A entendre l'exposé de Marion Sigaut, on en viendrait presque à croire que Turgot fut l'instrument des grands du royaume en même temps que l'oppresseur des petites gens...
Et pour un peu, on imaginerait que ce sont les révoltes populaires d'avril et mai 75 (la guerre des farines) qui ont scellé le sort du contrôleur général...
Turgot |
A l'évidence, quand on parcourt dans le détail quelques-unes des grandes mesures qu'il a prises au cours de ce grand virage libéral (S. Kaplan parle d'apocalypse !), on comprend que le contrôleur général des finances se soit fait des ennemis. Lesquels ?
Voyons un peu le détail :
Ce privilège de vendre de la viande pendant le Carême appartenait jusque-là à l'Hôtel-Dieu, sous contrôle du Parlement de Paris...
Dans cet édit de février 1776, voici ce que disait Louis XVI des jurandes et communautés d'arts et métiers que Turgot venait de supprimer.
La suppression de la corvée, dont il est question dans ce p.v du lit de justice établi en mars 76, porta atteinte à un autre privilège fiscal.
Evidemment, ce train de mesures valut au roi les remontrances du Parlement : Dans l'assemblage formé par ces différents ordres, tous les hommes de votre Royaume vous sont sujets ; tous font obligés de contribuer aux besoins de l'Etat. Mais dans cette contribution même, l'ordre et l'harmonie générale se retrouvent toujours.
Evidemment, ce train de mesures valut au roi les remontrances du Parlement : Dans l'assemblage formé par ces différents ordres, tous les hommes de votre Royaume vous sont sujets ; tous font obligés de contribuer aux besoins de l'Etat. Mais dans cette contribution même, l'ordre et l'harmonie générale se retrouvent toujours.
Le service personnel du
Clergé est de remplir toutes les fonctions relatives à l'instruction, au
culte religieux, et de contribuer au soulagement des malheureux par
ses aumônes.
Le noble consacre son sang à la défense de l'Etat, et assiste de ses conseils le Souverain.
La dernière classe de la
Nation qui ne peut rendre des services aussi distingués, s'acquitte
envers lui par les tributs , l'industrie et les travaux corporels.
Telle est, Sire, la
règle antique des devoirs et des obligations de vos sujets. Quoique
tous soient également fidèles et soumis, leurs conditions diverses
n'ont jamais été confondues, et la nature de leurs services tient
essentiellement à celle de leur état.
Le service des Nobles est noble comme eux : Noble n'est tenu payer la taille ni faire vile Corvée, mais servir en la guerre et autres actes de noblesse.
Ces
institutions ne font pas de celles que le hasard a formées, et que le
temps puisse changer. Pour les abolir, il faudrait renverser toute la
Constitution Françoise. On peut par
la voie législative changer ce qui a été établi par elle. Mais ce
que le génie, ce que les mœurs, ce que le vœu général d'une Nation, dans
la formation pendant toute la durée d'un Empire, lui rendent
propre, ne peut être changé."
C'est à son antique
constitution que la Monarchie doit son lustre et sa gloire; c'est la
Noblesse qui en a posé les fondements, qui les a soutenus. (...)
Si l'on dégrade la
Noblesse, si on lui enleve les droits primitifs de sa naissance, elle
perdra bientôt son esprit, son courage, et cette élévation d'âme qui
la caractérise.
Ce corps, inaltérable
dans sa valeur et dans sa fidélité, ne peut souffrir de changement,
de diminution dans les honneurs et les distinctions dus à la
naissance et aux services de ceux qui le composent.
Ces distinctions, ou plutôt ces droits n'ont été méconnus dans aucun âge de la monarchie...»
Pour conclure, on se contentera donc d'abonder dans le sens d'Edgar Faure, qui disait : "la jonction de ces réformes assurait celle des oppositions. Il faisait se liguer contre lui des classes socialement très différentes : les privilégiés de l'impôt, noblesse et clergé, grands propriétaires ; les privilégiés des corporations, tous obscurs de naissance, presque toujours de petites gens..." (in La disgrâce de Turgot)
Il est grand temps de démonter l'imposture Sigaut, dont les thèses farfelues ont de plus en plus d'écho parmi les simples d'esprit de la fachosphère. Si rien n'est fait pour la contrer définitivement, elle gagnera à sa cause la majorité des internautes, y compris ceux qui ne sont pas a priori des fachos.
RépondreSupprimerL'histoire qu'elle propose, limitée au noir et au blanc, aux gentils et aux méchants, séduit inévitablement un large public. D'autre part, Marion Sigaut supporte mal d'être contredite ou prise en défaut. J'en ai fait les frais.Disons, sans trahir un secret, que ses méthodes se révèlent à l'occasion aussi détestables que celles d'un Voltaire...
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