez le camp tous deux, ou craignez ma Justice;

Que demain le soleil, éclairant ces climats,

Aux murs de Bordélie ne te retrouve pas.



VIT-EN-L’AIR

Je ne crains point, seigneur, cet ordre téméraire;

Du prince Fout-six-coups confident ordinaire,

Nul danger ne m’étonne, et je brave vos coups.



VIT-MOLET

Songez à m’obéir, je le veux.



VIT-EN-L’AIR, s’en allant.

Je m’en fous

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