mercredi 19 août 2015

L'éveil de Louis XV à la sexualité (2)


Désireuse de faire passer à Louis son goût pour les jeunes éphèbes, la Cour décide alors d'employer les grands moyens.
Fin juin 1724, à l'occasion d'un voyage vers Chantilly, on joint au convoi royal un sérail de 17 jeunes femmes auxquelles on confie l'impérieuse mission de déniaiser le souverain ! 
Louis adolescent
Dans son Journal de Paris, Marais dresse la liste complète de ces expertes en amour, parmi lesquelles Madame de la Vrillière, dont les talents en la matière sont connus de tous... Le lendemain du départ, le mémorialiste Barbier lance déjà les paris sur l'identité de l'heureuse élue : "On croit dans Paris qu'on va faire de grandes affaires à Chantilly ; mais le sujet véritable du voyage est très croustilleux ; on veut tâcher de donner au roi du goût pour les femmes... C'est madame de la Vrillière qui est chargée de la commission ou de le faire .... la petite duchesse d'Epernon, qui est très jolie et très jeune, ou de le prendre pour elle-même. Ce dernier sera plus aisé, car la jeune duchesse ne pourra pas faire tout ce qu'il faut pour cela, au lieu que Madame de la Vrillière, qui est jolie et qui est femme d'expérience, mènera le roi dans quelque bosquet et lui fera faire..."
De son côté, Marais rapporte le contenu des chansons qui courent au même moment dans Paris :

Sur l'issue de cette cocasse équipée, les interprétations divergent. Sans doute s'est-elle achevée par un fiasco que l'historien Jean-Christian Petitfils explique de manière fort édulcorée : "Fleury avait élevé son docile élève dans la crainte du péché et l'avait mis en garde contre la liberté de moeurs de la Cour: aucune des capiteuses sirènes venues à Chantilly déployer leurs grâces ne parvint à l'embarquer pour Cythère..."
Si l'on ignorait tout des moeurs de l'adolescent, on pourrait peut-être croire en cette image du prince vertueux. Mais en l'occurrence, cette analyse nous semble pour le moins contestable...
Un brin fataliste, Barbier nous fait néanmoins part de ses regrets :
"Il ne paraît pas qu'on ait réussi dans le dessein du voyage de Chantilly. Le roi ne songe qu'à chasser et il ne veut point tâter du.... J'avoue en mon particulier que c'est dommage, car il est bien fait et beau prince ; mais si c'est son goût, qu'y faire ? Il est en place à ne se point gêner."
Ce constat d'échec est pourtant contredit par une autre chanson de l'époque qui prétend que le jeune Louis aurait finalement cédé aux avances de la "grand-mère" (trente-six ans !!!) Madame de Vrillière.

A la fin, notre jeune roi
S’est soumis à la douce loi
Du dieu qu’on adore à Cythère,
Laire lan laire.
De dix-sept bêtes qu’il courut,
Quoique tous fussent en rut,
Il n’a choisi qu’une grand-mère.
Mais quoique l’objet de son choix
Ne soit pas un morceau de roi,
C’était la meilleure ouvrière.
Pour dresser un jeune courrier
Et l’affermir sur l’étrier,
Il lui fallait une routière ;
Aussi, depuis cet heureux jour
Tout tremble sous elle à la cour,
Tant de sa conquête elle est fière. (...)


Peu importe au fond que notre grand adolescent ait goûté ou non au plaisir dans les bras de la "meilleure ouvrière" du royaume... Il se rattrapera un an plus tard en compagnie de sa jeune épouse qu'il honora (selon ses dires) sept fois de suite au cours de la nuit de noces !
Après tant de manigances pour le ramener sur le droit chemin et le déniaiser, c'est donc la candide Marie qui aura décidé de l'orientation sexuelle du jeune Louis !
Quoi qu'en disent nos cagots, les adolescents d'aujourd'hui ont décidément bien des points en commun avec ceux d'autrefois...
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour commenter cet article...