ACTE DEUXIEME
SCENE 1.
CONILLE, seule
Quoi! je me vois réduite à
pleurer mon amant;
Vit-molet va périr! et ce fatal
instant
De Fout-six-coups, peut-être,
annonce la victoire;
Pourrai-je, Vit-molet, survivre à
ta mémoire?
Conille pourra-t-elle oublier des
plaisirs
Que toi seul faisais naître en
comblant mes désirs;
Que de fois je t’ai vu, prévenant
ma tendresse,
Me plonger tout-à-coup dans la
plus douce ivresse!
Ton doigt vif et léger, excitant
mon bonheur,
Remplaçait bien souvent ton
manque de vigueur:
A mon illusion je succombais sans
peine;
Non, rien ne pourra rompre une si
douce chaîne;
Du cœur qui te chérit rien ne
peut t’arracher:
Si tu ne sais pas foutre, au
moins tu sais branler.
On vient : de mes transports
cachons la violence.
SCÈNE 2.
CONILLE, VASTA.
VASTA, sortant de son
boudoir, en désordre,
Ah! je décharge encore, et mon
impatience
A peine à se calmer dans des
momens si doux.
Que l’on t’a bien nommé! viens,
mon cher Fout-six-coups,
Viens apaiser mes sens, satisfais
ma tendresse.
Je tombe dans tes bras. Que
vois-je? la princesse;
(à Conille.)
Que cherchez-vous , ma fille, et
pourquoi vous troubler ?
Que m’annoncent ces pleurs, et
qui peut les causer ?
CONILLE, tremblante,
Ah! maman, savez-vous... non, je
n’ose le dire,
Fout-six-coups, Vit-molet. . . .
Quel aveugle délire ?
Tous deux en ce moment... un
récit aussi long
Retarde le secours …
VASTA.
Et, foutre, parlez donc.
CONILLE.
Maman, ils sont aux mains, n’en
ayons aucun doute,
Vit-Molet va périr.
VASTA.
Et que l’aze le foute.
Dieu garde Fout-six-coups, tout
le reste n’est rien,
Périsse ton fouteur, si l’on
sauve le mien.
Et vous, Frappart, volez,
conservez ce que j ’aime;
Songez que s’il périt, je m’en
prends à vous-même;
S’il faut que Fout-six-coups soit
jamais abattu,
Les couilles je vous coupe au
rasibus du cul.
Et toi, qui pour un lâche a
montré de la crainte,
Calme ces vains transports, et
cesse toute plainte:
Pourrais-tu regretter un foutu
Vit-molet,
Sans force, sans vigueur, et
bandant sans effet ?
De ses flasques couillons que
pourrais-tu prétendre ?
S’il se lasse à bander, tu te
lasses d’attendre.
Le Grand-Prêtre paraît, il faut
le consulter;
Puisse la voix du ciel à mes vœux
s’accorder .!
SCÈNE III.
VASTA, CONlLLE, LE GRAND-PRÊTRE. .
VASTA.
Ministre des autels élevés à Priape,
O toi que je révère, et dont
l’aspect me flatte!
Vois la fille et la mère,
embrassant tes genoux;
T’implorer pour les jours de mon
cher Fout-six coups ;
Rends-moi mon prince, hélas !
LE GRAND-PRÊTRE.
Ne troublez point vos âmes,
Foutez, et taisez-vous, c’est le
devoir des femmes:
Je jure par les cons de l’univers
entier,
Par Priape, sous qui tout doit
céder, plier,
Qu’aujourd’hui Fout-six-coups,
élevé sur le trône,
Recevra de vos mains le sceptre
et la couronne.
Dussé-je être châtré, j’en ai
fait le serment,
J ’en atteste le ciel, mon vit en
est garant;
Priape néanmoius demande un
sacrifice,
Implorons de ce dieu la suprême
justice,
Et que sur ses autels, cent
bardaches tous nus,
Par cent bougres choisis à
l’instant soient foutus:
Voilà ce qu’il exige, obéissez,
princesse;
Venez, que votre main, leur
découvrant la fesse,
Aide dans ce moment le ministre
des dieux;
Pour vous y préparer,
branlez-vous toutes deux.
SCENE IV
CONILLE, seule, au désespoir
Qui? moi! pour Fout-six-coups que
mon âme déteste ?
J’implorerais un dieu dont le
pouvoir funeste
Peut accabler l’amant que mon
cœur a choisi!
Ah! périsse plutôt ce barbare
ennemi,
Qu’il soit à mes regards écrasé
par la foudre;
Puissé-je voir son vit et ses
couillons en poudre,
Voir ce lâche fouteur à son
dernier soupir,
Me foutre pour sa peine, et
mourir de plaisir!
SCENE V
CONILLE, COUILLE-AU-CUL
CONILLE.
Que vois-je ?
Couille-au-cul ? Ah ! Rassurez mon âme,
Qu’est devenu le prince ?
COUILLE-AU-CUL
Il est foutu, madame,
Cet amant malheureux, en quittant
ce séjour,
Maudissait tristement le pouvoir
de l’amour;
Étendu sur son lit, trois garces
affligées
Le branlaient lentement autour de
lui rangées;
Et ce superbe vit, qu’on voyait
autrefois
Plein d’une ardeur si noble obéir
à sa voix,
Mol, flasque maintenant, et la
tête baissée,
Semblait se conformer à sa triste
pensée:
Un effroyable bruit, et des cris
pleins d’horreur,
Portent dans tous les sens le
trouble et le terreur,
La porte, qu’à. la garde on avait
confiée,
Par mille coups de cul dans
l’instant enfoncée,
S’ébranle avec fracas, et vomit à
nos yeux
Parmi des flots de peuple un
bougre furieux ;
Son vit large et carré, dont
l’audace est extrême,
Veut foutre l’univers et Priape
lui-même:
Rien ne peut retenir ce fouteur
indompté;
Le cul qui l’aperçoit recule
épouvanté.
Vit-molet, qui le voit, fait
trois pas en arrière;
C’est Fout-six-coups, dit-il, en
tournant le derrière.
Fuyons de mon rival la barbare
fureur;
Abandonnons ce lieu à cet
usurpateur.
A peine a-t-il parlé, que Fout-six-coups
l’arrête:
Lâche, c’est vainement retarder
ma conquête,
Dit-il; et, d’une main que Priape
conduit,
Il l’abat à ses pieds, et, de
deux coups de vit,
Sans écouter ses cris, ni son
triste murmure,
Il lui fait dans le cul une large
blessure.
Pour moi, qui n’ai pu voir ce
spectacle éclatant
Sans paraître, madame, interdit
et tremblant,
J ’ai couru, j’ai volé, dans ce
moment terrible:
Puissent, les dieux, punir cet
attentat horrible!
CONILLE.
Que d’horreurs ! je succombe, et,
mon cœur abattu,
De rage et de douleur, déchiré, combattu,
Regrette cet amant, qui m’avait
su séduire.
Il a pu se laisser enculer sans
rien dire!
Oublions à jamais un si lâche
mortel,
Et, de ce pas, courons.
COUILLE-AU-CUL.
Où? princesse.
CONILLE.
Au bordel.
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